Le 28 Avril 1973, le tout juste formé Run Rig Dance Band donnait son tout premier concert, dans une MJC des Hébrides, dans son Ecosse natale. C'était il y a 40 ans. C'était il y a un siècle. C'était il y a une éternité. En 1973, RUNRIG se voyait peut-être simplement en petit groupe voué à mettre en musique les ceilidh, destiné à parcourir tout ce que la belle Caledonia compte en pubs et en petites salles de concert. Mais ça, c'était avant que l'Histoire, la grande, celle avec un h majuscule et solennel, ne s’immisce dans la carrière balbutiante de cette bande d'amis liés par une passion commune.

40 ans plus tard. L'essentiel est toujours là. Les frères MacDonald, le cheveux grisonnants, les rides discrètes et porteuses de sagesse, les visages légèrement burinés par les bourrasques qui frappent en permanence les Hébrides, auxquelles ils sont restés fidèles. Les inamovibles Malcolm Jones à la guitare et Ian Bayne à la batterie, le désormais irremplaçable Bruce Guthro au chant, la jeune pousse Brian Hurren aux claviers, viennent compléter un line-up qui n'a pas bougé depuis 10 ans. Ensemble, ils forment RUNRIG, fer de proue et pièce-maîtresse de la scène folk-rock écossaise, source d'inspiration d'un nombre incalculables de groupes qui se prendraient bien à rêver d'un parcours similaire.

Comme il l'avait fait en 2003 pour ses 30 ans, le groupe a donc décidé de fêter comme il se doit ses 40 années d'existence en organisant un concert-événement, un show en plein air près d'Inverness, prévu pour juillet. Néanmoins, après plus de 6 ans de silence discographique, RUNRIG a décidé d'accompagner la célébration d'un single présentant un morceau inédit, « And We'll Sing ». Un titre joué à plusieurs reprises lors des concerts de 2011 et 2012, mais jusqu'alors jamais enregistré en studio. C'est désormais chose faite, ou plutôt chose fête, car il s'agit d'un bien beau cadeau que le groupe offre à ses fans.

Ballade lente et réflexive, « And We'll Sing » se fait toute discrète, en comparaison avec les ballades plus exubérantes présentes sur les derniers albums du groupe. Pour autant ce titre, introduit par le clavier de Brian Hurren, se veut particulièrement chargé en émotion. Doté d'une ambiance quasiment céleste, et se rapprochant en ce sens de morceaux tels que « The Wire » ou « In search of angels », le titre se voit porté par la voix chaude et apaisante de Bruce Guthro. Si la guitare de Malcolm Jones se fait timide, ne s'accordant qu'une discrète envolée en fin de morceau, on retrouve sur « And we'll sing » les harmonies vocales de Rory MacDonald qui font la réussite de la plupart des morceaux du groupe.

Le thème se veut également de circonstance. Écrit par Calum, le texte se fait une déclaration d'amour aux gens qui vibrent, ressentent, existent, à l'écoute de la musique du groupe. L'emploi du futur (« Et nous chanterons ») laisse paradoxalement transparaître une pointe de nostalgie, comme si le groupe, après une si longue carrière, préparait doucement et à demi-mot ses adieux. Pourtant, s'il dispose dans ses réserves d'autant de morceaux aussi convaincants que ce single, RUNRIG a de quoi s'assurer un avenir discographique placé sous le signe de la réussite. En espérant que ce titre soit un avant goût d'un nouvel album à venir plutôt qu'un ménage de fonds de tiroir, il ne reste qu'à apprécier et frémir à l'écoute de cette ballade tout bonnement superbe. Et Joyeux Anniversaire.