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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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- Style : Eddy Mitchell

Jacques DUTRONC - Guerre Et Pets (1980)
Par MARCO STIVELL le 10 Avril 2016          Consultée 3472 fois

1980, studio Ferber. Après moult péripéties dans le monde du 7ème art et au bout de cinq ans, Jacques DUTRONC se consacre de nouveau à ce qui a fait son succès mieux qu'autre chose : la musique. La période Vogue est finie ; Jacques Wolfsohn, l'ancien patron, travaille pour le label Gaumont désormais. Il propose à DUTRONC une drôle d'initiative pour relancer sa carrière : un combat des chefs, à l'écrit !

En effet, depuis les débuts, les textes étaient signés Jacques Lanzmann, mais un peu moins dans le courant des années 70, alors que Serge GAINSBOURG, nouvel ami du chanteur, était de plus en plus présent. Le marché est le suivant : GAINSBOURG et Lanzmann écrivent leurs textes sur les musiques de DUTRONC et on garde à chaque fois la version qui sonne le mieux. Néanmoins, Lanzmann finit par se retirer de la compétition assez rapidement. Il laisse deux textes à son homonyme, "Manque de tout" et "La vie dans ton rétroviseur".

Le viseur rétro était bien positionné, ça marche toujours ! Quoique répétitif, "Manque de tout" est plein de jeux de mots savoureux, au sens culinaire. Et le renouvellement marche aussi très bien : jugez plutôt : Mets ta ceinture et boucle-la / Desserre ton frein, ronge pas le mien. "La Vie dans le rétroviseur", ça sied bien à DUTRONC, l'homme mûr (quoique ?), le crooner jazz et le fan de bagnoles.

De l'autre côté, après un album élégant et magnifique en 1975, l'ami Serge, devenu Gainsbarre, et Jacques DUTRONC se lâchent comme deux gamins lubriques qui mettent des gants (L'amour c'est beau lorsque c'est sale / L'amour n'a pas b'soin d'initiales, il n'a besoin que d'initiés sur "Mes idées sales") ou qui se gaussent fort sur "L'avant-guerre c'est maintenant", totalement délirant : Si ça pète alors autant faire la bombe en se marrant / Fayots, lentilles, sardines et sauciflards / On a le cul sur de la dynamite / Comm' dit Shakespeare, mettre ou ne pas s'fair' mettre.

Le disque numéro 8 a ainsi l'infime honneur de posséder un titre parlant, de style Tolstoï lourdingue en expression plutôt que lourd en nombre de pages. Heureusement, Gainsbarre ne franchit pas ses propres limites (il le fait déjà sur ses albums !) et ne descend pas trop au-dessous de la ceinture. Il attend d'ailleurs la fin du disque pour cela, si l'on ne compte pas l'excellente "Ballade comestible" qui contient elle aussi ses métaphores culinaires, version crudités.

Miracle, le nom des musiciens apparaît enfin lui aussi ! Et ce ne sont pas les moindres : Jannick Top, Patrice Tison, Denys Lable, Jean-Pierre Batailley, Georges Rodi. La fine équipe, comme on dit. Jean-Pierre Sabar est aux arrangements, avec autrement plus de succès artistique qu'il n'en aura jamais auprès de Maxime LE FORESTIER dans les années suivantes.

Dès le début, ça claque avec "L'Hymne à l'amour (Moi l'Noeud)", qui n'a de commun avec Edith PIAF que la moitié de son titre. Musique blues 80's avec grosses guitares, boucles de synthés et production réverbérée, on y est. Par l'entremise de DUTRONC, GAINSBOURG fait pleuvoir les insultes d'abord xénophobes, ensuite sexistes, celles qui sont couramment utilisées, aussi bien à tort qu'à travers par Monsieur Tout-le-monde. Paix et amour ? Mon cul. C'est tout le message, fort efficace !

Le meilleur titre de l'album, avec le suivant, le rock fiévreux de "J'ai déjà donné" et aussi cette reprise improbable du "Temps de l'amour", jadis écrit pour Françoise HARDY et ici tourné en version futuriste/film de guerre apocalyptique absolument géniale si l'on adhère aux synthés et à l'ambiance glaciale, ce qui n'est évidemment pas le cas de tout le monde ! La belle Françoise n'y verra pas une raison pour dire "non" lors de son mariage tardif avec Jacques, l'année suivante.

Le ton plus dur et cynique de ce disque à la pochette noire permet à DUTRONC d'ancrer son identité à travers une nouvelle décennie. C'est réussi dans l'ensemble, quoiqu'il aurait pu faire mieux encore, sans doute ! On apprécie la diversité de styles chère à l'artiste, rock, blues, jazz avec cordes ou cuivres, soul/Motown, new-wave, ballade soft et même, Gainsbarre oblige, escapade en Jamaïque sur le dernier titre ska avec un saxo dingo et un clin-d'oeil évident à MADNESS. De la variété bien sentie, du rock parisien qui claque.

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   MARCO STIVELL

 
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- Jacques Dutronc (chant, compositions)
- Jean-Pierre Sabar (claviers, orchestrations)
- Jannick Top (basse)
- Denys Lable, Patrice Tison (guitares)
- Jean-Pierre Batailley, Pierre-Alain Daha (batterie)
- Georges Rodi (programmation synthétiseur)
- François Rauber (orchestration des cordes)


1. L'hymne à L'amour (moi L'noeud)
2. Ballade Comestible
3. Le Temps De L'amour
4. L'éthylique
5. J'ai Déjà Donné
6. La Vie Dans Ton Rétroviseur
7. Manque De Tout
8. Mes Idées Sales
9. L'avant-guerre C'est Maintenant



             



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