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- Style : Eddy Mitchell

Jacques DUTRONC - Joyeux Anniversaire M'sieur Dutronc (2015)
Par MARCO STIVELL le 23 Mai 2015          Consultée 3322 fois

Sorti à la fin du mois de mars dernier, ce nouvel album-hommage dédié à Monsieur Jacques DUTRONC se voit accompagné d'une émission célébrant, elle aussi, et un peu à l'avance, le soixante-douzième anniversaire de l'artiste chez lui en Corse, quelques jours plus tard. A priori oblige, on a toujours envie de dire que, pour rester poli, ce n'est pas comme si on avait besoin d'une nouvelle oeuvre de ce calibre, il en sort une tous les mois en France dorénavant.

En outre, Jacques DUTRONC n'est pas l'artiste le plus aisé à reprendre. Cela permet au moins de faire parler de lui, un des derniers grands de la chanson qui a tendance à se faire oublier (son dernier album, Madame l'existence, très beau d'ailleurs, remonte à 2003), lui qu'un certain Johnny DEPP aurait mentionné comme le premier punk de l'histoire et dont les mots bien trempés sont toujours d'actuelalité. Tendance à se faire oublier, et surtout à s'en foutre, comme depuis 1967, quand il a découvert cette maison sur les hauteurs de l'Île-Rousse, ce dont on ne saurait lui donner tort.

Beaucoup n'en diront pas de même de ce laisser-aller musical ("opportuniste" ?), la désinvolture ne justifie pas tout. Cependant, et pour rester franc, Joyeux Anniversaire M'sieur Dutronc n'est pas le pire album de la série 100 % marketing entretenue par les majors depuis quelques années. Avant toute chose, l'oeil de l'amateur se trouve attiré par une pochette et un artwork de dessinateur plutôt bien choisi, les portraits crayons des chanteurs et chanteuses figurant tous à l'intérieur du livret.

Pour les reprises en elles-mêmes, comme d'habitude, il y a à boire et à manger. C'est plus souvent du Red Bull que du nectar, et pour un véritable festin avec de l'ambroisie à volonté, on préfère se repasser les originaux, bien entendu. La plupart des interprètes présents nous laisse globalement froids, déjà en ce qui concerne leur univers propre, à commencer par le fils DUTRONC, Thomas le manouche (une passion pourtant transmise par le padre) qui pour rester objectif, se défend gentiment en dragueur 'à toute berzingue'. Notez qu'on aurait pu avoir "Les playBoys", comme dans un autre style, "Les cactus", "Et moi, et moi, et moi", mais ce n'est pas le cas.

Dans le genre de la chanson contestataire à l'esprit provocateur affûté, dont Jacques DUTRONC était un maître durant ses premières années de carrière, c'est surtout Francis CABREL qui l'emporte. Sa reprise de "On nous cache tout, on nous dit rien" version country-rock, aux guitares bien grasses, reste scolaire, mais c'est certainement ce que l'homme d'Astaffort a publié de meilleur en ce début d'année, de plus vigoureux aussi, ce qui n'est pas peu dire ! Puis, les mots bourdonnent avec férocité, dans notre monde moderne gavé d'information où le particulier s'invente une vocation d'apprenti-journaliste pour se rehausser le col.

En parlant de hargne, quand résonne "L'opportuniste", on s'aperçoit que Nicola SIRKIS a déjà perdu ce qu'il avait pu afficher (à sa manière certes) sur le "Hexagone" de RENAUD, et ce n'est pas le duo avec notre ami Jacques qui fait la différence. Sur le versant drôlerie, derrière une Annie CORDY reconvertie en chanteuse de yodel pour "L'hôtesse de l'air", on a Joey STARR qui incarne "L'idole" en y mettant ses intonations railleuses. Dommage que cela rentre dans le code du 'minimum hip-hop syndical' à raison d'un titre sur chaque album de ce genre. De même, quoi de plus téléphoné que ZAZ chantant "Il est cinq heures, Paris s'éveille" ?

Au contraire, parmi les réussites, Gaëtan ROUSSEL parvient à garder la moëlle sixties du "Responsable", ce dont on peut le remercier, qu'on l'aime ou non. Idem pour Julien DORE, malgré une couleur fortement bobo jusque dans le chant, son "J'aime les filles" ressort, bien que ce soit surtout grâce à la présence d'un gros saxophone inattendu. Les demoiselles de BRIGITTE reprennent judicieusement "Opium", tant cela colle bien à leur sensualité épidermique et à leurs robes de satin. "À la vie, à l'amour" reste l'une des plus belles chansons françaises passionnées jamais écrites, et sans égaler la prestation originale de DUTRONC, Francine MASSIANI en fait une version mignonnette. On dira que les deux tiers de cette expérience valent au moins le coup d'oreille, sans trop pousser à y revenir, mais ce n'est pas mal.

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   MARCO STIVELL

 
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1. Nicola Sirkis / Jacques Dutronc - L'opportuniste
2. Julien Doré - J'aime Les Filles
3. Gaëtan Roussel - Le Responsable
4. Zaz - Il Est Cinq Heures, Paris S'éveille
5. Joey Starr / Nathy Boss - L'idole
6. Thomas Dutronc - À Toute Berzingue
7. Annie Cordy - L'hôtesse De L'air
8. Brigitte - Opium
9. Miossec - Le Temps De L'amour
10. Francis Cabrel - On Nous Cache Tout, On Nous Dit R
11. Francine Massiani - À La Vie, à L'amour
12. Tété - Merde In France 'cacapoum'
13. Camélia Jordana - Le Plus Difficile



             



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