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- Style : Eddy Mitchell

Jacques DUTRONC - C.q.f.dutronc (1987)
Par MARCO STIVELL le 22 Mai 2016          Consultée 2720 fois

Sacré DUTRONC ! Son arrivée chez CBS/Columbia Records s'est faite en fanfare, avec le 45-tours "Merde in France", hommage au bon vieux rock'n'roll, ultra-détonnant en cette année 1984. Le chanteur a décidé de réduire la cadence de production, cette fois de manière définitive. Peut-être certains ont-ils estimé, après l'écoute de C.Q.F.Dutronc, qu'il en était mieux ainsi.

Dans les dix premiers jours de juin 1987, DUTRONC réunit quelques musiciens au Palais des Congrès et enregistre son disque, à l'exception du premier titre, "Les Gars de la narine", réalisé deux mois plus tôt à Toulon. CBS tente un coup de marketing surprenant en publiant l'album sous quatre pochettes différentes, 'pour les collectionneurs'.

Inutile de préciser qu'il n'y a pas à se ruiner pour ce qui, effectivement, n'est pas le meilleur album de son concepteur. Favorisons cette effigie de lui en Zorro sur fond jaune, ou ce choix de design en panneau Stop pour le côté marquant. C.Q.F.Dutronc peut aisément passer pour une arnaque, entre sa durée courte, le son discutable, surtout si on le découvre par l'édition CD originale, toujours en cours mais limitée aux commerces d'occasion. Sans parler de la sélection de morceaux, vaguement rock pour deux d'entre eux, fourre-tout dans son ensemble.

Pourtant, et c'est un avis très personnel, c'est également ce qui fait l'identité de ce disque 'à la va-vite', qui le place à part dans la carrière de DUTRONC. Lui qu'on a connu perfectionniste, au point de fournir un tube efficace à CBS plutôt qu'un album bâclé trois ans plus tôt, il est ici presque totalement en roue libre ! C'est ça que l'on apprécie, avant la qualité des compositions même.

Au début, et puisqu'on parlait de fanfare en intro de cette chronique, on se laisse un peu surprendre par "Les Gars de la narine", chanté en compagnie du choeur et de l'harmonie de la flotte de Toulon. On reconnaît un détournement de la chanson de Jean MURAT, vieille de quelques 55 années plus tôt et qui, elle, était à la gloire de la Marine. On reconnaît bien le style insolent de Jacques DUTRONC, d'autant plus cocasse qu'il le fait chanter à des matafs !

Ensuite, et au Palais des Congrès, soutenu par le claviériste Philippe Eidel, le guitariste Earl Slick, le bassiste Jean-Jacques Burnel et le batteur Christophe Deschamps (s'il vous plaît !), le chanteur déploie ses propres mots -il écrit presque tous les textes du disque seul- sur des morceaux improvisés comme le jazzy "Strip-Tease" (soupirs rigolos par l'actrice Alexandra Kazan), les bizarres "Beau blaireau" et "À nous deux (C.Q.F.D)".

Les mots sont d'une simplicité extrême, DUTRONC s'amuse à parler de sexe et à former des calembours pas bien finaux, un peu comme ceux de "Merde in France", tandis que les musiciens brodent autour de thèmes musicaux répétitifs. C'est la couleur particulière de l'album, à prendre ou à laisser. En plus, il y a une ambiance froidement réverbérée et les sons 80's des synthétiseurs, à faire pâlir les plus reluctants ! Nous sommes en 1987.

Les textes d'"Europe'n'Roll" et "Qui se soucie de nous ?" claquent aussi fort que leur musique blues-rock. Malgré l'absence de Jacques Lanzmann, DUTRONC s'en sort plutôt bien pour envoyer des tacles aux xénophobes et aux politiciens, tout en rappelant que c'est quand même nous qui mettons ces derniers au pouvoir. Il est d'ailleurs aidé par Etienne DAHO, pour le second morceau.

À côté, d'autres ambiances encore. Décidément inspiré par les chansons françaises de l'entre-deux guerres, après "Les Gars de la narine", Jacques revisite "Opium (Fumée de Rêve)", chantée par MARCEL'S en 1931. Ca sonne ici très funk 80's, le même genre que chez l'ami GAINSBOURG, et figurez-vous qu'il y a BAMBOU dans les choeurs. Mais ça fonctionne très bien !

L'autre classique de ce disque, c'est "Corsica", chanté en corse avec tous les musiciens d'I MUVRINI, déclaration d'amour à l'Île de Beauté -Jacques y est établi depuis longtemps, il a même parfois employé des musiciens insulaires- et à la mélodie caressante. On reconnaît bien le son I MUVRINI de l'époque. En écho, on trouve "Sainte Suzanne", instrumental inattendu en fin d'album, où DUTRONC siffle sur des nappes de claviers, reprenant l'air des "Gars de la narine". Couleurs méditerranéennes, très joli.

Un disque surprenant -il s'en passe des choses, en trente minutes à peine !-, loin d'être un chef-d'oeuvre, mais qu'on ne peut reléguer aux oubliettes par simple exigence de fan. Et puis à sa sortie, C.Q.F.Dutronc se vend comme des petits pains. La voix de DUTRONC, désormais quadragénaire, commence légèrement à accuser le coup de certaines dépendances qui appartiennent à son quotidien. Mais pour sûr, il n'a pas fini de nous étonner !

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Jacques Dutronc (chant)
- Christophe Deschamps (batterie)
- Jean-Jacques Burnel (basse)
- Philippe Eidel (claviers, synthétiseurs)
- Earl Slick (guitares)
- Arnaud Devos (percussions)
- Patrice Catalini (contrebasse sur 4)
- Bobby Rangell (saxophone soprano sur 6)
- Alain Labacci (choeurs)
- Jean-Pierre Pouret (choeurs)
- Slim Batteux (choeurs)
- Musique Des équipages De La Flotte De To
- Julien Jansen (chef de musique)
- Bambou (choeurs)
- Alexandra Kazan (voix)
- I Muvrini (choeurs)


1. Les Gars De La Narine
2. Europe 'n' Roll
3. À Nous Deux (c.q.f.d.)
4. Corsica
5. Qui Se Soucie De Nous
6. Beau Blaireau
7. Strip-tease
8. Opium
9. Sainte Suzanne



             



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