En septembre 1986, Cliff Burton meurt, terrassé par la Grande Faucheuse sur une route de Suède suite à un tragique accident de bus, en plein pendant la tournée de l'album Master Of Puppets. Là encore, tout a été dit à ce sujet, des livres entiers ont été écrits, et je ne vois pas trop ce que je pourrais ajouter à toute cette somme de papier.
Toute la problématique du METALLICA de l'ère "post-Burton" va donc résider dans le fait de savoir si le groupe a réussi à faire mieux sans lui.

Nous pouvons être sûrs d'un point : il y a, dans la discographie de METALLICA, un avant et un après la mort de Cliff Burton. Jason Newsted, remplaçant de Cliff à peine sorti de l'oeuf, tout juste connu pour quelques héroïques faits d'armes thrash avec FLOTSAM AND JETSAM, écope donc dès le début de sa carrière chez les Four Horsemen d'une tâche ingrate et quasiment insurmontable. À défaut de faire aussi bien que Cliff sur le quatrième album de 1988, Jason sera donc pendant un temps contraint de faire de la figuration, et on s'en rend compte assez rapidement à l'écoute d'And Justice For All, où la basse est quasiment inaudible.

Mais en 1988, METALLICA a la rage, METALLICA a besoin d'exorciser sa douleur. Pour ce faire, Lars et James nous livrent un album froid et clinique, à la pochette blanche, aux compositions très complexes, plus alambiquées encore que ne l'étaient déjà celles de Master Of Puppets. Après, on aime ou on aime pas certains passages ("One" m'a ainsi toujours laissé relativement indifférent), mais on ne peut nier qu'un génie bienveillant s'est penché sur ces petits insolents de METALLICA en 1988. And Justice For All, monument de thrash technique, aux riffs thermonucléaires et aux rythmiques dignes d'une cohorte de chars Panzer, est peut être l'un des plus grands albums de metal qui soient. Le groupe en est à peine à son quatrième album et voilà déjà un quatrième chef d'oeuvre, ça commence à devenir un peu alarmant, tout ça...

La Justice pour Tous est le début d'une nouvelle ère, certes, Cliff n'est plus là et désormais le groupe va ressentir le besoin d'évoluer pour passer à autre chose. Ce qui débouchera évidemment sur le fameux Black Album trois ans plus tard. En attendant, METALLICA achève les années 1980 avec son album le plus violent, le plus sombre, et peut être aussi le plus fidèle à ses origines. Un superbe épitaphe à Cliff, en somme.

Un chef d'oeuvre absolu.