Mais que dire encore sur cet album ayant fait couler tellement d'encre ?

On a déjà tout entendu : le deuil, le son sec comme un coup de trique, étouffant et oppressant. La basse, absente, totalement occultée par la batterie de Lars au son étrangement métallique et résonnant (ça ne s'arrangera pas au fil des années). La pochette superbe, les textes rageurs et emplis de douleur, les compositions alambiquées et étirées mais cohérentes et inspirées. La performance monstrueuse de James au chant et à la guitare rythmique, les trois membres d'origine soudés comme jamais avec un Kirk cette fois totalement au diapason de ses complices. Oui, tout cela vous le savez déjà.

Ce qu'on dit moins, alors que moi-même j'ai au début été intimidé par la durée et la lourdeur de l'opus, c'est combien il est également proche de ses deux aînés, Ride The Lightning et Master Of Puppets. La construction en est en effet quasi similaire : le titre speed en intro, l'éponyme gorgé de riffs et de breaks, le tempo medium puis la 'Ballade', et la seconde face un peu moins formatée contenant tout de même le désormais classique instrumental (cette fois c'est "To Live Is To Die" au titre qui fait penser à un James Bond). Nuance cependant ce sont neuf titre et non pas huit qui nous sont ici proposés, pour une durée d'album de 'seulement' 10 ' de plus que sur le disque précédent.

Malgré ces similitudes, And Justice For All est et restera un album totalement à part dans la discographie des Californiens : 9 titres superbes, quasi-homogènes en qualité mais ne comportant pas de tueries ultimes comparable à celles des précédents opus. Allez, je mets en avant "Blackened", "And Justice For All", "One" et "The Frayed End Of Sanity" mais pas de très loin devant les autres titres.
L'impression générale est que le groupe a cette fois tellement trituré, étiré et malaxé son Thrash qu'il en a tiré la quintessence et que plus rien ne sera désormais comme avant.

La suite de sa carrière allait nous confirmer cette impression : Metallica a épuisé son élan de jeunesse et va désormais passer à un nouveau stade de maturité avec la réussite puis la débâcle que l'on connaît.