A part l'album blanc des Beatles, on ne peut pas dire qu'il y ait dans l'histoire de la musique beaucoup de doubles albums-concepts qui remportent les faveurs de tout le monde : Tommy et Quadrophenia des Who, The Wall des Pink Floyd, The Lamb Lies Down on Broadway de Genesis et j'en passe, en n'oubliant pas pour la musique celtique la Symphonie Celtique d'Alan Stivell et le présent Le Vaisseau de Pierre de Tri Yann. Ce dernier est au même titre que certains, considéré comme trop "copieux", autant qu'ambitieux. Le simple fait que cela sonne quelque peu "progressif", avec des morceaux qui se suivent, des changements de thèmes et ruptures de rythme toutes les trente secondes, tout cela à de quoi faire facilement fuir.
Pourtant, et ce n'est pas tant pour le côté progressif (si toutefois c'en est), mais au même titre que les autres suscités, Le Vaisseau de Pierre est un sacré album... Le diamant noir de la discographie de Tri Yann, sans doute de loin le plus exigeant, mais aussi l'un des plus passionnants et ce ne sont pas les quinze ou vingt écoutes requises pour être apprivoisé qui viendront palier à ça. Franchement, à part les cuivres sur le funky "Les Guerriers d'une Nuit", je ne trouve absolument rien à redire concernant la qualité de l'ensemble. Thèmes folk celtiques, rock et FM années 80, synthétiseurs très marqués, batterie tout à tour acoustique et électronique, guitares folk jolies et électriques puissantes... Et le tout tient la route de bout en bout. Historiquement, Le Vaisseau de Pierre marque le départ définitif de Christian Vignoles et l'arrivée de Louis-Marie Séveno. De plus, c'est la première fois que les trois Jean sont plus présents au chant que pour n'importe quoi d'autre dans l'instrumentation.
Pas le meilleur de Tri Yann, mais d'une qualité tout à fait à la hauteur de son ambition.

Note réelle : 4,5/5