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MUSIQUES TRADITIONNELLES  |  STUDIO

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TRI YANN - Portraits (1995)
Par CHIPSTOUILLE le 17 Août 2006          Consultée 11219 fois

Il y a des pochettes d'album comme celle-ci qui marquent. Elle représente un vieil homme au regard décidé, une photo qui ne cache pas son âge, qui paraît à la fois si simple et si compliquée. C'est ce portrait au premier abord banal qui accompagne le onzième album des TRI YANN du même nom. Le groupe est 'revenu en force', plus en forme que jamais, fort de ses concerts innovants, mêlant folklore, contes et musique. Fini les expérimentations plus ou moins heureuses, les TRI YANN sont attendus de pied ferme par une nouvelle génération de fans et, comme les trois Jeans sont généreux, ils ne décevront pas leur public.

Le son s'est raffermi, les instruments traditionnels reprennent le pouvoir, le feeling folklorique est de nouveau au rendez-vous, le côté moderne reprenant alors sa place de simple éclaireur. Portraits est à ce titre une sorte de retour aux sources, une maturation évidente d'un trop plein d'idées : l'album de la consécration (de nouveau). La guitare électrique de Jean-Luc Chevalier agit alors comme un mortier pour remplir les vides sonores et soutenir le tout, plutôt que de survoler trop fort un certain creux artistique. Louis-Marie Séveno a préféré exceller dans le violon plutôt que de nous ressortir trop souvent sa basse, de même Gérard Goron révisera sa technique de fûts pour qu'on le remarque juste ce qu'il faut, sans surplus. L'ensemble devient du coup plus cohérent qu'un certain Belle et Rebelle, et Portraits, à l'image des albums de la période faste du groupe (de La découverte ou l'Ignorance à Café du Bon Coin), est en conséquence un album qui ne vieillira pas. Le tout fut enregistré dans une abbaye, le côté religieux des lieux dut donner des ailes aux musiciens, qui rétablissent ici le succès d'un groupe qui s'était quelque peu égaré en chemin.

Dans nos oreilles, une galerie de portraits, des vies qui ont touché nos compères bretons, des histoires de destins brisés ("Madeleine Bernard"), de héros martyr ("Goulven Salaün"), d'homme politique de bonne foi se cassant les dents sur le 'système' (Olivier Herry) et de filles nobles sacrifiées au bon plaisir du Roi français pour la pérennité de leur 'pays' (la fameuse "Anne de Bretagne", qu'on ne remerciera jamais assez d'avoir fait en sorte qu'il n'y ait pas de péages d'autoroute en Bretagne...). Derrière ces quelques noms pour la plupart peu connus, se cachent quelques histoires passionnantes du monde celte, de la révolte des Penn-Sardin (les femmes et filles qui travaillaient dans les conserveries de Douarnenez) aux grandes batailles menées par les Irlandais contre les Vikings (L'acoustique tribal "Brian Boru").

Portraits est bourré de titres aux thèmes avenants et variés, dignes de la 'grande époque' des TRI YANN, forgés dans un très bon Pop-rock celtique très bien exécuté. On retrouve quelques instrumentales à l'image de l'album Café du Bon Coin, comme ce superbe "Gerry Adams" virevoltant dans un style irlandais. Des titres comme "Arthur Plantagenest" sont bercés dans le côté médiéval, à l'image de ce que propose le groupe MALICORNE, imprégné des lieux de l'enregistrement. Le meilleur reste sans conteste possible le superbe "Aloïda" où l'on retrouve le thème du "Déserteur" de MALICORNE ici crédité d'Anonyme (ce qui n'était pas le cas chez les Yacoub, mais qui a raison?) le chant prévaut encore chez le groupe Breton et la partie se termine sur un superbe choeur en canon. L'instrumentale "Anne de Bretagne" toujours imprégnée de cette aura médiévale, achève alors les festivités. Si l'album s'était clôs sur ces notes, il nous aurait suffi d'applaudir un retour-aux-sources réussi mais peut-être trop timide (à l'image du futur Pélégrin, sans son défaut de longueur).

Revient alors à grands pas ce visage qui nous toise depuis le début de l'album, : Guillaume Seznec, le 'Dreyfus des Bretons' revient alors 24 ans après avoir été condamné au Bagne à perpétuité, sans preuve, sans cadavre, voire sans crime et sans victime. Les TRI YANN ont voulu raconter à leur manière l'histoire de cette injustice. "Le voyage" narre alors les péripéties de Guillaume Seznec et Pierre Quémeneur (qui disparaîtra sans laisser de traces) dans une auto hors d'usage depuis Morlais vers Paris. Les instruments à vent se chargent alors de donner cette impression d'acoustique 'usine à gaz' digne d'une vieille bagnole rafistolée, le tout dans un superbe thème. La pièce maîtresse de ce spectacle poignant se vitrifie dans "Le procès" qui se joue sur un thème rythmé, quelques arpèges liant un chant épique accompagnés régulièrement de divers instruments solistes tout au long d'un morceau-fleuve absolument fantastique, l'un de mes favoris du groupe.

Dans ce concept, les TRI YANN ont pris le pari osé d'inclure la lecture du dernier échange par missives entre Seznec et son épouse. Pari gagné puisque le texte suffisamment court s’intègre au concept et introduit de très belle façon un titre sombre et chargé en émotion: "Le bagne". "La délivrance" constitue enfin le réveil d'une musique chargée d'amertume mais allant toujours de l'avant, traînant dans son sillon un concept au thème fort portant vers le haut ce superbe album. On dénoncera peut-être une petite ombre au tableau, la seconde prise de risque du groupe s'incarnant dans la complainte "Seznec est innocent" écrite en 1932 par François STEPHAN. Si l'écriture est sans reproche, la mélodie empreinte du style –français- de l'époque a tendance à trop tourner en rond.

Mais qu'importe la légère faute de goût vite excusée par le choix du concept fort. Dans la globalité Portraits constitue assurément la confirmation que TRI YANN est un groupe qui sait manier le verbe, choisir ses instruments et arranger une mélodie (lorsqu'il ne s'agit pas simplement de la composer comme celle du "voyage"). Cet album marque également, à mon plus grand regret, le début d'une période peu féconde en terme d'albums pour le groupe. Il nous reste tout de même ce magnifique Portraits(fi], celui de la seconde génération, témoin indiscutable que le groupe méritait bel et bien qu'on lui accorde une seconde chance, qu'il a su attraper au vol. Merci messieurs pour ce moment mémorable.


NB: la révision du procès de Guillaume Seznec aura - ENFIN - lieu le 5 Octobre 2006, la cour de révision pourra alors éventuellement annuler la condamnation ou rejeter la demande, après le combat acharné de trois générations de Seznec.

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MALICORNE
Almanach (1976)
Ca aurait du s'appeller génialissimicorne

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TRI YANN
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Ye jacobites by name, lend an ear, lend an ear

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   (3 chroniques)



- Jean Chocun (lead vocal)
- Jean-paul Corbineau (lead vocal)
- Jean-louis Jossic (lead vocal, bombarde, chalémie, psaltérion, cromor)
- Gérard Goron (vocaux, batterie, percussions, mandoloncelle)
- Louis-marie Séveno (vocaux, basse, violon, rebec, dulcimer électrique,)
- Jean-luc Chevalier (guitares acoustique et électrique)
- Christophe Le Helley (vocaux, veuze, flûtes médiévales, flûte à bec, tin)


1. Marie-camille Lehuédé
2. Madeleine Bernard
3. Gerry Adams
4. Arthur Plantagenest
5. Gouleven Salaün
6. Olivier Herry
7. Brian Boru
8. Aloïda
9. Anne De Bretagne
- guillaume Seznec
10. Le Voyage
11. Le Procès
12. L'adieu
13. Le Bagne
14. La Délivrance
15. Seznec Est Innocent!



             



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