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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  VHS/DVD/BLURAY

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GRATEFUL DEAD - Long Strange Trip (2017)
Par SASKATCHEWAN le 1er Décembre 2017          Consultée 2408 fois

Il faut avoir un certain courage pour se risquer à faire un film sur le GRATEFUL DEAD. Outre la complexité du parcours du groupe, le réalisateur qui se lance dans l’aventure a comme public potentiel une armée de fans monomaniaques, les Deadheads, prêts à descendre en flamme toute atteinte au dogme. Aussi n’est-il pas étonnant de retrouver l’un d’entre eux aux manettes de la série documentaire produite par Amazon*¹ : Long Strange Trip. Le kamikaze en question, Amir Bar-Lev, a une filmographie assez conséquente derrière lui, dont The Tillman Story, un documentaire primé au festival de Sundance. Il se trouve que sur son temps libre, c’est aussi le genre de personnes qui compare entre elles les centaines de versions d’« Athea » ou de « Stella Blue » jouées en concert par le GRATEFUL DEAD. Ne le jugeons pas.

Le premier épisode est conforme à tout ce que l’on pourrait attendre d’une hagiographie du GRATEFUL DEAD, avec Garcia et Hunter qui se font des mamours dans la Californie des années 60, les apparitions de Bob Weir, de Pigpen, de Phill Lesh et de toute la bande. On découvre (ou redécouvre) la passion de Jerry Garcia pour le bluegrass, Jack Kerouac et le monstre de Frankenstein. Le film n’oublie pas de brosser le tableau de la communauté hippie de Haight-Ashbury à San Francisco et des soirées Acid Test de l’écrivain Ken Kesey. Rien que du très classique.

Les présentations faites, la série prend un tour plus intéressant, en s’éloignant du simple récit chronologique. La caméra s’attarde beaucoup plus sur les hommes que sur les événements, dans une galerie de portraits hauts en couleur. Hormis la figure centrale (voire christique ?) de Jerry Garcia, on croise la route des roadies, des managers, des fans anonymes ou célèbres. L’épisode 2 est presque entièrement centré sur Sam Cutler, qui a géré les tournées du GRATEFUL DEAD entre 1970 et 1974. Avant cela, le Britannique avait officié sur la tournée américaine des ROLLING STONES en 1969, où il a vécu la tragédie d’Altamont aux premières loges, et même été déclaré responsable du fiasco par certains commentateurs de l’époque. Dans Long Strange Trip, il apporte un regard parfois critique, parfois bienveillant, mais surtout désabusé sur l’évolution du phénomène GRATEFUL DEAD.

Plus proche du groupe, le portrait de Pigpen est particulièrement émouvant. Le chanteur blues du DEAD, mort en 1974 à seulement 27 ans, n’était pas trop en phase avec les délires acides du reste de la bande. Son addiction à lui, la bouteille, était bien plus « classique ». Dans un registre plus léger, le réalisateur, aidé par Bob Weir, est parvenu à arracher quelques mots à l’insaisissable parolier Robert Hunter. Le temps pour le poète bougon de faire comprendre que ses textes se suffisent à eux-mêmes.

Histoire du groupe, personnalités qui gravitent autour, tout cela, en fin de compte, c’est de la nourriture pour les fans. Le point fort du film se situe ailleurs, là où réside tout son intérêt pour ceux qui ne sont pas des Deadheads acharnés. A l’image de Some Kind of Monster, le docu tourné sur les difficultés de METALLICA pendant l’enregistrement de Saint Anger, Long Strange Trip est avant tout une réflexion sur le pouvoir destructeur de la célébrité, des addictions, et sur le rôle de la création artistique dès lors que l’on parle d’« industrie musicale ». On assiste à la lente descente aux enfers de Jerry Garcia, idolâtré malgré lui par des milliers de personnes, prisonnier de la notoriété, des dizaines d’emploi qu’il génère, de sa passion pour son instrument aussi.

Quand le succès redevient vraiment énorme avec la sortie d’In the Dark en 1987, les membres du groupe semblent totalement dépassés par les événements. Phill Lesh avoue détester les concerts dans les stades et la santé du claviériste Brent Mydland part en lambeaux. Le GRATEFUL DEAD finit même par demander à ses fans de ne plus se rendre aux concerts s’ils n’ont pas de ticket, car les fêtes en marge des salles et des stades prenaient des proportions inquiétantes. Peine perdue.

La drogue est bien sûr au centre des six épisodes de la série. L’ingénieur du son Owsley « Bear » Stanley, par exemple, finançait ses expériences sur la sono des concerts grâce à l’argent de son trafic d’acide. En 1974, un conflit agite les coulisses des tournées entre les amateurs de cocaïne et les partisans du LSD. Si tout commence comme une expérience de perception dans les soirées Acid Test des années 60, les psychotropes finissent par dévorer le groupe de l’intérieur, et plus particulièrement son leader Jerry Garcia. L’héroïne achève de lui ruiner la santé dans les années 80, et il meurt en 1995 à seulement 53 ans.

Quand les dernières notes de « Ripple » résonnent à la fin du générique, on ne sait plus trop si l’on doit rire ou pleurer. C’est l’histoire d’un groupe qui jouait avant pour se faire plaisir, qui avait choisi de donner le meilleur lui-même en concert, et qui représentait une certaine idée de la liberté, de la générosité. Mais, dans GRATEFUL DEAD, il y a « mort », une mort omniprésente qui plane sur toute la carrière du groupe, et qui a fini par avoir raison de lui. Une destinée humaine, trop humaine, à laquelle Long Strange Trip rend parfaitement justice.


*¹ Les six épisodes de la série ne sont malheureusement disponibles en VOSTFR que sur la plateforme vidéo d’Amazon Prime. Le GRATEFUL DEAD a décidemment le don de s’empêtrer dans les combines les plus foireuses. En attendant le DVD, piquez les identifiants d’un ami.

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- Amir Bar-lev (réalisateur)


1. It's Alive
2. This Is Now
3. Let's Go Get In The Band
4. Who's In Charge Here?
5. Dead Heads
6. It Becomes Everything



             



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