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ROCK PSYCHÉDÉLIQUE  |  STUDIO

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GRATEFUL DEAD - Anthem Of The Sun (1968)
Par SASKATCHEWAN le 6 Avril 2019          Consultée 2716 fois

Peu à peu, le Mort reconnaissant prend forme. Si, en cette fin d’année 1967, le claviériste Tom CONSTANTEN n’est pas encore un membre officiel, les sessions d’enregistrement d’Anthem of the Sun sont l’occasion d’introniser un second batteur : Mickey HART. La nouvelle composition du groupe témoigne de la dimension prise par sa musique en concert. La section rythmique prend de plus en plus de place, les sonorités étranges font monter le « wall of sound » du DEAD brique par brique, et la consommation d’acide devient une voie d’accès presque obligée vers une musique toujours plus alambiquée.

Pour Jerry GARCIA et sa bande, le problème se pose en ces termes : comment restituer sur disque l’atmosphère inimitable de leurs concerts ? Après le départ de leur producteur Dave Hassinger, excédé par le temps pris par l’enregistrement du nouvel album, le DEAD décide de tenter une expérience inédite. Puisqu’il semble impossible de sonner en studio comme en concert, Anthem of the Sun sera une somme des deux éléments, un vaste assemblage de performances en direct et d’enregistrements nouveaux. De l’automne 1967 au printemps 1968, c’est toute la dernière tournée américaine qui passe sur la table de mixage, tandis que les membres du groupe passent chacun leur tour en studio. Il en résulte un immense collage aux sources quasi inidentifiables, un ovni de rock psychédélique aperçu pour la première fois dans le ciel terrestre en juillet 1968.

L’album s’ouvre sur une suite, « That’s it for the Other One », qui résume à elle seule les qualités et les défauts de la dernière livraison du DEAD. Les mélodies immédiates du premier album sont toujours bien présentes, et en nombre, mais parfois trop noyées dans les expérimentations incessantes des deux guitaristes. La section rythmique renforcée accentue encore un peu plus l’aspect dansant de la musique du groupe. Mais dès le premier break, on aperçoit l’écueil qui menace le collage grandiose de Jerry GARCIA et Phil LESH : la technologique de l’époque n’est tout simplement pas à la hauteur. Le son fluctue étrangement, on passe d’un grain clair à un brouhaha grésillant ; les couches s’empilent sur les unes sur les autres parfois sans grande cohérence.

Comme si « That’s it for the Other One » n’était qu’un coup d’essai des ingénieurs du son, ce déséquilibre entre prises de concert et prises de studio s’arrange par la suite. « New Potato Caboose », son orgue et ses chœurs de messe, exploitent à fond la veine mystique du GRATEFUL DEAD. Les incantations à grands renforts de clochettes succèdent aux fulgurances rock les plus aventureuses. Anthem of the Sun ne se départ jamais de son côté « jam bordélique », pour le plus grand plaisir des amateurs de rock multiforme.

A la veille des tournants hard rock et progressif, la formation de San Francisco semble vivre dans un monde à part. Le blues est toujours un ingrédient fondamental (écoutez « Caution (Do not Stop on Tracks) »), les paroles sont complètements délirantes, et le folklore du Sud cohabite avec la contre-culture de la côte ouest sans faute de goût. Le sommet de l’album « Alligator », rivalise de créativité avec les meilleurs moments du Live/Dead de 1969. Ça kazoote dans tous les sens, ça pianote, la guitare donne tout ce qu’elle a… dommage que le mixage de la voix soit un peu en retrait par moments (d’autant plus que les paroles méritent d’êtres entendues).

Pas à pas, le GRATEFUL DEAD se rapproche de son sommet artistique. Sur Anthem of the Sun, le groupe n’a pas encore trouvé la solution à ses problèmes d’enregistrement, et canalise finalement assez peu son exubérance. Pour faire mieux qu’un très bon album, il manque encore trois éléments : un enregistreur seize pistes, Tom CONSTANTEN et un peu plus de mélodies. Tout cela, c’est pour 1969…

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   SASKATCHEWAN

 
   MARCO STIVELL

 
   (2 chroniques)



- Jerry Garcia (guitares, guitare solo, kazoo, vibraslap, chant)
- Bob Weir (guitares rythmique, acoustique, 12 cordes, kazoo,)
- Ron Mckernan (orgue, claviers, célesta, chant)
- Phil Lesh (basse, trompette, piano, clavecin, guiro, kazoo, c)
- Mickey Hart (batterie, percussions)
- Bill Kreutzmann (batterie, percussions)
- Tom Constanten (piano, prepared piano, électronique)


1. That’s It For The Other One
2. 1) Cryptical Envelopmen
3. 2) Quadlibet For Tender Feet
4. 3) The Faster We Go, The Rounder We Get
5. 4) We Leave The Castle
6. New Potato Caboose
7. Born Cross-eyed
8. Alligator
9. Caution (do Not Stop On Tracks)
10. Alligator (bonus, Live)
11. Caution (bonus, Live)
12. Feedback (bonus, Live)



             



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