A ce jour, il existe deux collections de concerts du GRATEFUL DEAD, en complément de la quantité sortie directement par le groupe. Trente-six volumes de Dick's Picks et trente-deux de Dave’s Pick’s, sans oublier les dix-sept coffrets de la série Road Trips. La première question qui peut venir logiquement à l’esprit est pourquoi parler du dernier sorti chez Dave (le numéro 32) et pas des autres, et aussi pourquoi ne pas commencer par le début ?

Déjà, les séries ne sont pas par ordre chronologique, ainsi pour les Dave’s, il en sort quatre par an en février, mai, août et novembre, uniquement disponible sur le site du groupe et en édition limités (20.000 pour le 32) et qui couvre la longue carrière du groupe en ordre dispersé. En plus David Lemieux (l’archiviste) dispose certes d’enregistrements considérables, mais tous ne sont pas exceptionnels. Jerry Garcia estimait, que parfois, 80% des improvisations d’un show étaient à mettre à la benne, en cela il était donc plus exigeant que ses deadfreaks.

Certes chacun a "sa" période préférée du groupe, pour moi, elle se situe entre 1972 et 1976 quand une forme de synthèse s’effectue avec le côté psychédélique de Dark Star, les classiques revisités à la sauce du groupe "Johnny B. Goode", "Me and Bobby McGee", "El Paso", "Big River" et leurs propres compositions "Tennessee Jed", "Jack Straw", "Playing In The Band", "Here Comes Sunshine" qui deviennent de véritables signature-songs et constituent le socle de leur répertoire scénique.

Ce show du 24/03/1973 à Philadelphie se situe à un moment particulièrement important de la longue histoire du groupe. Pig Pen (Ronald McKernan) l’organiste, et membre fondateur est décédé le 8 mars 1973 et même s’il a déjà quitté la formation, officiellement après la tournée européenne de 1972, sa disparition marque profondément les autres musiciens. Certes Keith et Dona Godchaux sont déjà intégrés depuis longtemps dans le line-up (respectivement depuis octobre et novembre 1971) mais l’importance de Pig Pen dépassait largement son statut de musicien. Ce n’est pas le premier concert joué depuis la mort de l’organiste, car trois autres ont déjà eu lieu au Nassau Veterans Memorial Coliseum, à Uniondale les 15,16 et 19 mars, et deux au Memorial Auditorium, à Utica les 21 et 22 mars, mais celui de Philadelphie est le plus intense, le plus émouvant des onze concerts qui constituent le Spring East Coast Tour.

Aussi, le show de Philadelphie est construit comme un éloge musical à sa mémoire et l’émotion est palpable dans plusieurs morceaux, entre hommage et volonté de donner le meilleur d’eux –mêmes. Et quand le groupe est motivé il tutoie les sommets, proposant une set-list incroyable avec en apothéose la fin du show avec successivement "Dark Star"/ "Sing Me Back Home" (particulièrement poignant), "Sugar Magnolia" et une version de "Johnny B. Goode" qui est un véritable velours. Mais les trois CD (presque quatre heures de musique) se déroulent comme dans un magnifique rêve, avec des versions dantesques de "Here Comes Sunshine", "Me and Bobby McGee", "Playing In The Band".

A noter aussi le mixage HDCD par Jeffrey Norman qui assure une qualité de son exceptionnelle pour un enregistrement réalisé en 1973.