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GRATEFUL DEAD - Wake Of The Flood (1973)
Par MARCO STIVELL le 9 Septembre 2022          Consultée 1049 fois

En 1973, GRATEFUL DEAD est sorti de sa période classique. Ron McKernan dit 'Pigpen', membre fondateur et figure d'avant-scène, meurt d'une hémorragie intestinale au début de l'année. Le poste de claviériste sera dès lors toujours le plus souvent disponible, le seul même, au sein de ce groupe si stable ; et encore, même là, jusqu'au terme des festivités durant les années 90, que ce soit Keith Godchaux ou Brent Mydland, chacun aura ses habitudes bien ancrées ! Godchaux injecte donc, comme on pouvait l'entendre sur Europe '72, les influences jazz ou blues très savant venues remplacer le r'n'b chemise à carreaux et diable au corps de Pigpen. De toute évidence, le nouveau claviériste, mis à part au piano, est plus discret.

Natif de Seattle, ayant joué beaucoup de jazz et de country en tant qu'accompagnateur, il rencontre Donna Jean Thatcher, fille d'Alabama où elle a d'ailleurs travaillé pas mal aux célèbres studios Muscle Shoals, un des temples musicaux du Vieux Sud. Donna Jean devient Mme Keith Godchaux et, parce que GRATEFUL DEAD est un nom qui symbolise l'enthousiasme à toute épreuve, se voit elle aussi engagée. Une femme, la seule de l'histoire du groupe. Et tout de même, avouez que c'est assez savoureux de combler le manque d'une bête de scène de type mâle par un couple rangé ! Autre grand changement : le groupe est libéré de son contrat avec la Warner. Plutôt que de chercher une autre major, il tente l'autoproduction, en ayant recours à l'association United Artists pour la distribution. L'expérience ne dure que le temps de trois albums, tous rendus indisponibles à la vente ensuite pendant longtemps.

Wake of the Flood est le premier effort du GRATEFUL DEAD nouveau, injustement boudé par ceux qui relient ce nom et ce groupe irrémédiablement au LSD, sans parler d'autre chose, et aux voyages hallucinogéniques de la fin des années 60. Le groupe lui-même se sent un peu à l'étroit dans le confort des studios (Record Plant à Los Angeles de surcroît, autre temple américain !), en reprenant simplement des chansons jouées sur scène depuis l'arrivée de Keith puis Donna Jean Godchaux, et en sachant très bien qu'il doit formater le tout. Certes, il l'a toujours fait, mais ce disque-là, aux côtés d'Anthem of the Sun voire d'American Beauty, sonne clairement plus proche de ce qu'attend un amateur de pop. Le mot n'a rien de déplaisant, même en ce qui concerne GRATEFUL DEAD car là aussi, ce qu'il fait, il le fait bien et à sa façon. Les singles échouent comme tentatives de tube, mais le 33-tours grimpe au top 20, mieux que les précédents efforts, jalon d'un succès futur toujours ponctuel malgré les aléas, étalé dans le temps.

Jerry Garcia, en collaboration avec Robert Hunter, se taille une nouvelle fois la part du lion dans l'écriture, mais Bob Weir, qui s'est lancé en solo l'année précédente, veut de plus en plus son mot à dire et l'obtient, avec la bénédiction des autres. La "Weather Report Suite", longue de presque 13 minutes, lui permet même de faire des sollicitations extérieures : une section cuivres et, aux paroles, pour les deux parties différentes, on rencontre John Perry Barlow, poète et engagé politiquement, ainsi qu'Eric Andersen qui a écrit pour d'autres grands noms de l'americana, comme Johnny CASH, Bob DYLAN ou Linda RONSTADT. Sur cet album, GRATEFUL DEAD s'autorise plusieurs invités et s'offre une pochette splendide, très évocatrice du titre (comme lui-même de la tragédie des inondations à Vanport, Oregon en 1848). Elle est signée Rick Griffin, le même que pour Aoxomoxoa (ainsi que les futurs Reckoning et Dylan & the Dead) mais avec beaucoup moins de couleurs vives au profit d'une inspiration biblique (il s'est rapproché de Dieu trois années plus tôt).

Chansons hétéroclites mais avec un fond conceptuel, les sept proposées ici sont des petits bijoux à ne point sous-estimer. Cela vaut aussi pour Keith Godchaux et "Let Me Sing Your Blues Away", seule écrite spécialement pour l'album avec Robert Hunter, unique prestation solo du claviériste en studio - discret, on disait ! - jusqu'à son départ, et de plus très peu jouée en concert. Le saxophone de Martin Fierro (MOTHER EARTH, QUICKSILVER MESSENGER SERVICE) nous surprend dès les premières mesures de cette chanson bluesy fort plaisante, avec Donna Jean Godchaux très présente. Puis ce sont les cuivres sur la montée jazz-rock de la "Weather Report Suite" seconde partie, ainsi que l'harmonica de Matthew Kelly (KINGFISH), pour un cocktail soigné, pendant que Jerry Garcia fait son solo. Belle façon de conclure pareille pièce épique pourtant débutée en marche folk lente, instrumentale en intro puis portée par le chant de Bob Weir.

Est-ce la montée des eaux, la présence d'une choriste à plein temps ? GRATEFUL DEAD sonne plus que jamais proche du negro-spiritual avec des arrangements vocaux tels qu'on peut les entendre ici dès "Mississippi Half-Step Uptown Toodeloo", souligné par le violon du guest Vassar Clements. Morceau simple mais si limpide, garni d'un beau piano bastringue, Jerry Garcia se fendant d'un solo merveilleux. Le guiro, les sons de Clavinet et de Fender Rhodes venus élargir la palette sonore font tout le sel de "Row Jimmy", boîteuse et féline, un des titres incroyables dont le groupe garde le secret, tout comme sa cohésion musicale. Un de ses meilleurs ! On n'est pas loin, du point de vue qualitatif, pour le planant "Here Comes Sunshine" et la ballade "Stella Blue", aussi suave que triste et hantée, avenante grâce aux crescendo, aux petits effets de rythmes kreutzmanniens magiques, sa basse en fausse retenue, sa pedal-steel lyrique.

Mais le clou de Wake of the Flood, album plus solide qu'on ne le pense d'abord, c'est son titre le plus pop, à savoir "Eyes of the World", single au groove prononcé, bien trop méconnu ("Shakedown Street", que j'adore également, n'aura pas cette peine). Ce n'est pas faute d'avoir fait au mieux pour ce titre jazz-rockifiant beaucoup plus long en live de base ; d'avoir poussé Phil Lesh sur le final, d'avoir travaillé avec maestria sur les choeurs. Jerry Garcia, en plus d'un chant des plus agréables, y est impérial depuis le départ, bavard mais pour la bonne cause, une vraie cascade de pureté. Grand monsieur, tellement génial ! Et ce morceau, un plaisir entier made in GRATEFUL DEAD donc toujours très musical, une bande sonore d'exception pour les trajets routiers de nuit (pour l'anecdote, c'était sur l'autoroute A13 entre Evreux et Caen).

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   MARCO STIVELL

 
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- Jerry Garcia (guitare lead, chant, pedal-steel guitare)
- Bob Weir (guitare, chant)
- Phil Lesh (basse)
- Bill Kreutzmann (batterie)
- Donna Jean Godchaux (chant)
- Keith Godchaux (claviers, chant)
- Vassar Clements (violon)
- Benny Velarde (timbales)
- Pat O'hara (trombone)
- Martín Fierro, Frank Morin (saxophones)
- Bill Atwood, Joe Ellis (trompette)
- Sarah Fulcher (choeurs)
- Matthew Kelly (harmonica)
- Doug Sahm (bajo sexto)


1. Mississippi Half-step Uptown Toodeloo
2. Let Me Sing Your Blues Away
3. Row Jimmy
4. Stella Blue
5. Here Comes Sunshine
6. Eyes Of The World
7. Weather Report Suite



             



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