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GRATEFUL DEAD - Go To Heaven (1980)
Par MARCO STIVELL le 11 Novembre 2022          Consultée 820 fois

Le départ du couple Godchaux marque la fin des années 70 pour GRATEFUL DEAD, coïncidant avec le calendrier. Pour remplacer une chanteuse et son mari claviériste, le groupe fait une nouvelle fois preuve d'humour autant que d'efficacité en engageant Brent Mydland, du groupe SILVER? qui a décroché un hit en 1976 avec "Wham Bam", et qui a aussi travaillé avec Bob Weir sur des terrains plus jazz-rock. Non seulement Mydland détient Le bagage essentiel pour la continuité, mais sa voix peut monter dans des aiguës suaves, sans parler de sa ressemblance physique mieux marquée avec un certain feu Ron 'Pigpen' McKernan (note funeste rétrospective : ils ont également en commun leur sort prématuré).

De quoi boucler la boucle et il en va de même en termes musicaux puisque Jerry Garcia, Phil Lesh, Bob Weir, Bill Kreutzmann et Mickey Hart souhaitent revenir aux bases rock/blues-rock sur Go to Heaven en 1980, sans apport d'instrumentation extérieure. Preuve que malgré les changements, quelque peu motivé par des obligations contractuelles certes (Arista réclame une nouvelle oeuvre avant retour sur scène), le GRATEFUL DEAD est toujours dans son activité créative régulière ; plus pour longtemps. La pochette rompt sans concession avec l'esprit 60/70 qui a régalé tant de fans ; ce n'est pas la première fois que l'on voit une photo d'eux, mais contrairement à Workingman's Dead (1970), la subtilité n'est ici point vraiment de mise. Et c'est la raison quasi unique des souffrances non-méritées de cet album.

Le producteur choisi est Gary Lyons, connu pour avoir travaillé au premier album de FOREIGNER, trois ans plus tôt. Il fricote également avec AEROSMITH au même moment pour Night in the Ruts. Comme il a fait du bien à Steven Tyler & co, son expérience éphémère auprès du DEAD gomme les erreurs de Shakedown Street, même si partiellement. Le très court "Antwerp's Placebo (the Plumber)", dont le sous-titre est une piquette rappelant les moments de sa vie où il réparait des tuyaux, n'est là clairement que pour rapporter directement quelques royalties à Hart et Kreutzmann, sachant que ce dernier éclipse son compère sur tout le disque par volonté du producteur. De même, Jerry Garcia a affirmé n'être pas du tout satisfait de la manière dont Lyons a bossé sur ses solos.

Garcia et son fidèle parolier Robert Hunter sont en retrait sur ce disque au profit de Bob Weir qui travaille toujours avec John Perry Barlow à pas moins de trois titres. Outre l'instrumental percussif fortement anecdotique (surtout dans un album n'atteignant pas les quarante minutes), Brent Mydland glisse deux compositions personnelles, à savoir "Far From Me" et "Easy to Love You". Un traditionnel complète l'ensemble : il s'agit de la folksong "Don't Ease Me In" que le groupe transpose à un blues-rock énergique. Les voix en choeur et l'orgue Hammond prépondérant sont témoin dudit retour aux sources de la bande de copains, tout comme l'excellent titre d'intro, "Alabama Getaway", signé Hunter-Garcia.

Esprit 100 % southern et très efficace dans le même type de jeu pour le groupe, on y remarque des paroles diamétralement différentes de la love-song qui clôturait Shakedown Street, l'album précédent. En sus d'une rythmique et de guitares bien affûtées, ce morceau permet aussi à Mydland d'ajouter sa touche en tant que successeur, à travers l'emploi de synthétiseurs (Minimoog, pour le coup). Comme aussi pour annoncer que le GRATEFUL DEAD traversera bel et bien les années 80 en imitant les autres sans se renier un seul instant. Le claviériste use beaucoup de la voix de fausset sur "Far From Me", de quoi faire suite à Donna Jean Godchaux sans se ridiculiser. Cette compo blues conduite par le piano montre que, malgré les choix de production, les effets récurrents de phaser, wha-wha etc. un rien forcés, Garcia n'est pas en reste sur ce disque.

Go to Heaven n'a rien ou presque de 'space', de glorieux pour un amateur classique du groupe ; c'est juste du très bon rock plus ou moins direct et, une fois de retour sur la côte ouest, avec tous les éléments rassurants. "Althea", futur standard en concert, du haut de ses sept minutes, fait tourner la même structure, les mêmes arpèges descendants façon soleil couchant dans un cadre détente, et sans chercher plus loin. Mais c'est une nouvelle réussite pour Garcia et Hunter, une belle sucrerie dont on se délecte sans mal, avec un tandem Kreutzmann-Hart mieux marqué qu'ailleurs et Mydland qui enjolive le tout au piano Fender Rhodes. Les mêmes qualités et tons crépusculaires se retrouvent avec plaisir et efficacité sur "Easy to Love You", un peu plus audacieux rythmiquement.

Bob Weir signe un "Feel Like a Stranger" certes remarquable par ses synthés baladeurs dans une ambiance jazz-funky où le guitariste-chanteur délivre une hargne bienvenue pour équilibrer avec ses deux compagnons vocalistes Garcia et Mydland. Mais puisqu'on parle d'océan plus haut, les petits bijoux cachés du disque, à la faveur de Weir et Barlow, sont clairement les deux titres influencés par la vie des marins, que les éléments de voyage ont souvent confrontés à l'incertitude pendant des siècles voire millénaires. "Lost Sailor" joue la carte brumeuse et aérienne, cymbale et arpèges d'une grande finesse, bourrée de lignes de guitares intelligentes. Le mordant se marie davantage à la crème sur "Saint of Circumstance", avec une cohésion de groupe parfaite, des voix masculines-'féminines' aux percussions épousant bien la dynamique.

Go to Heaven est un petit album où les bonnes idées sont légion, malgré deux ou trois choix discutables comme la fin trop abrupte de "Feel Like a Stranger" (l'album précédent avait ses fondus ennuyeux, là on est dans l'excès inverse). Néanmoins, à cause de la pochette, le mal est fait et, à l'époque, critiques comme public soutiennent fort peu cette nouvelle fournée de leurs vieux hippies chéris dont ils redoutent un nouveau 'disco DEAD', à cause des costumes blancs qui évoquent John Travolta dans Saturday Night Fever. Il faut de nombreuses d'années, non seulement pour un retour aux studios, mais encore pour que cet album soit reconsidéré à sa juste hauteur, même sans être un grand opus tels ceux des années pré-78.

Note réelle : 3,5

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   MARCO STIVELL

 
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- Jerry Garcia (guitares, chant)
- Bob Weir (guitares, chant)
- Phil Lesh (basse)
- Bill Kreutzmann (batterie)
- Mickey Hart (batterie, percussions)
- Brent Mydland (claviers, chant)


1. Alabama Getaway
2. Far From Me
3. Althea
4. Feel Like A Stranger
5. Lost Sailor
6. Saint Of Circumstance
7. Antwerp's Placebo (the Plumber)
8. Easy To Love You
9. Don't Ease Me In



             



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