Les calendriers se télescopent dans les emplois du temps surchargés de la fratrie JACKSON. Michael vient de sortir son premier album, et celui de Jermaine s'annonce pour le début de l'été. La famille continue cependant d'incarner l'image même de la réussite à l'américaine, et c'est unis qu'ils se retrouvent en studio pour mettre en boit leur sixième album studio. La photo de couverture montre l'évolution avec celle du troisième album, chacun des jeunes gens a changé, surtout les plus jeunes. En quelques années, la fratrie des JACKSON s'est imposée comme l'un des groupes majeurs du début des années 70, c'est indéniable.

Le choix de faire de "Little Bitty Pretty One" un single me semble chargé d'éléments contradictoires. La chanson est devenue un classique par la grâce de la reprise effectuée par Frankie LYMON une décennie plus tôt. Or les points communs sont légion entre Frankie et Michael JACKSON, il est souvent assumé que Berry Gordy a crée le personnage de Michael sur la base de son aîné au tragique destin – décédé à 26 ans d'une overdose d'héroïne - premier enfant star de couleur, il précède le roi de la pop dans l'histoire. Ce titre mi-doowop mi-rock'n'roll est en lui même superbe, mais la version des JACKSON perd de son mordant en ajoutant des éléments typées seventies qui ne lui vont à mon sens pas du tout. Les fans ne la plébiscitent pas et elle grimpe jusqu'à une décevante 13eme place au Billboard.

C'est un titre plus classique de la motown qui prend le relais avec "Lookin Through The Windows". hélas, la mélodie plate, les gimmicks variété s'y enchaînent et le talent de Michael n'y peut rien, un titre pour du beurre ! La corporation est d'ailleurs toujours de la partie sur plusieurs titres : mais "To Know" est une balade peu groovy, uniquement composée pour satisfaire l'incroyable fan base des JACKSON 5 en cette fastueuse année 1972. "Don't Let Your baby Catch You" est un brin plus intéressant avec sa guitare agressive. Autre slow "If I Have To Move A Mountain" nous plonge dans un abîme de sucrerie vaguement gospelisant ayant très très mal vieilli.

Rien de bien folichon pour le moment donc... On repart sur des terres plus bubblegum avec "E-Ne-Me-Ne-Mi-Ne-Moe" qui voit Jermaine reprendre le micro avec énergie , et qui combine bien avec la dynamique de son petit frère. Mais faire un "amstramgram" même à l'anglaise ne présente qu'un intérêt limité. "I Can Only Give You Love" nous ramène vers des terres plus funky, avec un chant toujours partagé de Michael et Jermaine. "Ain't Nothing Like The Real Thing" n'est pas désagréable, un petit funk léger mâtiné de pop avec une chouette alternance des voix des frangins.

Le reste est à oublier : "Doctor, My eyes" est un morceau de Jackson BROWNE ayant eu du succès en ce début d'année, cette reprise est donc un choix stratégique, mais on lui préférera l'originale. On évolue entre pop et variété sur la sucrée "Children Of The Light", plus pop que jamais, "Don't Want To See Tomorrow" manque de quelque chose pour se faire remarquer, même si Michael l'introduit dans la langue de Cervantès. Tout cet aréopage de songs me semble bien trop léger pour taper dans le classique, il n'en reste d'ailleurs rien au niveau de la mémoire collective. Mais les fans n'en ont cure et plus de trois millions d'unités vont se vendre de par le monde. Restons sur un 2 généreux.