Drôle de pochette pour un groupe de jeunots : la fratrie réunie dans une bagnole écrasant un motard blanc, voilà la preuve d'un manque d'imagination évident. Ou alors la situation est-elle si mauvaise entre la Motown et son groupe star ? Inutile de vous faire languir, le torchon brûle désormais entre les JACKSON 5 et la firme de Detroit. Michael s'en plaint constamment et seul Jermaine, marié à Hazel, la fille de Gordy, reste silencieux sur le sujet. Mais Joe Jackson va prendre les choses en main pour sortir ses bambins de là. Voici donc la neuvième contribution des JACKSON à la musique populaire, nous sommes au début de l'an 1975.

Une petite vibe électro-funk traîne sur "Forever Came Today" qui introduit l'album, la version originale de Diana ROSS et des SUPREMES était plus soul. Cela dit, toute l'orchestration penche carrément vers le disco qui commence à poindre sérieusement. Ce sympathique titre parvient à la 60ème place des charts pop, mais se classe en numéro un des charts dance, pas si mal allez ! Sort ensuite "All I Do Is Think Of You", un slow de la pire espèce pour les ados décérébrés de l'époque, à vite oublier.

On envahit ensuite les pistes de danse avec "Body Language" chanté par Michael et Marlon, avec quelques gimmicks rythmiques de chez Daddy James BROWN. Sur les vidéos lors de sa sortie, il semble d'ailleurs que Randy ait déjà remplacé Jermaine lors des performances télévisuelles des chansons. Jermaine n'apparaît sur aucune des vidéos, alors que le tout jeune Randy se retrouve derrière les percussions. On est super disco sur "Honey Love", pas désagréable alors que "Breezy" est un titre pop sans réelle envergure mais qui se laisse écouter.

L'orchestration est toujours très chargée sur "Especially For Me", compo qui me semble un premier pas vers la modernité telle que Michael l'imagine. Un peu plus de dynamique et d'innovation et Off the Wall n'est pas si loin. "Call Of The Wild" est tout aussi ambitieuse, avec à nouveau Marlon qui répond à Michael, un titre assez pêchu qui aurait pu avoir plus de postérité. "Time Explosion" fait preuve de la même maturité, on est en pleine fonkytude ! En revanche, le chant de Michael manque de fond sur "Moving Violation" qui reste finalement peu émotionnelle, alors que la pièce se veut ambitieuse avec de jolis chorus de guitare.

La dernière collaboration de la fratrie JACKSON avant de prendre son envol de manière autonome, ce n'est pas rien. L'album ne démérite pas, même s'il ne contient aucun véritable classique. On assiste à une belle évolution de la musique interprétée par le quintette... resté quintette suite au retrait de Jermaine et l'intégration de Randy, d'où l'avantage d'avoir une gigantesque famille. Commence alors un nouveau chapitre dans l'histoire de la fratrie, qui doit les mener vers l'indépendance totale. Il s'agit du moins vendu de tous leurs opus studios de chez Motown, même si 1,5 millions d'exemplaires écoulés reste une sortie juteuse. Un trois fragile.