Bonnie en a fait, des efforts pour tenter de s’adapter aux modes et aux idées musicales des décennies qu’elle a traversées. Pas facile de garder la tête haute, mais nous pouvons légitimement affirmer que la blonde galloise s’est bien débrouillée lors des désertiques années 90. Et nous voici face à son treizième opus. Comme à chaque fois, il faut trouver le moyen de se renouveler, et voyez donc les titres de cet album. Il n’a pas fallu chercher trop loin pour cette livraison, Bonnie TYLER a choisi de jouer sur sa voix et de proposer des versions alternatives des chansons qu’elle aime. L’orchestre philarmonique de Prague l’accompagne sur ses versions.

Bonnie aime la musique populaire américaine, ce n’est pas une découverte, pas de surprises à la voir reprendre "Human Touch" du Boss SPRINGSTEEN, une voix rauque remplace l’autre, ça passe crème. Toujours dans le heartland rock, nous avons "Learning To Fly" du regretté Tom PETTY, plus casse-gueule mais de bon aloi. Et puis, il est toujours drôle de voir les deux Bonnie se croiser : ici, la Galloise reprend – le contraire n’est pas encore arrivé- la californienne RAITT et son succès "I Can’t Make You Love Me", toujours aussi tristounette. La reprise country des LONESTAR "Amazed" entre bien dans son pré carré, un brin trop entendu à mon goût.

Un peu plus vintage ? Allez voici "It’s Over" de Roy ORBISON, fidèle à l’originale, mais les voix sont trop lointaines l’une de l’autre et Bonnie souffre, comme tout le monde avec Roy. La reprise de LITTLE WILLIE "Need Your Love So Bad" montre bien ses goûts, et ce slow doowop à l’orchestration au cordeau est un joli moment du disque. "In My Life" des BEATLES est le choix logique d’une Britannique ado dans les sixties. Ah, c’est dur de s’aligner, mais rien de grotesque à l’horizon. La soul funky de Bill WITHERS sur "Lean On Me" traitée en mode B.O avec peu d’instruments et de jolis choeurs, mais j’ai du mal avec quelques accents trop forts de Bonnie là ou le grand Bill ne mettait que du coeur.

Un peu d’alternatif pop avec les Irlandais de U2 et leur hit "I Still Haven’t Found What Im Looking For". Bonnie TYLER y semble très à son aise. Même logique pour le "Everybody Hurts" de REM, très orchestré – on dirait parfois du Jérome KERN -, là aussi certaines proximités avec ses propres classiques la rendent fort efficace. Nous passons à la super pop de Phil COLLINS "Against All Odds". Là aussi, la chanson lui convient parfaitement, belle interprétation. Richard MARX, classique de l’AOR, est là avec "Right Her Waiting" dans une version plus lente et ramassée, plus orchestrée aussi, très sympa.

Enfin, seule concession au 2ème millénaire, il y a l’aspect plus moderne des comédies de Broadway, ici "And I’m Telling You Im Not Going" sorti du récent Dreamgirls, trop démonstrative à mon sens, mais qui permet bien sûr à Bonnie TYLER de faire étalage de sa grosse voix.
Bref, un album de reprises, ne comportant pas la moindre surprise, c’est un peu dommage. Beaucoup de chansons ici présentes sont des classiques mais pas un seul instant Bonnie ne leur donne une seconde vie, même si elle se donne bien. Pour cette raison majeure et pour le manque de nouvelle compositions bien sûr, un peu de sévérité ne nuit pas, c’est un deux d’attente.