Cette chère Bonnie TYLER ne paraît guère plus de 40 printemps sur ce dessin. Elle était pourtant déjà âgée alors que je n'étais qu'un ado boutonneux loin du moindre succès féminin. Et voyez donc : Bonnie a en fait près de 70 ans ! Vous me direz qu'on va s'habituer à tous ces artistes gallois qui paraissent 15 ans de moins que leur âge réel. Voyez donc le titanesque Tom JONES qui n'en finit pas de rajeunir ! Le producteur David MCKAY est toujours derrière la console, cela fait longtemps que les deux collaborent, ce qui est plutôt rassurant. Un instant d'hésitation toutefois car je trouve cette pochette suspecte. Mais laissons plutôt le saphir décider du futur de cet album.

Plusieurs titres ont été relâchés par Earl Music pour attirer l'attention des fans, ou plutôt celle des ex-fans ? Tout débute avec "When The Lights Go Down" qui aurait certainement eu son petit succès au début des eighties. Les choeurs sont jolis et la compo se retient fort bien. Tout ceci est très light, mais la vidéo psychédélique est en revanche une horreur. "The Best Is yet To Come" se présente comme un standard de soft rock/AOR, son fond de commerce. Hélas, il me semble que sa voix souffre un peu et manque de force, un comble pour une des grandes voix de l'histoire, mais le refrain est un must. Encore une vidéo naze pour "Dreams Are Not Enough", manque de budget ou manque d'envie de la star de paraître son âge ? Le titre se tient bien en revanche et rappelle un peu Pat BENATAR ou notre Bonnie d'il y a près de quarante ans.

L'opus propose quatre reprises. Un piano embraye la sublime "I'm Not In Love", immense standard de 10CC, à laquelle Bonnie rend un hommage qui passe pas trop mal, si ce n'est que l'originale est nettement hors de portée. "Somebody's Hero" de CB GREEN est de la partie, mais la multitude des pistes de chant ne me séduit pas du tout. Le blues de Chuck WILLIS "I'm Only Guilty" se transforme un peu en slow mainstream déchargé de tout esprit roots. C'est d'autant plus dommage que la voix de la chanteuse le fait si elle tente la version bluesy. On termine avec le classique "Catch The Wind" de DONOVAN. Cette fois, l'atmosphère est plus aérée avec une belle guitare folk et juste la voix rauque de Bonnie qui laisse une chouette impression.

C'est donc sur le reste que l'album va gagner ou perdre. Une flûte péruvienne ouvre "Stuck To My Guns". L'ouvrage n'est pas médiocre, mais on se demande bien à quel public des années 2020 s'adresse cette musique. Si les paroles me touchent, je reste dubitatif devant la composition féministe de "Stronger Than A Man". En fait, tout ceci sonne terriblement daté. Nonobstant le son, on pourrait être en 85. Le très sympa "Call Me Thunder" évoque tous les gars du New Jersey, de BON JOVI à SPRINGSTEEN, suivant les portions et le style de chant employé. Petite compo basique, "Hungry Hearts" manque cruellement d'originalité. Enfin, on retient peu ou prou le joli refrain de "You're The One", qui n'est pas sans évoquer ABBA.

Malgré la présence des guitaristes Jon PARR et Geoff Whitehorn – IF, PROCOL HARUM – ainsi que des autres requins de studio, malgré la voix légendaire, rien n'y fait : on ne peut réutiliser la formule des années quatre-vingt pour avoir du succès aujourd'hui, surtout si les morceaux ne sont pas parfaits. En outre, Bonnie TYLER, en retrait, n'apparaît pas dans les vidéos et sa voix mythique ne s'envole plus comme elle savait le faire. Quelques instants pas désagréables ponctuent toutefois cette offrande, mais le résultat me laisse dubitatif. Je vois d'ailleurs que je suis en opposition avec la plupart des critiques souvent dithyrambiques. Bref, en mon âme et conscience et en dépit de moult grands souvenirs, je ne conseille pas cet album. Un 2 décevant.