Bonnie TYLER travaille au successeur de Heart Strings quand elle est sollicitée par la chanteuse française Kareen ANTON pour un duo en français sur le hit "Total Eclipse Of The Heart". La Galloise est emballée par ce qu’elle entend et hop, nous voici parti pour un opus dont le but est d’enclencher dans l’hexagone. Je ne vous fais pas un film, ça va faire un flambard, hélas ! Pour ses un peu plus de cinquante-trois ans, Bonnie a en tout cas toujours belle allure et la voici très souriante sur cette pochette bleue destinée à notre beau pays. Ne nous voilons pas la face, des miettes sont prévues pour les voisins européens !

"Si demain" est la version 'francisée' de "Total Eclipse Of The Heart". Comment donner à un titre classique, vrai standard de la musique populaire, une autre existence ? Cela est-il seulement nécessaire ? La réponse est non. Perte d’énergie, perte de temps, perte de tout ce que vous voulez. Ajoutez à cela le grotesque de l’accent de Bonnie en Français et vous avez sous la main une chanson pour se marrer ou se gausser, c’est selon, mais en aucun cas un nouveau classique. Ce duo avec Kareen ANTON remporte pourtant un succès considérable en France. On continue le massacre avec "Si tout s’arrête". Même analyse, même ma et pas de remède. No comprendo. Pourquoi, grand dieu, pourquoi ? Numéro un en France pendant dix semaines ! pppfff !

Hallelujah ! Pas de resucée de "Holding Out For A Hero" dans la langue de Molière, mais une version plus métallisée, plus rapide, très sympa. Ah mais c’est BON JOVI ? Ah non, c’est le contraire, damned ! Bon, une nouvelle version de "If You Were A Woman" en anglais. Ouf ! Pareil que la précédente, plus raide et rapide, pas meilleure. Souvenez-vous de la sortie du single "Here She Comes" en 84, assorti d’une vidéo tournée par Brian JOHNSON pour les besoins du film Metropolis – cuilà même d’AC/DC, oui messieurs-dames – un titre qui ne dépareille pas avec les classiques de Bonnie, avec gros synthés et batterie en carton.

Bonnie est ensuite à la baguette avec plusieurs compositeurs sur trois titres : on attaque rapido le suivant "Simply Believe", retour immédiat et super efficace à l’AOR des années de gloire, avec grosses grattes, un refrain superbe. Bonnie semble s’éclater, ah on est bien d’un coup ! Cette excellente composition donne son nom à l’album, ce qu’on comprend, mais on se prend à regretter qu’elle ne soit pas sortie en single. "Open Your Eyes" est plus pop, avec de jolies harmonies vocales tandis que "I Want You" reste vibrante, avec des idées bien ficelées, dont un refrain hard FM qui se chante et se retient facilement.

Six des compos sont signées par le guitariste de MEATLOAF, Stuart Emerson – arf on a bien du mal à échapper au passé décidément -, "Back In My Arms" est plutôt agréable, toujours dans le style AOR. "Nobody Better" sort du même tonneau. Stuart s’est fendu de plusieurs morceaux pour cette sortie, ainsi "When I Close My Eyes" est un slow un peu tartignolle et larmoyant, mais écoutable allez ! "It’s In The Back Of My Mind" nous garde bien au chaud dans ce genre d’ambiance, comme pour une Pat BENATAR des années 2000. On continue avec "All Night To Know You", un slow super éthéré, fort bien exécuté, où Bonnie parvient à trouver la bonne distance, un des instants forts de l’album. Enfin, "Driving Me Wild" est quasi metal dans le ton, choeurs de haute volée et grattes bien senties.

C’est la seconde fois que Bonnie - TYLER - reprend Bonnie - RAITT – pour une des plus belles chansons de l’histoire. Mais c’est bien là que le bât blesse : si cette coïncidence m’a poussé à écrire en parallèle les deux discographies, on ne peut que s’émouvoir de la différence de niveau entre cette version cheap de "Darlin", bourrée d’arrangements horribles, et la version définitive qu’en a faite la rouquine californienne 25 ans plus tôt. Un monde d’écart… ou un océan de distance, c’est le moins qu’on puisse dire !

Pourtant, en conclusion, me voici à nouveau bien embarrassé avec Bonnie TYLER, on s’attend toujours à ce qu’elle prenne l’arbre du virage ou que la correctionnelle ne soit pas loin, tant son momentum est loin… En fait non. Si on excepte les reprises en français qui eurent tant de succès dans notre pays si rock’n’roll, le reste est de bon aloi, avec plusieurs moments de vrai éclate, notamment rock. Etrange comme cette chanteuse un peu 'ringarde' a su survivre en penchant tantôt du côté allemand, tantôt du côté français, en plus de ses aspirations anglo-saxonnes.
C’est donc un trois équilibré.