L’album des 42 ans de Bonnie TYLER s’inscrit dans la droite lignée du précédent. La création de l’objet repose en entier sur les épaules du producteur allemand Dieter Bohlen qui s’occupe comme précédemment de quasiment toutes les compositions. Les albums se suivent et se ressemblent un peu maintenant. Bonnie vise toujours le marché européen du nord, une ambition modeste mais non dépourvue de réalisme. La pochette semble vouloir nous faire entrer dans le rang, franchement passe-partout. Qualitativement, la tache est ardue car le précédent opus était une véritable purge, il ne reste qu’à espérer que Dieter aura trouvé les ressources pour composer de meilleures chansons.

Et pourtant, il reste des ambitions pour truster les tops de quelques pays, alors plusieurs singles sortent, à débuter par "Sally Comes Around", dans un style grandiloquent qui oscille entre variété et pop, une jolie composition qui emprunte pas mal à ABBA dans le style et les idées, toutes proportions gardées, avec un petit côté celtique sur le refrain, comme souvent pour Bonnie. Cela faisait longtemps que l’artiste n’avait pas sorti un titre sympa. Une flûte, toujours celtique, embraye le single suivant "From The Bottom of My Heart", beat de synthés bien en avant, ce titre évoque Rod STEWART pour moi, d’autant que les deux voix rauques sont finalement proches, pas mal.

La courte balade "You Are So Beautiful", fait d’arme majeur de Joe COCKER, garde une belle consistance avec la blondinette galloise. Un simple piano permet à la voix ample de prendre entièrement possession de l’espace disponible. Un choix judicieux pas si simple car nombreux se sont cassés les dents sur ce classique. Bravo Bonnie ! Le dernier single est "Stay", un slow franchement plus dispensable qui ne brille que par son manque d’originalité. Cependant, tous ces singles permettent à Bonnie de truster les plateaux télés des pays qui continuent de l’idôlatrer – énorme succès en Norvége, allez comprendre ! -

Mais nous sommes désormais loin de l’AOR d’antan. Ne reste plus qu’une variété un peu banale. Ainsi les slows "Cryin A Little" ou l’éponyme "Silhouette In Red" sont larmoyants et inutiles. La belle gratte acoustique de "Send Me The Pillow" nous rapproche de la countrypolitan, bof. L’ambiance est certes plus ibérique sur "James Dean" et c’est une véritable purge. Mais dieu que "Before We Get Any Closer" est mollassonne ! Un vrai suicide en règle, on pensait que les eighties avaient définitivement réglé leur comptes à ce genre de titre. Enfin, on a de la variété tendance R’n’B avec l’horrible "You Won’t See Me Cry".

Le reste est un poil plus positif : quelques guitares grasses donnent une certaine ambiance au mid-slow "Clouds In My Coffee" mais restent un brin isolées. "Bad Dreams" n’est pas désagréable mais pompe un peu sur certaines compos de la concurrence. Nous avons une gratte celtique pour débuter "Years May Come", c’est visiblement devenu le fond de commerce de Bonnie TYLER, et c’est ainsi que la voit son nouveau public, le refrain se fredonne, allez. "I Climb Every Mountain" est de la même obédience mais manque d’un peu de fond pour le même genre de refrain. On se prend à attendre quelques aspects plus rock pour le titre "Fire In My Soul", et effectivement une belle gratte débute avec un joli son limpide. Alors oui, voilà un vrai titre AOR plus rythmé, il eût fallu le sortir en single - damned ! - à la place d’un slow.

Il faudra beaucoup plus qu’un bon single - "Sally Comes Around" - et quelques titres moyens pour me convaincre. Cet album manque de tout pour susciter un quelconque intérêt surtout après le désastre de l’opus précédent. A mon sens, les compositions et la production de Dieter Bohlen ne sont pas en adéquation avec les capacités vocales de Bonnie TYLER qui tente certes de survivre, mais aurait surtout besoin qu’un DESMOND CHILD ou un Jim STEINMAN se repenchent sur sa destinée et lui écrivent quelques titres, surtout en ces mid-nineties où l’AOR reste performant aux USA. Je reste donc sur un deux, difficile de mettre plus.