L’autre Bonnie de la musique populaire est une galloise. Née Gaynor Hopkins dans une famille de mineurs du sud du pays, proche des grandes agglomérations de Swansea et Cardiff, avec cinq frères et sœurs tous passionnés de musique. Pratiquante, c’est à la paroisse locale que ses dons de chanteuse apparaissent. Elle travaille très tôt et ne reçoit pas une éducation classique, mais les concours de chant, les groupes qu'elle monte la rapprochent du professionnalisme. Sa voix très particulière lui vaut d’être repérée des scouts et il ne lui faut pas attendre longtemps pour qu’une de ses démos lui permette de signer un contrat chez RCA. C’est à cet instant qu’elle doit changer de nom pour celui, plus vendeur, de Bonnie TYLER.

Le duo de producteurs-manageurs-compositeurs Ronnie Scott et Steve Wolfe la prend en charge et c’est ainsi qu’atterrit dans les bacs son premier né The World Starts Tonight où la photo la montre en femme forte sûre d’elle même et de sa séduction, superbe et pleine d’énergie.
Le premier single "My ! My ! Honeycomb" qui ne connaît aucun succès est absent de ce premier disque. Le suivant est "Lost In France", RCA envoie même Bonnie dans un château en France avec des journalistes pour provoquer un peu de buzz. Ce premier succès – 10ème des charts britanniques – nous met d'emblée en contact avec les principaux trademarks de Bonnie. Les couplets sont reconnaissables, même si la voix de la chanteuse n’a pas encore le son rocailleux qu’on lui connaît, nous sommes entre pop et variété, l’accordéon sonne frenchy et on est proche de ABBA.
Le second single de cet opus est "More Than A Lover", plus mellow, vous risquez d’en avoir des souvenirs pour peu que vous soyez déjà nés à l’époque, 27ème des tops. C’est un bon début pour la Galloise.

Deux reprises sont de la partie : la première "Piece of My Heart" que nous connaissons tous, reprise de la soulwoman Erma FRANKLIN, sera portée aux nues par la regrettée Janis JOPLIN. Un travail honnête de Bonnie qui ne peut certes prétendre égaler l’intensité de Janis, mais réalise une belle performance.
La coloration globale de l’album jouxte la countrypolitan. La seconde reprise de Jerry CHESNUT ne surprend personne, "Love of A Rolling Stone" ne prétend pas être la chanson du siècle, mais le son et le style de Bonnie TYLER s’affirment. L’éponyme "The World Starts Tonight" est un slow dans cette même tradition pas vraiment mirobolant.
Les cordes originales de "Here’s Monday" créent une atmosphère propice à la quiétude, avec un petit esprit exotique dans cet ensemble encore country, avec lap steel de rigueur.

Le titre qui ouvre l‘album ne laisse cependant la place à aucun doute, il s’agit là de soft rock ou d’AOR, ce qui va devenir le fond de commerce de notre Bonnie, même si on ne le sait pas encore. Mélodique et plutôt sympa, ce morceau n’a cependant pas le potentiel d'un hit. On entre dans le giron d’une pop très agréable avec "Love Tangle", dont les lignes de guitares sont très chouettes, le refrain nous renvoyant en revanche directement à la country.
"Give Me Your Love" se signalant par un refrain trop facile manque clairement de fond, mais des flûtes très celtiques embrayent "Let The Show Begin", un slow où Bonnie peut faire tout l‘étalage de sa jolie voix, et à nouveau des sonorités évoquant les Suédois d’ABBA.

Les singles marchent bien, mais le seul pays où l’album fait un flambard est la Suède… Pas si étonnant ! Il y a du ABBA par moment chez Bonnie TYLER, même si le fond de la musique jouxte le plus souvent les territoires de la countrypolitan ou du soft rock, ce qui, étant donné sa voix, n’a rien d’extraordinaire.
C’est donc un premier essai de bon aloi que produit ici l’artiste galloise qui parvient à imposer d’emblée un style sur sa voix si particulière. Le personnage est sympathique et on l’imagine promis à une destinée de haute volée. Un trois équilibré pour débuter.