Bonnie TYLER continue d’être fidèle à l’Allemagne de manière générale, mais c’est à Dublin qu’elle enregistre son treizième opus. Il ne faut pas se voiler la face cependant, la chanteuse est clairement sur la pente descendante et on ne voit pas bien par quel miracle elle pourrait rebondir. Mais ce ne serait pas la première fois allez savoir ! En cette fin de décennie et de siècle, l’heure n’est guère aux divas du début des eighties. D’ailleurs, même un fan des eighties aura bien des difficultés à suivre Bonnie dans ses pérégrinations de rock star quelque peu déchue. Mais il faut se battre pour survivre et de ce point de vue, la blonde Galloise sait y faire !

"He’s The King" est le single chargé de mettre les choses au point avec la fan base de Bonnie, et si possible amener d’autres fans. Un titre bien dramatique au ton bluesy, avec une jolie progression d’accords. Le refrain accroche bien les esprits mais, malgré d’évidentes qualités, le morceau ne va pas s’accrocher aux billboards. La vie d’artiste est bien difficile ! "Heaven" est ensuite très sympa avec pas mal de réminiscences de la B.O de Titanic, des aspects celtiques, et une ambiance au final agréable. Les choeurs sont judicieux et Bonnie abat le job de manière conséquente. Deux jolis singles... sans la moindre postérité !

Nous sommes surpris par le chant sur "Soon Will Be Too Late", moins lyrique qu’à l’accoutumée. Bonnie y est quasi méconnaissable, tout en restant de bonne qualité. La composition est tristounette mais tient pas mal la route. On oscille entre pop celtique et rocksteady sur "You Always Saw The Blue Skies" et "Like An Ocean", avec des choeurs sympas. On retourne vers l’AOR avec "You’re Breaking My Heart Again", grosses grattes de rigueur et esprit mainstream axé billboard, un joli refrain à coups de riff de synthé. "I’ll Never Let You Down" présente les mêmes éléments mais en moins originale. "Return To Blue" tente le mid-slow à ambiance dramatique et guitare hispanisante mais le résultat n’est pas à la hauteur et "The Reason Why" est à oublier.

Nous avons aussi plusieurs reprises : on peut se permettre de reprendre SCREAMIN JAY HAWKINS quand on a une grande voix comme Miss TYLER. Alors, cette version de "I Put A Spell On You" se veut moderne, belle orchestration et chant de rigueur, le meilleur moment de cette livraison 98. Encore un classique, féminin cette fois, avec une resucée de "The Rose », classique intemporel de Bette MIDLER, mais est-ce vraiment utile ? Puis, Bonnie choisit de donner une nouvelle vie à "Silent Night", et elle fait bien, le classique de Noël est très beau, sa voix magique domine la compo. "Angel of The Morning" a connu son heure de gloire en 81 avec une version très réussie de Juice NEWTON, Bonnie ne démérite pas mais l’originale reste indétronable.

Il y a du bon dans cet album, cela ne fait pas le moindre doute. Le boulot est là, Bonnie travaille sans relâche pour rester au niveau et on sent l’équipe de production et les musiciens soudés derrière elle. Pourtant, cet album est un échec cuisant, le plus bas de sa carrière. Les singles et plusieurs des reprises sont pourtant de belle qualité ! Je mets un trois plutôt équilibré, car l’ensemble s’écoute bien, avec pas mal de variations dans les styles. Courage Bonnie !