L’album de la révolution ! Le mot n’est pas trop fort et après tout, nous parlons musique. A débuter par notre Bonnie, je défie quiconque de la reconnaître, ainsi grimée en icône symbole des années quatre-vingt. Tout prêche pour la modernité, le look, cette coupe de cheveux tellement eighties, ce laser qui passe au travers de ses oreilles. Question musique, tout le monde a été viré, les compositeurs Wolfe et Scott au profit des grands noms du rock d’alors ; la maison de production, toujours une major, la Columbia cette fois. Des moyens considérables ont été mis en œuvre pour faire de cet opus un classique. Le pari est cohérent, Bonnie TYLER est déjà connue des masses grâce à "It’s A Heartache". A-t-il été gagnant ?

Jim Steinman est dans la place, le king du soft rock AOR a déjà cassé la baraque avec notamment son Bat Out of Hell pour MEAT LOAF, et il va se surpasser. En février 83, sort "Total Eclipse Of The Heart", titre d’une originalité rare, qui devient immortel grâce à la voix si spéciale de Bonnie TYLER, la vidéo baroque, le piano fantomatique, les couplets magiques et le refrain céleste faisant de cette chanson un des plus grands classiques de l’histoire. Aux US, 4 semaines d’affilée au sommet du billboard, 6 millions d’exemplaires. Steinman dit avoir composé ce titre avec la voix de Bonnie en tête, et il faut admettre que l’alchimie est parfaite. Dans le genre, on ne peut pas faire mieux.

Quelques semaines plus tard, l’éponyme "Faster Than the Speed of Light" sort à son tour. Toujours du Steinman dans le texte, de l’AOR classique. C’est le moment de signaler que c’est le E STREET BAND assorti de Rick DERRINGER à la gratte qui est dans la place autour de Bonnie… Tout ne peut donc se passer que pour le meilleur. Le succès est plus confidentiel mais ce rock bien pêchu renforce l’album. "Have You Ever Seen The Rain" est une reprise logique quand on considère la voix de Bonnie. Le CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL de John FOGERTY aurait pu la prendre comme frontwoman sans changer grand-chose, les chansons n’auraient pas été moins bonnes, c’est tout le pari de cette reprise et au final, je gage que les gens connaissent autant la version de Bonnie que celle de John.

Dans les ténors, donnez-moi le king de l’AOR au Canada : Bryan ADAMS dont Bonnie reprend "Straight From The Heart" tirée de Cut Like A Knife sorti quelques mois plus tôt. C’est ce qui s’appelle avoir du nez ! Le "Take Me Back" de Billy CROSS prend le relais, toujours AOR en diable avec une vidéo bien grotesque de Mad Max du pauvre mais une Bonnie TYLER sculpturale, sublime et toute de cuir vêtue. Le titre n’a rien de mémorable mais s’insère bien. C’est un beat de synthé très eighties qui drive "Getting So Excited", on se dit que ce titre manque franchement de fond, qu’il aurait fallu en faire un titre plus rentre-dedans, du vrai hard-rock. Là, on s’endort. Enfin, le duo qui l’oppose à Frankie MILLER, "Tears" est un slow pas franchement fabuleux mais qui reste écoutable.

Vous avez bien vu, sept titres sur les neuf de l’opus sont sortis en singles, seul Michael JACKSON fait mieux en cette année 83 avec son Thriller. Il nous reste "It’s A Jungle Out There" qui termine le disque dans une vibe plus exotique mais aussi dans la bonne humeur d’un chaud soleil. Evidemment, en tant qu’inconditionnel du culte de l’huître bleu, la présence de la poppy "Goin Threw The Motion" tiré de l’excellent Spectres – reportez-vous à ma chronique ! - me ravit. J’ai toujours eu un faible pour cette song. La version arrangée par Steinman est parfaite pour l’art de Bonnie, plus longue, et agrémentée de choeurs d’enfant, elle est superbe !

L’album souffre de quelques bas bien sûr, mais la présence de plusieurs classiques ne peut que plaider pour une bonne note. "Total Eclipse of The Heart" reste dans toutes les mémoires, et le titre incontournable de la carrière de Bonnie TYLER dont je recommande vivement de débuter ici la discographie si vous ne connaissez que "It’s A Heartache". Le pari est tenu de bout en bout, la Galloise devenant une superstar du jour au lendemain avec cet album. On passe toujours un excellent moment à son écoute alors que l’AOR ne vieillit pas toujours bien ! Un quatre bien gaulé !