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- Style : Helen Merrill

Peggy LEE - All Aglow Again! (1960)
Par LE KINGBEE le 21 Avril 2022          Consultée 740 fois

Suite au retour de Peggy LEE, il y a trois ans chez Capitol, la firme décide qu’il est grand temps d’éditer une compilation. Celle-ci doit sceller le retour de l’une des meilleures vendeuses du catalogue mais aussi pérenniser le succès de "Fever", titre qui n’était jusqu’alors sorti qu’en single.

Capitol n'y va pas de main morte, concoctant douze titres (format standard de l’époque) emballés dans une belle pochette qu'agrémente un titre ignorant toute modestie. De cet album dont le titre annonce une chanteuse de plus en plus rayonnante, Capitol a pioché un peu au petit bonheur la chance dans d’anciens titres de la chanteuse. Si "Fever" nous paraît être un choix indiscutable, on ignore sur quelle ligne éditoriale précise s’est construit l’album. "All Aglow Again!" provient de six sessions s’étalant d'août 1957 à octobre 59, la plupart des titres sont arrangés et dirigés par Jack Marshall.

On ne pouvait rêver meilleure mise en bouche avec "Fever". Si Little Willie John avait popularisé le titre en 1956, Peggy LEE en changeant quelques strophes allait remettre le morceau sur le toit du monde. Jack Marshall et Peggy ont l’idée de ralentir la cadence, l’orchestration s’appuie sur une intro aux petits oignons avec des claquements de doigts, la basse hyper ronde de Joe Mondragon en symbiose totale avec les baguettes de Shelly Manne. Repris depuis plus de 500 fois, cette version ne sera jamais égalée. Elvis PRESLEY, tout King qu’il était, faillit tomber de son trône avec son interprétation qui tentait servilement de marcher sur les traces de Peggy. On ne compte plus le nombre de chanteurs et chanteuses qui se prirent de retentissantes gamelles en voulant s’attaquer à plus gros qu’eux. Le genre de titre intemporel par excellence.
Second petit coup de semonce avec "You Don’t Know" de Walter Spriggs, et hit mineur de BB KING. Si le guitariste délivrait un R&B vitaminé, Peggy LEE le transforme en un somptueux Slow Blues dans lequel la guitare d’Howard Roberts fait des étincelles malgré une trop grande sobriété, à notre goût. Peut-être la meilleure version avec celle plus tardive de Kid Ramos.
La suite se corse quelque peu, comme on pouvait s’y attendre, avec "Where Do I Go From Here" une balade avec quelques zestes latinos, issue de la comédie musicale "Fiorello" du tandem Jerry Bock/ Sheldon Harnick, qui explorait la vie de Fiorello LaGuardia, ancien maire de New York, l’une des rares comédies de Broadway à avoir glané le prix Pulitzer. C’est bien chanté mais terriblement mou. Un titre Jazzy idéal comme fond d’ambiance lors d’une house party.
Avec son nappage de cuivres, "It Keeps You Young" s’inscrit pleinement dans le registre du Jazz d’ascenseur, l’orchestration de Nelson Riddle se révélant trop clinquante aujourd’hui. "Louisville Lou", un titre des années 20 sur lequel elle est accompagnée par l’orchestre de Sid Feller conjugue Big Band et Jazz Vocal des années 50. Le morceau a l’avantage de ne pas s’éterniser et se termine avant de paraître trop daté. Il s’agit là néanmoins d’une refourgue de Capitol qui en avait racheté les droits à l’occasion d'une version antérieure de Johnny Mercer.
Plus jeune d’une décennie, "Let's Call It A Day", toujours sous la houlette de Feller, nous paraît non seulement vieillot mais aussi terriblement mollasson comme clôture d’album.

Capitol incorpore "My Man", chanson issue de l’album I Like Men!. A contrario de la coutume, il s’agit de l’adaptation américaine de "Mon Homme" chanté par Mistinguett, future reprise d’Arletty et de Patachou. Si Fanny Brice avait repris le morceau durant les années folles avec un chant horriblement chevrotant, Peggy LEE nous offre ici une version stylisée plus proche du Jazz que de la chanson populaire française. Certains pourront y voir un manque de gouaille, mais n’est pas Mistinguett qui veut.
"You Deserve", un inusité de l’Australienne Rhoda Roberts oscille entre variété et Jazz Vocal, on regrette juste les claquements de mains qui finissent par devenir lassants à force d’être répétés.
Composée au début du XXème siècle par John Jacob Niles, un gamin de seize ans, pour une bienaimée qui l’a éconduit aussitôt après avoir entendu la chanson, "Go Way From My Window" est à l’origine une balade Folk sans prétention. Peggy la reprend dans une nuance Folk Jazzy avec guitare acoustique et vibraphone sous le titre "I'm Lookin' Out the Window" dont elle change quasiment tout le texte. Un titre agréable qui n’a étonnement pas pris trop de rides.
Grand succès de Ray CHARLES, "Hallelujah, I Love Him So" a été repris à toutes les sauces (Frank SINATRA, The ANIMALS, Jerry Lee LEWIS, jusqu’à Hugh LAURIE alias Dr House ou The Dixie Chicks). Peggy LEE nous assène une version sans esbroufe, les arrangements et la rythmique de Shelly Manne et de Max Bennett sont un modèle de groove et de métronome. L’une des meilleures versions féminines avec celles de Timi Yuro et Brenda LEE.

Peggy LEE dispose d’une seconde corde à son arc, se révélant dans un rôle de compositrice avec "Whee Baby", une chanson où l’orchestre de Sid Feller tente de la placer sur orbite. Hélas, le jeu de trompette de Feller s’annonce aussi systématique que répétitif. Seconde compo avec "Mañana (Is Soon Enough for Me", coécrite avec Dave Barbour, ancien mari et guitariste, à la fin des forties. Si le morceau remonte à loin, il permet de changer de coloration en prenant une teinte résolument latine. Un titre festif qui marque une rupture avec le ton général et qui connaîtra une seconde vie par l’entremise de Dean Martin.

On aurait pu espérer un meilleur échantillonnage avec une trame plus groovy. Capital semble avoir privilégié un écrémage varié mettant en avant plusieurs registres dans lesquels la chanteuse est dans son élément. Cependant, si on remarque un différentiel entre les titres enregistrés durant l’été 57 et les sessions des deux années suivantes, le constat est encore plus visible avec les morceaux que Peggy LEE avait enregistrés antérieurement avec d’autres orchestres. Si le résultat apparaît inégal, cette compilation ne mérite pas de descendre au-dessous de la moyenne.

Note réelle 2,5 arrondie à 3 grâce à "Fever", titre souvent repris mais jamais égalé.

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   LE KINGBEE

 
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- Peggy Lee (chant)
- Howard Roberts (guitare 1-5-7-8-10)
- Al Hendirickson (guitare 5-7-10)
- William Pitman (guitare 5-7-10)
- Allan Reus (guitare 5-7-10)
- Barney Kessel (guitare 4-11)
- Joe Mondragon (basse 1-8)
- Max Bennett (basse 5-7-10-11)
- Meyer Rubin (basse 4)
- Shelly Manne (batterie 1-4-5-7-8-10)
- Mel Lewis (batterie 11)
- James Rowles (piano 4-5-7-10)
- Joe Harnell (piano 1-8)
- Lou Levy (piano 11)
- Justin Gordon (saxophone 1-8)
- George Smith (saxophone 1-8)
- Buddy Collette (saxophone 11)
- Joe Cook (saxophone 11)
- Arthur Herfut (saxophone 11)
- William Skalak (saxophone 11)
- Benny Carter (saxophone, tuba 4)
- Mahlon Clark (saxophone, clarinette 4)
- Wilbur Schwartz (saxophone, clarinette 11)
- Conrad Gozzo (trompette 1-8-11)
- Manny Klein (trompette 1-4-5-7-8-10)
- Uan Rasey (trompette 5-7-10)
- Sid Feller (trompette3-9-12, orchestre)
- Don Fagerquist (trompette 1-5-7-8-10)
- Pete Candoli (trompette 11)
- Harry Edison (trompette 11)
- Vito Mangano (trompette 11)
- Ed Kusby (trombone 5-7-10)
- Stuart Williamson (trombone 5-7-10)
- Milton Bernhart (trombone 1-4-8)
- Bob Enevoldsen (trombone 1-8)
- Richard Noel (trombone 11)
- Tommy Pederson (trombone 11)
- George Roberts (trombone 11)
- Juan Tizol (trombone 11)
- John Cave (cornet 5-7-10)
- Herman Lebow (cor 5-7-10)
- Richard Perissi (cor 5-7-10)
- The Jimmy Joyce Children's Choir (chœurs 2)


1. Fever
2. Where Do I Go From Here
3. Whee, Baby
4. My Man
5. You Deserve
6. Manana
7. Hallelujah, I Love Him So
8. You Don't Know
9. Louisville Lou
10. I'm Lookin' Out The Window
11. It Keeps You Young
12. Let's Call It A Day



             



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