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- Style : Helen Merrill

Peggy LEE - In Love Again ! (1964)
Par LE KINGBEE le 12 Juin 2022          Consultée 671 fois

Nous sommes en 1964 et Peggy LEE, l’une des meilleures vendeuses de la firme Capitol, remet le couvert. Vu sous cet angle, on laisse libre à chacun de penser que le label aurait eu tendance à confondre chanteuse et vache à lait. Précisons qu’entre 1962 et 1963, Peggy LEE a enregistré pas moins de cinq albums, auxquels il convient d'ajouter une flopée de singles agrémenté de quelques duos, phénomène alors en vogue. Ne tirons pas sur l’ambulance (Capitol en l’occurrence) plus que nécessaire, cette cadence était monnaie courante en cette période des sixties.

Pour "Big" Dave Cavanaugh, producteur attitré, Peggy est une bouée de sauvetage. Quel que soit le registre (Jazz Vocal, Variété Internationale ou Pop) la chanteuse est à l’aise dans pas mal de domaines. A elle seule, elle permet à sa maison de disques d’équilibrer les comptes. Autre aspect important, Peggy se montre toujours enjouée, sans saute d’humeur contrairement aux générations futures qui boudent au moindre prétexte. Enfin, comme le dit l’adage, Autres temps autres mœurs.

Si la couverture s’avère comme souvent assez sobre, un visage souriant avec un arrière-plan aussi noir qu’ascétique. Mais ce qu’on retient, c’est avant tout le titre du disque, un intitulé capable d’intéresser toute ménagère lambda et tout citoyen répondant aux critères de l’American Way of Life. En 1964, date de sortie du disque, Peggy se mariait pour la quatrième fois, évènement qui ne semble pas avoir créé les foudres des bienpensants ni des tabloïds de l’époque. Autre petit changement, Capitol a cru bon d’affubler la chanteuse d’un Miss, procédé souvent employé dans les domaines du Jazz et du Blues.

Cet album provient de quatre sessions (29 mai, 30 octobre, 2 novembre et 7 décembre 63) gravées à Hollywood, antre des studios Capitol sur North Vine Street. Si Bill Holman, Shorty Rogers et Dick Hazard se succèdent aux arrangements selon leur disponibilité, Peggy retrouve quelques-uns de ses fidèles accompagnateurs (Max Bennett, Justin Gordon ou Lou Levy).

Afin de trouver une trame au disque, Cavanaugh suggère l’amour, thème bien propice d’autant que Peggy ne tardera pas à convoler en justes noces avec Jack Del Rio, percussionniste de son état. D’ailleurs, le disque reprend en partie le titre d’une chanson coécrite avec le pianiste Cy Coleman, curieusement placée en dixième piste. Une version tout en douceur qui fait oublier l’horrible cover du crooner Tony Bennett. Cy Coleman apporte deux autres chansons issues de sa plume : "I’ve Got Your Number", titre en provenance de la comédie musicale de Neil Simon Little Me, pièce qui vaut un Award au chorégraphe Bob Fosse. Si la chanson avait connu une première mouture trop maniérée via le danseur chanteur Swen Swenson, Peggy nous délivre une version plus simple avec une note d’humour, une version avantageuse d’autant qu’elle ne s’éternise pas. Pour l’anecdote, le morceau enregistré en 1965 par Marvin GAYE sera publié cinquante ans plus tard sur une compilation Motown. Troisième et dernière contribution de Coleman avec "That’s My Style", un titre rythmé et cuivré qui évoque les futurs chantiers vocaux de Bette MIDDLER et Barbra STREISAND.

De la douceur, il en est encore question avec "Little By Little" *, une vieille compo de Robert Dolan datant des thirties. Si la chanson fut souvent reprise sous forme de Jazz Hokum, l’orchestration et les arrangements lui donnent ici un sacré coup de jeune, transformant une vieillerie en une douce balade Jazzy. Grand succès de Don GIBSON avant d’être repris par Ray CHARLES qui le fera grimper sur la 1ère marche des charts, "I Can’t Stop Loving You" sera repris par une impressionnante cohorte de péquenots, de soulmen et de rabatteurs en tout genre. Chez nous, Richard Anthony et Sacha Distel adapteront la ritournelle avec "C’était plus fort que nous", morceau aux paroles flirtant entre le risible et l’affligeant, mais finalement guère plus qu’une bonne moitié de la production française du moment, mais c’est là un autre débat. Peggy LEE nous délivre ici une version épurée pleine d’onctuosité avec une contrebasse hyper groovy et une pléthore de violonistes qui s’intègrent, une fois n’est pas coutume, parfaitement dans la mélodie. Autres petites onctuosités avec "Unforgettable", sucrerie d’Irving Gordon chantée par Nat King Cole et popularisée par Dinah Washington ou "Once (Ils S’aimaient)", une compo du français Guy Magenta chantée à l’origine par Virginia Vee, qui distille ici un doux parfum de Bossa Nova, fragrance alors à la mode. Autre petite douceur avec "I Got Lost In His Arms" tirée de la comédie d’après-guerre Annie Get Your Gun (Annie au Far West), là l’orchestre s’écarte des carcans habituels par le biais de percussions latines qui évitent toute forme de rudesse, privilégiant ainsi un tempo lent mais dansant. De l’impulsion exotique, on n’en retrouve encore en fermeture sur "How Insensitive", l’adaptation américaine du "Insensateze" de Jobim, grand artisan de la Bossa Nova.

Si délicatesse, douceur et nonchalance demeurent les principaux ingrédients de cette galette, trois titres plus énergiques invitent les auditeurs à tenter quelques pas de danse : "The Moment of Truth" ** surfe entre Big Band et Jazz Mainstream. "A Lot Of Livin’ To Do" pioché "Bye Bye Birdie" une comédie critique et caustique sur le quotidien des Américains s’avère délicieusement rythmé, sous de rutilants cuivres. Peggy LEE témoigne qu’elle peut faire preuve d’un humour plein d’ironie. Délivrons une mention spéciale à "Got That Magic", seule compo de l’album, une pièce virevoltante aux confins du Rock' N' Roll.

Au final, ce disque qui tangue habilement entre Jazz Vocal et Variété Internationale vient s’insérer avec adresse dans l’épaisse discographie de la chanteuse. Du cousu main pour la chanteuse au répertoire surfant entre titres clichés sortis du contexte de Broadway et de douces balades Jazzy. Ce disque est toutefois à classer sur l’étagère de la Variété Internationale.


*Titre homonyme à ceux interprétés par Junior Wells, The Rolling Stones, Dusty Springfield et Oasis.
**Titre homonyme à celui des Surfaris.

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   LE KINGBEE

 
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- Peggy Lee (chant)
- Dennis Budimir (guitare)
- John Pisano (guitare)
- Maw Bennett (contrebasse, basse)
- Lou Levy (piano)
- Stan Levey (batterie)
- Francisco Aguabella (bongos, congas)
- Vincent De Rosa (cor, hautbois)
- Richard Perisi (cor, saxophone)
- James Decker (cor)
- Justin Gordon (saxophone, flûte)
- Victorarno (violon)
- Harry Blostein (violon)
- David Frisina (violon)
- James Getzoff (violon)
- Ben Gill (violon)
- Stanley Plummer (violon)
- Nathan Ross (violon)
- Paul Shure (violon)
- Marshall Sosson (violon)
- William Weiss (violon, violoncelle)


1. A Lot Of Livin' To Do
2. I've Got Your Number
3. Little By Little
4. Got That Magic
5. The Moment Of Truth
6. That's My Style
7. I Can't Stop Loving You
8. Unforgettable
9. Once (ils S'aimaient)
10. (i'm) In Love Again
11. I Got Lost In His Arms
12. How Insensative (insensatez)



             



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