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- Style : Helen Merrill

Peggy LEE - Blues Cross Country (1962)
Par LE KINGBEE le 5 Avril 2022          Consultée 492 fois

Peggy LEE nous invite à voyager à travers le territoire américain, une expédition avec pas moins de douze escales ayant pour toile de fond le Blues comme trame principale. La pochette et le titre de l’album sont explicites, on peut admirer au passage cette carte géographique vintage qui rappellera à certains les décors qu’on retrouvait dans nos classes d’antan, des univers désormais prisés par les collectionneurs. On doit ce visuel à John Engstead, un graphiste spécialisé dans les photos de chanteuses (Joni James, Jo Stafford, Connie Francis) et d’actrices ayant tenté de pousser la chansonnette. Il s’agit là de la troisième participation du photographe, une collaboration qui ne tardera pas à s’éterniser pendant de longues années.

Ce disque provient de quatre sessions (14-15 ; -17 ; – 19 avril 1961) enregistrées à Hollywood au Capitol Tower situé sur North Vine Street. Ancien saxophoniste, arrangeur à ses heures perdues, Big Dave Cavanaugh décide de confier encore une fois l’orchestration et les arrangements à Quincy Jones. C’est une armada impressionnante qui épaule la chanteuse, parmi lesquels on dénombre plusieurs fidèles de Peggy : les saxophonistes Buddy Collette (ex-Chico Hamilton), Justin Gordon (Ella Fitzgerald, Anita O’DAY), Bill Perkins (Chet Baker, Stan Kenton), les trompettistes Jack Sheldon (Mel Tormé, Stan Kenton), Al Porcino (Cal Tjader), Conrad Gozzo (Woody Herman, Dinah Washington), le guitariste Dennis Budimir (Chico Hamilton, Eric Dolphy), le pianiste James Rowles (Stan Getz, Barney Kessel), le batteur Stan Levey (Oscar Peterson, Charlie Parker) ou le bassiste Max Bennett (Bobby Scott, Ella Fitzgerald). A la lecture de ces noms, Peggy LEE est soutenue par le gratin des jazzmen de studio.

Si les titres proviennent majoritairement du registre Blues, il n’est guère question de 12 mesures ici. Quincy Jones et Benny Carter gomment toutes traces bluesy, orientant le répertoire dans un mélange de Big Band et de Jazz Vocal, domaines alors en pleine expansion depuis le milieu des fifties. C’est simple, on croirait parfois que Peggy chante au milieu des orchestres de Count Basie ou de Duke Ellington.

Point de départ de cette invitation au voyage, un standard du binôme Leiber & Stoller, "Kansas City", enregistré pour la première fois par Little Willie Littlefield en 52 sous le titre de" K.C. Loving". La chanson connaît un immense succès au début de 1959 via Wilbert Harrison. Depuis, le morceau est passé à la moulinette, cuisiné à toutes les sauces : Rock n Roll (Little Richard), Surf (Dick Dale), Pop (Herman’s Hermits), Blues (Albert King), Jazz (Count Basie). Chez nous, Eddy Mitchell en fera une adaptation au texte très éloigné de l’original. Si la contrebasse marque le tempo, des cuivres rutilants boostent le tempo au milieu du morceau.
Après cette escapade dans le Midwest, Peggy propose une descente vers la Nouvelle Orléans avec "Basin Street Blues". Enregistré par Louis Armstrong à la fin des années 20, ce quartier de la Crescent City a fait le bonheur de nombreux jazzmen et crooners. Peggy délivre une version intimiste dans laquelle le caractère Big Band disparaît totalement au profit d’un petit quintet. A noter que chez nous, Colette MAGNY en délivra une intéressante version.
Peggy nous refourgue "I Lost My Sugar In Salt Lake City", titre de Leo, René, qu’elle interprétait dans "The Beauty And The Beat". On regrette la montée des cuivres, alors que l’intro contrebasse-batterie laissait pointer un moment plus intimiste. Cette version nous semble cependant plus captivante que celles de Johnny Mercer ou de Julie London bien barbantes. Un voyage au pays du Blues sans une escale à Chicago aurait pu paraître incongru. Peggy LEE reprend "Goin’ To Chicago Blues" dans une version Jazz pas si éloignée de l’originale de Count Basie chantée par Jimmy Rushing. Le titre a connu de multiples mitonades, Doc et Merle Watson en firent un Folk Blues de bonne tenue, tandis que Roy Gaines et Fenton Robinson le transformèrent dans des Blues fort recommandables.

Peggy LEE parsème l’album d’une grosse poignée de compos coécrites avec Quincy Jones : "Los Angeles Blues" dans lequel elle prend un ton humoristique, "New York City Blues" interprété de façon plus intimiste s’accélère brutalement à partir du premier tiers. "The Train Blues" se révèle plus moelleux, l’accompagnement guitare/piano impulse une coloration plus confidentielle.
Peggy LEE a également composé quelques chansons avec le pianiste Milt Raskin et Bill Schluger (pseudo de Big Dave Cavanaugh) : "San Francisco Blues" titre dans lequel l’orchestre n’a de cesse de placer la chanteuse sur orbite. Au vu des brefs passages de guitare, on aurait aimé que Dennis Budimir nous offre un ou deux petits solos. "Fisherman's Wharf" * mérite selon nous de figurer au tableau d’honneur, l’orchestre et les arrangements de Quincy Jones impriment au morceau un rythme nettement plus langoureux et groovy, les cuivres s’avèrent plus discret tandis que Frank Strazzeri balance de subtiles touches d’ivoires. On risque de rire jaune en découvrant les paroles de "The Grain Belt Blues", alors qu’une grave crise céréalière nous tend les bras suite aux événements se déroulant à l’Est. Peggy nous délivre une seconde chanson pleine d’ingrédients culinaires avec le rythmé "Boston Beans", un plaidoyer pour une cuisine simple à base d’haricots, composant introuvable à Boston. Une chanson pleine de verve et d’humour : I took a trip to Boston – I was feeling in the mood- For a plate of that wonderful famous food - They have no beans in Boston….

Terminons ce tour d’horizon par la dernière étape, la plus connue, avec "Saint Louis Blues", titre issu du Vaudeville dont W.C. Handy s’est attribué les droits suite à sa dépose au service du copyright américain, une affaire pour le moins juteuse, le bonhomme étant alors sans le sou. Si Bessie Smith et plus tard Paul Robeson reprirent le titre avec succès, celui-ci a depuis été mitonné à toutes les sauces même les plus inimaginables.

Si les thèmes du voyage et du Blues demeurent des prétextes aussi agréables qu’imparables, Peggy LEE, au vu de sa prestation, pourrait aisément se parer de la tenue du guide touristique. Si on peut parfois reprocher une production d’époque et une orchestration trop cuivrée, ce "Blues Cross Country" qui n’a pas pris trop de rides rappelle la richesse du Jazz Vocal du début des sixties.


*Titre homonyme à celui de Stan Rogers.

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- Peggy Lee (chant)
- Dennis Budimir (guitare)
- Max K. Bennett (contrebasse, basse)
- Stan Levey (batterie)
- Frank 'chico' Guerrero (congas)
- James Rowles (piano 1-2-3-4-5-7-8-10-11-12)
- Frank Strazzari (piano 6-9)
- Justin Gordon (saxophone)
- Jack Nimitz (saxophone)
- Buddy Collette (saxophone)
- Bill Perkins (saxophone)
- Bill Green (saxophone)
- Benny Carter (tuba, saxophone)
- Walter 'pete' Candoli (trompette)
- Conrad Gozzo (trompette)
- Joe Graves (trompette)
- Al Porcino (trompette)
- Jack Sheldon (trompette)
- Ray Triscari (trompette, flute)
- Vernon Friley (trombone)
- Lewis Mccreary (trombone)
- Tom Shepard (trombone)
- Frank Rasolino (trombone)
- Bob Knight (trombone)


1. Kansas City
2. Basin Street Blues
3. Los Angeles Blues
4. I Lost My Sugar In Salt Lake City
5. The Grain Belt Blues
6. New York City Blues
7. Goin' To Chicago Blues
8. San Francisco Blues
9. Fisherman's Wharf
10. Boston Beans
11. The Train Blues
12. St. Louis Blues



             



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