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- Style : Helen Merrill

Peggy LEE - Sugar N Spice (1962)
Par LE KINGBEE le 6 Décembre 2021          Consultée 767 fois

Aujourd’hui, bien qu'un peu datée, si cette pochette sonne encore glamour, le visuel dorsal ferait frémir les défenseurs des animaux avec ce manteau de fourrure. Preuve d’une évolution dans les mentalités. Personne ne doute que la chanteuse se soit prise d’affection pour ce matou de gouttière qui semble aussi gras qu’un moine.

Ce disque provient de quatre sessions (28, 31 mars - 2, 4 avril 1962) captées dans les studios Capitol à Hollywood sous la houlette du producteur Dave Cavanaugh. Historiquement, les séances des 29 et 30 mars avec sept titres, passent à la trappe, suite à une décision du producteur. Pour Capitol, il n’est pas question de faire de vague et encore moins de changer une formule qui marche encore, d’autant plus que Peggy LEE reste une valeur constante et sûre du point de vue financier, le nerf de la guerre.

Si les arrangements diffèrent selon les sessions, Benny Carter, Billy Byers, Billy May et Shorty Rogers ayant mis la main à la pâte, l’orchestration est dirigée par Benny Carter. Malgré plusieurs changements d’accompagnateurs selon les sessions, on trouve toujours une certaine continuité dans le répertoire de la chanteuse. Certains des sidemen présents sont de fidèles complices de la chanteuse. Le titre du disque sous-entend que Peggy LEE passe du sucré au salé. En fin de compte, Capitol lui a concocté encore une fois du sur mesure avec 12 pistes oscillant entre Jazz Vocal et Variété Internationale n’ayant rien de révolutionnaire. Il ne s’agit pas d’offusquer la ménagère lambda ni de lancer un pavé sur les principes de la bienséance ou de remettre en cause l’American Way of Life qui commence à s’étioler.

Quoi de mieux en guise d’hors-d’œuvre qu’un ancien titre de Ray CHARLES cuisiné avec douceur et ajout d’une sauce blanche pour lancer les débats ? Si Brenda LEE alors gamine avait repris la chanson du Genious, Peggy LEE apporte ici maturité et délicatesse tandis que le percussionniste Francisco "Chino" Pozo contribue à développer une ambiance cubaine de bon aloi. Une version mieux maitrisée que celle de Jackie De Shannon ou la guimauve de Bobby Darin.
Second emprunt à Ray Charles avec "Tell All The World About You" délivré sur un tempo rapide et une orchestration alliant habilement Soul et Latino. Une version bien moins servile que la cover de Dusty SPRINGFIELD.
Petite visite dans notre contrée avec l’adaptation américaine d’"Embrasse Moi", une petite douceur d’Aimé Barelli, ancien trompettiste ayant sévi à Monaco. Initialement gravé sous forme de Rag, "Big Bad Bill" a connu trente ans de disette avant que Peggy LEE ne le reprenne sous forme d’un Jazz Big Band. Certains amateurs de Hard et de Rock reconnaîtront la mélodie, VAN HALEN reprenant le morceau à son compte dans l’album Diver Down.
Plusieurs balades entre Jazz Vocal et Pop Stylisée occasionnent une douillette pigmentation : "When The Sun Comes Out" se déguste agréablement, même si la version d’Ella FITZGERALD nous paraît plus captivante. "I Don’t Wanna Leave You Now", seule compo hormis l’adaptation, s’inscrit sur un registre identique, Peggy LEE se dévoilant plus drôle en menaçant de quitter le foyer conjugal.

On retrouve plusieurs titres liés à la scène de Broadway : "The Best Is Yet To Come", titre gravé par Jesse Belvin, relègue selon nous les interprétations du crooner Tony Bennett ou de l’insipide Stacey Kent. Seule la reprise de Chaka KHAN épaulée par le London Symphony Orchestra nous paraît un cran au-dessus. Il y a fort à parier que Michel LEGRAND s'est inspiré de l’intro pour le générique du film Peau d’âne de Jacques Demy. Issue de "How to Succeed in Business Without Really Trying", comédie musicale de Frank Loesser ayant remporté un Award, "I Believe In You" * tangue entre Jazz Vocal et Variété typique de la scène de Broadway. Si l’intro de contrebasse aurait mérité une rallonge, Peggy se révèle expressive et pleine de gaité. Une excellente version avec celle d’Anita O’DAY qui fait oublier les versions ultra rapides de Nancy Wilson, Dionne Warwick ou Frank SINATRA. Un titre toujours tendance, la new-yorkaise Jane Monheit vient de l’enregistrer.
Troisième pioche dans le répertoire de Broadway avec "The Sweetest Sounds", l’un des derniers succès de Richard Rodgers en provenance de "No Strings". Là, Peggy et ses musiciens apportent un brin de dynamisme par rapport à l’original de Diahann Carroll ou des essais postérieurs de Patti Page et Barbra STREISAND.

Cavanaugh a pris soin d’incorporer plusieurs standards américains : "Teach Me Tonight", titre fifties popularisé par les De Castro Sisters et Dinah Washington, repris à toutes les sauces (Louis PRIMA, Stevie WONDER, Wanda JACKSON, James Taylor).
Seconde pioche dans l’immense répertoire de la paire Arlen/Koehler avec "I've Got The World On A String", chanson en vogue dans les années 30 via Cab Calloway. Bien cuivré avec l’appui d’une flûte, la version de Peggy LEE fait aisément oublier les tentatives de Diane KRALL et Jermaine JACKSON.
Une fois n’est pas coutume, terminons par un petit coup de canon avec la reprise du "See See Rider", grand succès de Ma Rainey. Si ce grand classique a été mis à toutes les sauces (Blues, Soul, Folk, Jazz, Garage, Rock et même Zydeco) avec des recettes parfois discutables, Peggy LEE nous offre une orientation Jazzy délicate, le piano et la guitare comme seconds rôles prenant soin de ne pas se marcher sur les pieds.

Réédité en 2001 sous forme de CD avec 3 titres bonus, Sugar N Spice n’a pas pris trop de rides. Si les arrangements et l’orchestration portent la marque de fabrique du label Capitol, le répertoire s’engouffre la tête la première dans le registre des nombreuses productions Jazz/ Variété Internationale de l’époque. Le chant est toujours clair et délicat, il ne manque à vrai dire qu’un hit comme "Fever" pour que le disque caracole en tête dans la discographie luxuriante de la chanteuse. Ce répertoire vaut ceux de certaines consœurs contemporaines (Diane KRALL, Norah JONES, Stacey Kent, Lizz Wright, Jane Monheit et consorts). Ce disque est à ranger sur l’étagère de la Variété Internationale, mais celle du Jazz lui sied aussi bien.

*Titre homonyme à ceux de Neil YOUNG, Bob DYLAN, Kylie Minogue et TALK TALK.

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- Peggy Lee (chant)
- Al Hendrickson (guitare 1-2-3-5-6-7-8-12)
- Herb Ellis (guitare 4-9-10-11)
- Max Bennett (contrebasse)
- Lou Levy (piano)
- Mel Lewis (batterie)
- Emilio Radocchi (vibraphone 1-2-3-5-8-12, percussions)
- Francisco Pozzo (percussions 1-3-4-5-9-10-11)
- Al Porcino (trompette 1-2-3-4-5-8-9-10-11-12)
- Ray Triscari (trompette 1-2-3-4-5-8-9-10-11-12)
- Conrad Gozzo (trompette 1-2-3-5-8-12)
- Uan Rasey (trompette 4-9-10-11)
- Jack Sheldon (trompette 4-9-10-11)
- Tom Shepard (trompette 4-9-10-11)
- Milt Bernhart (trombone 1-2-3-4-5-8-9-10-11-12)
- George Roberts (trombone 1-3-5)
- Clarence Sherock (trombone 1-2-3-5-8-12)
- Kenny Shrover (trombone 1-2-3-4-5-8-9-10-11-12)
- Billy Byers (trombone 2-4-8-9-10-11-12)
- Benny Carter ( saxophone 1-3-5, arrangements)
- Justin Gordon (saxophone 1-2-3-5-8-12)
- Bill Green (saxophone, clarinette 4-9-10-11)
- Paul Horn (flûte 4-9-10-11)
- John Cave (cor 6-7)
- Willard Culley (cor 6-7)
- Vincent De Rosa (cor 6-7)
- Sinclair Lott (cor 6-7)
- Clarence Karella (tuba 6-7)


1. Ain't That Love
2. The Best Is Yet To Come
3. I Believe In You
4. Embrasse Moi
5. See See Rider
6. Teach Me Tonight
7. When The Sun Comes Out
8. Tell All The World About You
9. I Don't Wanna Leave You Now
10. The Sweetest Sounds
11. I've Got The World On A String
12. Big Bad Bill



             



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