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- Style : Helen Merrill

Peggy LEE - Black Coffee (1956)
Par LE KINGBEE le 17 Mars 2020          Consultée 1185 fois

Peggy LEE figure parmi les monuments du Jazz vocal et de la musique populaire américaine. Septième d’une famille de huit bambins, Norma Deloris Egstrom voit le jour dans le Dakota du Nord en mai 1920. Comme son nom l’indique, Norma a des ascendances scandinaves. L’enfance de la chanteuse est traversée de tragédies : sa mère, souffrant du diabète, décède en 1924 à la naissance de son huitième enfant, le septième étant mort-né. Son père, agent ferroviaire, épouse au bout d’un an en secondes noces l’infirmière qui était venue aider Selma (la mère). D’humeur changeante, la belle-mère se révèle vite une marâtre plutôt qu’une mère aimante. Afin de subvenir aux besoins de la famille, Norma se transforme en ouvrière agricole dès ses onze ans.

Le chant et la musique deviennent vite un exutoire pour la gamine qui fait alors ses gammes dans l’église méthodiste de Nortonville. A quinze ans, Norma se lance dans le théâtre à l’instigation d’un professeur. C’est à cette période qu’elle intègre le quintet de Lyle « Doc » Haines, un petit ensemble de Wimbledon où la famille s’est installée. En novembre 1936, elle participe à sa première émission radio, un show de 15 minutes appelé tout simplement Norma Egstrom pour la K.V.O.C, une radio de Valley City. En mai 1937, une fois diplômée, Norma quitte l’école et occupe un poste de serveuse de jour tout en chantant pour diverses radios locales. Engagée par la W.D.A.Y, une station-radio de Fargo, Norma se transforme en Peggy LEE sur les conseils du directeur des programmations Ken Kennedy. Après une période d’un an à Hollywood, Peggy est opérée pour la seconde fois d’une amygdalectomie, une opération à laquelle elle doit sa tessiture si particulière. Après avoir chanté au Doll House, elle est engagée par Benny Goodman durant l’été 41 en remplacement d’Helen Forrest. Elle reste dans l’orchestre jusqu’en mars 1943, date de son mariage avec Dave Barbour, guitariste (ex Billie Holiday, Artie Shaw, Glenn Miller) dans l’orchestre de Goodman aussitôt renvoyé.

A la naissance de sa fille, Peggy LEE se tient en retrait des studios et si elle n’enregistre que sporadiquement elle connaît de gros succès, « Somebody Else Is Taking My Place » grimpe au premier rang des hit-parades américains, bientôt suivi par « Why Don ‘t You Do Right », une reprise bluesy de Kansas Joe McCoy. Quand elle ne s’occupe pas de son bébé, Peggy LEE compose à profusion. La chanteuse retourne en studio avec son époux guitariste pour enregistrer une kyrielle de 78-tours pour Capitol. Après son divorce avec Barbour en 1951, Peggy LEE signe avec Decca, firme chez laquelle elle reste pendant quatre ans jusqu’à son retour chez Capitol. Au début des fifties, elle s’essaye au cinéma et connait en 1955 un grand succès en figurant sur la bande son de « Lady & The Tramp », film de Disney retraçant les mésaventures d’un couple de chiens amoureux. Tout un programme !

« Black Coffee » avec une pochette typique du milieu des fifties apparait dans les bacs en 1956 et demeure le premier album de Peggy LEE. Initialement, un 25 cm de huit pistes était sorti en 1953 avec une pochette en noir et blanc. Alors que le marché des disques 33-tours (L.P pour Long Play) est en plein essor, Decca décide de ressortir le disque avec quatre titres supplémentaires (les deux dernières pistes de chaque face).

Si Peggy LEE ne tarde pas à donner la fièvre au monde entier avec sa torride reprise d’un titre de Little Willie John, ce premier disque a toujours bénéficié des éloges de la presse. Presque soixante ans après sa sortie, son répertoire est toujours à la page et l’orchestration et les arrangements n’ont pas pris trop de rides. La seule question qu’on peut se poser ici étant dans quel tiroir ranger ce disque. En variété Internationale ou Jazz ? Pas aisé de se faire une idée précise, tant Peggy LEE était à l’aise dans plusieurs thématiques musicales.

« Black Coffee » est issu de trois sessions new-yorkaises remontant au 30 avril, 1er et 4 mai 1953, alors que les quatre rajouts sont enregistrés le 3 avril 56 à Los Angeles. Popularisé par Sarah Vaughan et Ella Fitzgerald, « Black Coffee », titre d’ouverture donnant son nom à l’album, se détache par la qualité de la trompette de Cootie Chesterfield⃰. Probablement la version la plus connue et pour tout dire la plus juste. Sinead O CONNOR, les POINTER SISTERS en délivreront de bonnes interprétations, sans oublier celle de Patricia KAAS un ton au-dessous. Création de Cole PORTER enregistrée dès le milieu des années trente par l’orchestre de Jimmy Dorsey pour Decca, « I’ve Got Under My Skin » a connu plus de 400 reprises. Peggy LEE nous en offre l’une des plus belles versions : le piano de Jimmy Rowles et la trompette de Chesterfield apposent une délicate parure dans laquelle le timbre de la chanteuse n’a plus qu’à s’engouffrer dans une parfaite corrélation. Parmi les multiples repreneurs du morceau, on conseille les essais d’Ethel Ennis, de Shirley BASSEY et de Neneh CHERRY dans une version Hip-Hop Nu Soul des plus captivantes. A contrario, Gloria GAYNOR dans une version Disco, ou plus récemment Ben L’Oncle Soul, ne rendent guère hommage au titre. Pour l’anecdote, Josephine Baker en a chanté l’adaptation « Vous faites partie de moi ».
Peggy LEE dépoussière plusieurs obscurités qu'elle parvient à populariser : « Easy Living » enregistré durant les thirties par Billie HOLIDAY ; on conseille également la version de Sarah VAUGHAN avec Joe Pass et Oscar Peterson. Autre emprunt à Cole PORTER avec « My Heart Belongs To Daddy », ou comment transformer un bouillon sans saveur en un gaspacho bien goûteux ! Quelques années plus tard, la belle Marilyn MONROE en fait une fanfreluche des plus charmantes. Une autre actrice essaie de surfer sur la vague mais Cybill Shepherd, ancienne complice de Bruce Willis dans une série télé, se prend les pieds dans le tapis. La chanteuse s’offre un moment de délicatesse avec « It Ain’t Necessarily So » issu de « Porgy & Bess », opéra du couple Gershwin.
Bien avant que Diana KRALL l’inscrive à son répertoire, « Gee Baby, Ain’t I Good To You » avait été un succès mineur pour Nat King Cole et Hot Lips Page. Si Peggy LEE se contente de placer sa voix avec naturel et simplicité, on retient la complicité entre la guitare de William Pitman, la contrebasse et le vibraphone de Larry Burker. La chanteuse adresse un clin d’œil à Benny Goodman avec « I Didn’t Know What Time It Was ». La native du Dakota reprend l’adaptation de Johnny Mercer du « Chevalier de Paris » chanté par Edith PIAF avec un petit début de Marseillaise en guise d’intro. Si Benny Goodman reprenait « Love Me Or Leave Me », il ne faut pas oublier que Fats WALLER avait enregistré le titre bien avant. Peggy Lee nous délivre ici une interprétation classieuse, trop peut-être ! Le disque s’achève avec « There’s A Small Hotel », titre tiré de la comédie musicale « On Your Toes » et dans laquelle la trompette et le piano se livrent à un bon duel.

Seuls « You’re My Thrill » et « A Woman Alone With The Blues » nous paraissent aujourd’hui un ton au- dessous. Les trois quarts de ces titres seront repris plus tard par moult chanteuses de Jazz, mais ne seront rarement (voir jamais) égalés. Epaulé par deux petits combos de virtuoses, Peggy LEE délivrait avec son premier disque un excellent petit coup de fouet bien Jazzy. Pour plus de cohérence, ce disque sera classé dans le Jazz Vocal. Sans les deux titres plus faiblards, le disque aurait mérité un bon 4.

⃰Cootie Chesterfield est le pseudo de Walter « Pete » Candoli, trompettiste ayant joué pour Benny Goodman, Tommy Dorsey, Woody Herman, Gerry Mulligan. On le retrouve dans les années 60 et 70 auprès d’artistes aussi divers qu’Henry MANCINI, Junior Mance ou The MONKEES.

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- Peggy Lee (chant)
- Jimmy Rowles (piano 1-2-3-4-7-8-9-10)
- Lou Levy (piano 5-6-11-12)
- William Pitman (guitare 5-6-11-12)
- Max Wayne (contrebasse 1-2-3-4-7-8-9-10)
- Buddy Clark (contrebasse 5-6-11-12)
- Ed Shaughnessy (batterie 1-2-3-4-7-8-9-10)
- Larry Bunker (batterie, percussions, vibraphone 5-6-11-12)
- Walter 'pete' Candoli (trompette 1-2-3-4-7-8-9-10)
- Stella Castelucci (harpe 5-6-11-12)


1. Black Coffee
2. I've Got You Under My Skin
3. Easy Living
4. My Heart Belongs To Daddy
5. It Ain't Necessarily So
6. Gee Baby, Ain't I Good To You
7. A Woman Alone With The Blues
8. I Didn't Know What Time It Was
9. When The World Was Young
10. Love Me Or Leave Me
11. You're My Thrill
12. There's A Small Hotel



             



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