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- Style : Helen Merrill

Peggy LEE - If You Go (1961)
Par LE KINGBEE le 31 Août 2020          Consultée 746 fois

Durant le début de l’été 1961, Peggy LEE retourne à Hollywood dans les studios de la Capitol Tower. Pour la firme Capitol qui vient de publier Basin Street East Proudly, un disque en public capté sur une scène new yorkaise, il est temps de renvoyer sa chanteuse vedette au charbon. Peggy tourne depuis quelques mois dans le giron d’un nouvel arrangeur en la personne de Quincy Jones. La chanteuse a déjà enregistré sous la houlette de ce nouveau venu quelques titres qui n’apparaîtront bizarrement qu’un an plus tard. Pour Capitol, la chronologie n’est pas importante, il faut avant tout produire des disques avec une trame plus ou moins bien définie et surtout amasser de l’argent bien frais. Il n’y a aucun mal à se faire du bien.

Peggy est donc expédiée dans les studios de North Vine Street les 22 et 23 juin pour quatre sessions (une le matin et une autre après le déjeuner). Elle reviendra en session les 24 et 27 juin pour graver quatre titres. Il faut dire que la session du 22 juin n’a pas donné satisfaction à Capitol qui refuse après un moment de réflexion de publier "My Guitar" et "Deep Purple". Lors des sessions du 23 juin après midi et du 24, Quincy Jones et son orchestre tenteront d’enregistrer "Farewell To Arms" et pour la seconde fois "My Guitar", mais la firme se montrera intransigeante et refusera d’incorporer les titres au nouvel opus. Pour Capitol et "Big" Dave Cavanaugh, il convient surtout de placer quelques barrières devant Quincy Jones, afin que celui-ci n’avance pas trop vite en besogne.

Ces quatre jours de sessions vont donner lieu à 12 titres, comme le veut la norme de l’époque. Peggy est ici secondée par une solide troupe d’accompagnateurs qui ont pour la plupart déjà épaulé la belle blonde. La première session donne lieu à quatre chansons dont "As Time Goes By", une création d’Herman Hupfeld figurant au générique de la comédie musicale "Everybody’s Welcome" au tout début des années trente. Faire du neuf avec du vieux. Si l’actrice Ann Sothern et Frances Williams avaient popularisé le titre à Broadway, celui-ci sera repris à moult occasions et ne tardera pas à tomber dans le créneau du Smooth Jazz en figurant au générique du film "Casablanca". Si Billie Holiday, Petula Clark, The FLAMINGOS, Cliff Richard, pas encore Sir, ou l’acteur Dirk Bogarde auteur d’un slam avant l’heure placèrent la chanson dans leur besace, la diction et la qualité du chant de Peggy font comme souvent toute la différence. Chez nous, CHRISTOPHE adaptera la chanson avec "Privé d’amour" tandis qu’Eddy MITCHELL en livrera un autre visage avec "Le Temps qui passe". Si Peggy Lee s’est quasiment toujours montrée très conciliante avec les exigences de sa maison de disque, la chanteuse pouvait se montrer plus ferme et résolue dans ses choix ; c’est ainsi qu’elle aurait exigé que "As The Goes By" ouvre son disque et que "Smile", immortalisé par le film Les temps Modernes, figure lui aussi dans cette galette. Si le titre de Chaplin a connu de belles interprétations instrumentales via Kenny DORHAM ou Oscar Peterson, il est hélas tombé sous la coupe de chanteuses effroyablement larmoyantes. Peggy Lee, à l’instar de Diana ROSS et Timi Yuro, échappe à cet effet nocif. Le titre du disque se révèle comme un hommage à Edith Piaf avec l’adaptation américaine, de "Si tu partais", une balade sentimentale et nostalgique et pour tout dire bien barbante.

Le reste du disque regroupe neuf faces s’emboîtant entre Smooth Jazz, balades sentimentales et orchestrations beaucoup trop « pépères » pour retenir vraiment l’attention. Il semble évident à l’orée des sixties que Capitol cantonne sa chanteuse dans un registre délicat plus proche de la variété internationale que du Jazz Vocal, même si la frontière entre les deux registres est parfois des plus mince. If You Go dévoile un ensemble de chansons ne faisant aucune vague. "Oh Love Hast Thou Forsaken Me", composé spécialement pour l’album, "I Wish I Didn’t Love You So", un vieux titre Capitol de Betty Hutton, "I’m Gonna Laugh You Right Out Of My Life", une compo du pianiste Cy Coleman qui fit la joie de crooners pleurnicheurs (Nat King Cole, Mel Tormé). "I Get Along Without You Very Well", inspiré d’un poème de Jane Brown Thompson, ne propose guère plus d’effervescence malgré l’apport de percussions se voulant exotiques. Si l’interprétation de Peggy LEE vaut largement celles de Chet BAKER ou Frank SINATRA, elle ne décolle jamais de la piste d’envol. Toujours tendance, cette vieille soupe sans grandes saveurs a été récemment reprise par l’ex Pretenders Chrissie HYNDE. Peggy Lee nous délivre une compo avec "(I Love You) Gypsy Heart", une balade sentimentale dans laquelle la guitare de Dennis Budimir (futur sideman d’Harry NILSSON, Chico Hamilton et The 5th Dimension) confère une sonorité hispanique. Enregistré quelques mois plus tôt sans succès par Gene McDaniels, "When I Was A Child" gomme ici toutes les facettes Soul au profit d’une guitare acoustique rappelant certaines comptines. Repris environ 500 fois par de nombreux chanteurs et chanteuses hélas trop souvent geignards, "Here’s That Rainy Day" ne vaut selon nous que par certaines versions instrumentales bien Jazzy (Bud Shank, Paul DESMOND, Philly Joe Jones, Martial Solal ou Wes MONTGOMERY).
Deux compositions du prolifique Irving Berlin viennent agrémenter la galette : "Say It Isn’t So", une vieille guimauve bien molle des années trente. On lui préfèrera les versions de BIG MAYBELLE ou de Sarah Vaughan plus groovy et vitaminées, celle de Peggy n’arrivant pas à nous sortir de notre léthargie. Second emprunt à l’exilé russe avec "Maybe It's Because (I Love You Too Much)", si la chanteuse se montre impeccable avec une orchestration lorgnant sur du Latin Jazz on aurait aimé plus d’audace pour un titre qui a la sagesse de ne pas s’éterniser (à peine 2 minutes).

Chers lecteurs, vous l’aurez compris à la lecture de ces lignes, ce disque fait figure de premier maillon faible dans la discographie de la native du Dakota. Si la diction, le timbre et le feeling de Peggy Lee sont toujours de la partie, l’orchestration bourrée de violons et de cuivres et les arrangements peu audacieux de Quincy Jones sonnent aujourd'hui beaucoup trop obsolètes. Pire encore, le choix des chansons constitué à 90% de balades lorgnant entre guimauves trop tendres et soupes bien fadasses, demeure aujourd'hui rédhibitoire. Malgré toute la sympathie que pouvait diffuser cette grande chanteuse, "If You Go" s’avère être une galette alternant entre ennui et insipidité, un peu comme si on avait remplacé le bon lait d’une crêpe bretonne par des lactoses industriels sans âme et sans goût. Si les influences du Jazz sont toujours disséminées dans le répertoire, le disque sera rangé dans le tiroir de la Variété Internationale.

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- Peggy Lee (chant)
- Dennis Budimir (guitare)
- Al Hendrickson (guitare 4-6-8-12)
- Max K. Bennett (basse, contrebasse)
- Shelby Manne (batterie)
- James Decker Percussions 2-3-9-11)
- Francisco 'chino' Pozo (congas 4-6-8-12)
- Mike Guttierez (percussions 4-6-8-12)
- Melvin Zelnick (percussions 4-6-8-12)
- Ramon Rivera (congas 4-6-8-12)
- Victor Feldman (piano, vibraphone)
- Ralph Kramer (orgue 1-5-7-10)
- Alvin Dinkin (violon 1-2-3-5-7-9-10-11)
- Cecil Figelski (violon 1-2-3-5-7-9-10-11)
- Paul Robyn (violon 1-2-3-5-7-9-10-11)
- Herman Clebanoff (violon 1-5-7-10)
- Harry Bluestone (violon 1-5-7-10)
- Jacques Gasselin (violon 1-5-7-10)
- James Getzoff (violon 1-5-7-10)
- Ben Gill (violon 1-5-7-10)
- Anatol Kaminski (violon 1-5-7-10)
- Louis Kaufman (violon 1-5-7-10)
- Dan Lube (violon 1-5-7-10)
- Paul Shure (violon 1-5-7-10)
- Felix Slatkin (violon 1-5-7-10)
- Marshall Sosson (violon 1-5-7-10)
- Victor Arno (violon 1-5)
- Eleanor Slatkin (violoncelle 1-2-3-5-7-9-10-11, chœurs)
- George Neikrug (violoncelle 1-2-3-5-7-9-10-11)
- Armand Koproff (violoncelle 1-2-3-5-7-9-10-11)
- Verlye Mills Brilhart (harpe 1-5)
- Justin Gordon (saxophone 2-3-4-6-8-9-11-12)
- Theodore Nash (saxophone, flûte 2-3-4-6-8-9-11-12)
- Jules Schwartz (saxophone 2-3-9-11)
- Jules Kinsler (saxophone 2-3-9-11)
- Pullman Pederson (trombone 2-3-9-11)
- George Roberts (trombone 2-3-9-11)
- Frank Rosalino (trombone 2-3-9-11)
- Dick Nash (trombone 8-12)
- John Cave (cor, tuba 2-3-9-11)
- Vincent Derosa (cor, hautbois 2-3-9-11)
- Richard Perissi (cor 2-3-9-11)


1. As Time Goes By
2. If You Go
3. Oh Love Hast Thou Forsaken Me
4. Say It Isn't So
5. I Wish I Didn't Love You So
6. Maybe It's Because (i Love You Too Much)
7. I'm Gonna Laugh You Out Of My Life
8. I Get Along Without You Very Well
9. (i Love Your) Gypsy Heart
10. When I Was A Child
11. Here's The Rainy Day
12. Smile



             



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