Paru en 1996, Signify marque une rupture majeure dans la carrière de PORCUPINE TREE : s’affranchissant largement des influences Psychédéliques, Space Rock voire Electroniques des albums précédents, le groupe pose un style qui constituera désormais la base des œuvres futures. Ce faisant, il affiche une personnalité nettement affirmée et une signature beaucoup plus originale, parfait reflet des influences et aspirations de son incontestable leader, Steven Wilson. La musique se teinte donc fortement de Rock Progressif, tout en s’autorisant des inflexions Folk, Pop, Metal, Jazz ou encore Electro : c’est cette palette de style qui sera la marque de fabrique de nos porcs épics, chaque titre ou album proposant un savant dosage entre ces différents ingrédients. La pochette saisissante évoque d’ailleurs peut-être la recherche d’un délicat équilibre entre ces éléments apparemment disparates.

Signify est également un grand pas en avant en termes de qualité artistique : l’écriture comme le son et la conception générale de l’album en font une œuvre beaucoup plus aboutie et attractive que les précédentes. La production met en œuvre toute une série d’effets et de bruitages qui assurent finalement à l’album une grande cohérence, dans une approche voisine de celle d’un concept album, ce qu’il n’est néanmoins pas réellement (malgré l’intro parlée qui nous invite à prendre part à un voyage sensoriel et l’outro cachée qui lui répond).

L’album est finalement un ensemble copieux de 10 titres principaux (deux font office d’intro et de transition), parmi lesquels 4 instrumentaux de style varié. "Signifiy" au riff de guitare hypnotique introduit joliment l’opus avec un rendu très rock, alors que "Waiting Phase 2" se veut beaucoup plus atmosphérique, au même titre que "Light Mass Prayer" à l’ambiance sombre et intrigante. "Intermediate Jesus", œuvre collective proche de l’esprit du Free Jazz, constitue une belle réussite.
Parmi les titres chantés, "Waiting Phase 1" révèle une séduction pop quasi immédiate, et un superbe solo de Steven à la Wah-Wah, alors que "Sleep Of No Dreaming" s’impose également dans un registre d’abord plus intime avant un refrain explosif. "Sever" est gorgé de voix étranges et fortes qui viennent apporter un intéressant contraste avec le chant quasi incantatoire de Steven, une belle réussite pour un des titres marquants de l’album. Le titre de fin, "Dark Matter" est peut-être le sommet du disque, dévoilant une ambiance intrigante, très cinématographique, et des passages de guitare lead très 'Gilmour'. "Idiot Prayer", composé avec Edwin, et "Every Home Is Wired" sont également des titres intenses et intéressants.

Avec Signify, le cadre est posé et les ingrédients sont tous présents. C’est la première vraie réussite du groupe (même si j’aime beaucoup The Sky Moves Sideways et une porte grande ouverte vers les succès à venir. Un album important à redécouvrir.