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THUNDER - Robert Johnson's Tombstone (2006)
Par GEGERS le 24 Octobre 2023          Consultée 745 fois

Vous pouvez invoquer tous les dieux de votre Panthéon personnel, crier à l'hérésie, dénoncer quelque sorcellerie ou incantation diabolique, les faits sont là alors qu'en ce mois d'octobre 2006 les jours raccourcissent et les arbres rougissent : 17 ans après ses débuts, avec désormais 8 albums sous le bras, THUNDER propose avec Robert Johnson's Tombstone son album le plus puissant et nuancé, le plus immédiat et subtil, en un mot comme en cent : le plus inspiré.

Le constat n'est pas évident. Après tout, on le sait, ces vieilles brodes du hard rock ont craché leur venin le plus acide avec leurs premières salves discographiques, et ont essoré la machine jusqu'à ressortir exsangues, vidés de leur substance et de leur inspiration. Tellement d'exemples le démontrent, et chez THUNDER, pourquoi les choses seraient-elles différentes ? Depuis son premier album unanimement reconnu comme son meilleur, le groupe britannique fait-il autre chose que courir après le climax d'une inspiration qui rend vaine toute tentative d'émulation ? Oui, il y a chez THUNDER une constance, une abnégation et surtout une infaillible persévérance qui vont au-delà de la tentative de reproduction d'un passé glorieux. Le groupe conjugue sa musique au présent, s'adaptant à l'époque avec plus ou moins de réussite, mais restant fidèle à son manifeste : le hard rock transcende les âges, les frontières et les clivages. Et finalement, en 2006, et après le très réussi The Magnificient Seventh ! qui n'est pas passé loin du sans-faute, la formation de Luke Morley nous balance Robert Johnson's Tombstone, un album dont chaque note est un cadeau, chaque morceau un don du ciel, ou du malin, tout dépend de quel côté vous vous situez.

Justement, il est d'entrée question du diable avec le morceau-titre qui ouvre l'album, narration librement adaptée de l'histoire du bluesman Robert Johnson dont l'histoire bien connue regorge de zones d'ombres qui laisse la place à tous les fantasmes. Mise en musique par Luke Morley et ses camarades, l'histoire démarre comme le conte d'une grand-mère de quelque état du sud des Etats-Unis, au son des grillons et d'une chaise à bascule, avant de s'enhardir avec l'arrivée d'une guitare électrique dont le tempo medium renforce l'impact et la puissance. Il y a un groove irrésistible et ce sont ici les ajouts discrets (un piano, des clap-hands) qui donnent à ce titre son identité et sa saveur. Porté par un refrain à la mélodique contagieuse, ce titre se fait le porte-drapeau d'un album qui ne connaît pas la médiocrité.

Il y a ici les titres les plus inspirés du groupe depuis son album fondateur de 1989. Les plus espiègles également, à l'image de "Dirty Dream" ou "The Devil Made Me Do It", deux belles histoires salaces qui semblent taillées pour le charisme naturel que l'on retrouve dans la voix de Danny Bowes. Les refrains, ici encore, sont d'une clarté et d'une immédiateté qui relèvent du miracle, ou tout du moins de l'inattendu. Comme galvanisé, THUNDER décoche ici des flèches empoisonnées qui nous inoculent un plaisir ininterrompu tant que dure l'album. A l'inverse des titres hard rock légers et directs précités, le groupe propose avec "Last Man Standing" un de ses morceaux les plus sombres et alambiqués, porté par un riff agressif contrecarré, à nouveau, par un refrain plus mélodique qui, comme une rédemption, change totalement l'ambiance de ce morceau épique et profond. Moins blues et plus foncièrement, "Andy Warhol said" et ses guitares avenantes ou "Don't Wanna Talk About Love", de prime abord anodins, se transforment rapidement en piliers, remplissant les espaces avec leurs belles inventions instrumentales et mélodiques. Les ballades ne sont pas en reste : "My Darkest Hour", avec ses arpèges acoustiques et ses cordes frottées, dégage une émotion décuplée par la performance toute en retenue de Danny Bowes. "It's All About You", plus foisonnante en termes d'instrumentation, voit un piano et une guitare aventureuse s'entremêler pour un résultat d'une beauté stellaire.

Tout compte fait, il y a sur ce Robert Johnson's Tombstone tout ce qui fait de THUNDER un groupe unique sur la scène hard rock. Ce huitième album amuse, émeut, électrise et enthousiasme, porté par une presque douzaine de titres dont la fraîcheur et l'impact sont encore intacts. Soufflé par le diable, offert par le divin, ce huitième album de THUNDER est aussi un essentiel du groupe, pour les novices comme les aficionados. Quelle pépite !

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   GEGERS

 
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- Danny Bowes (chant)
- Luke Morley (guitare)
- Ben Matthews (guitare, claviers)
- Chris Childs (basse)
- Gary 'harry' James (batterie, percussions)


1. Robert Johnson's Tombstone
2. Dirty Dream
3. A Million Faces
4. Don't Wanna Talk About Love
5. The Devil Made Me Do It
6. Last Man Standing
7. My Darkest Hour
8. Andy Warhol Said
9. What A Beautiful Day
10. It's All About You
11. Stubborn Kinda Love



             



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