Dans le froid humide de l'hiver britannique, un étrange manège se déroule dans les murs du Château de Walton, près de Bristol. Cinq rockers Anglais et leur entourage transforment une des tourelles en salle de contrôle, une deuxième en un studio d'enregistrement, et voici que les musiciens s'affairent à mettre en boîte un album ! C'est ainsi entre les murs épais de ce château en bord de mer que THUNDER enregistre plusieurs semaines durant son neuvième album, le dernier avant une nouvelle pause, longue de cinq années.

Bang !, qui est illustré par ce qui constitue sans doute la pochette la plus moche sélectionnée par le groupe pour figurer sur un de ses albums, fait suite à la publication de deux EPs intéressants, Six of One… (octobre 2007) et …Half a Dozen of the Other (avril 2008), signe d'une certaine frénésie créatrice de la part des musiciens britanniques. Cet album se voit d'ailleurs, dans sa version originale, accompagné d'un nouvel EP, The Joy of Six, enregistré lors des mêmes sessions au Château de Walton.

Beaucoup de contenu donc, pour tenter de dissimuler une évidente baisse d'inspiration. En effet, deux ans après le formidable Robert Johnson's Tombstone, Bang ! semble un peu faiblard. Comme si Luke Morley, auteur/compositeur de l'intégralité des morceaux, également en charge de la production, avait déjà en tête son projet THE UNION qui allait l'occuper le temps de trois albums. Le propos est foncièrement hard rock, agrémenté de teintes blues (le morceau d'ouverture "On the Radio" est un petit bijou dans le style), mais, les guitares jouent souvent au ralenti, et laissent la place à des sonorités acoustiques qui peinent à se fondre dans le moule et dans l'intention que le groupe semble porter. Ainsi, dès "Carol Ann", troisième piste de l'album, Luke Morley et ses camarades nous semblent un peu ailleurs, émoussés. Les mélodies sentent un peu le réchauffé, et les refrains semblent faussement enjoués. L'énergie naturelle de l'album précédent semble ici bien loin, et si THUNDER sait toujours proposer des morceaux de qualité, l'impression générale laisse comme un petit goût amer.

Le syncopé et jazzy "Retribution" a beau être original, agrémenté d'un solo splendide, il est finalement sauvé avant tout par la force et l'intensité de son refrain. "Candy Man", juvénile et générique, est un titre passe-partout sans grande saveur, au même titre que la ballade "Watching Over You" et le mid-tempo blues "Miracle Man" qui tente d'émuler sans succès la période Robert Johnson's Tombstone. Tous les ingrédients sont là, mais il manque le liant, THUNDER semble ici se reposer sur ses acquis, ce qui après son excellent album précédent est malheureusement un peu court. La ballade "One Bullet", à la fois intime et profonde, sauve la fin d'album, mais le mal est fait : THUNDER est tout juste bon sur cet album dont on ne retient décidément pas grand-chose.

La fin de l'année 2008 sera l'occasion pour le groupe de présenter son album au public anglais. Après avoir annoncé sa volonté de cesser ses activités, le groupe se rend en 2009 dans plusieurs pays du continent européen et au Japon, se mettant ensuite en retrait jusqu'en 2015. Quelques années qui permettront à Luke Morley de pousser plus loin ses inspirations blues/folk plus acoustiques que l'on peut entendre sur cet album de THUNDER mais qui seront à leur place sur les albums de THE UNION. Un hiatus finalement nécessaire et salvateur.

2,5/5