Lorsque THUNDER se présente sur scène, à Leeds, le 3 mars 2015, dans une salle flambant neuve capable d'accueillir plus de 10000 personnes, le groupe britannique a d'autres choses en tête que la couleur des sièges. Les vétérans de la scène hard rock qui boit sa bière en pinte et met toujours un nuage de lait dans son thé sont fébriles. Leur nouvel album, Wonder Days, qui vient de sortir, marque la fin d'une pause discographique de sept ans. Et surtout, ce concert concrétise la rémission de Ben Matthews, guitariste rythmique et pianiste du groupe depuis ses débuts, victime d'un cancer de la gorge à l'issue longtemps incertaine.

THUNDER décide donc de reprendre ses activités en douceur. Quelques showcases en février, pour célébrer la sortie de son intéressant dixième album, et puis une courte tournée de trois dates au Royaume-Uni en mars, donc ce concert à Leeds est la première étape. Le groupe sera plus actif l'été venu, assurant une tournée des festivals en Europe, puis à l'automne où il sillonnera le continent en novembre (se produisant pour l'occasion à Paris au Divan du Monde, une de ses rares dates françaises).

C'est ainsi à un concert intense et riche en émotion que nous convie THUNDER, ce qui permet à ce show de s'extirper de la masse des albums en concert publiés par le groupe au fil des ans. La setlist, tout d'abord, est inédite, puisque la formation nous propose six extraits de son dernier rejeton, alternant titres énergiques et ballades gorgées de feeling. Ces morceaux passent fort bien le test du live, notamment la syncopée "Black Water" (sans aucun doute un des meilleurs titres de l'album). "Resurrection Day", lumineux et entraînant, est présenté comme un morceau traitant du sujet de la guérison ("We know who this is about", déclare Danny Bowes lors d'une rare intervention entre les titres). L'énergique "The Thing I Want", astucieusement placé au début de la deuxième moitié du show, procure un regain d'entrain par son riff énergique irrésistible.

A côté de ces nouveautés, le groupe puise modérément dans quelques albums récents, interprétant ces nouveaux classiques que sont devenus "The Devil Made me Do It" et "I Love You More Than Rock'n'roll". Et puis, le voici qui puisse naturellement dans ses remarquables albums de jeunesse pour constituer l'ossature de son concert, allant chercher du côté de Behind Closed Doors la formidable "River of Pain", extrayant de Laghing on Judgement Day la ballade "Low Life in High Places", sur laquelle Bowes s'amuse à asticoter le public, et bien entendu laissant la part belle aux quatre titres phare de son album Back Street Symphony, allongeant le final "Dirty Love" sur près de 10 minutes. La fine équipe, rassurée, lâche les chevaux et n'hésite pas à insérer quelques brins de folie dans ces pépites hard rock qui ne souffrent pas du passage du temps.

Dans la longue liste des albums live publiés par THUNDER, ce Live at Leeds n'est peut-être pas le plus aventureux ou le plus original, malgré la présence de nombreux titres de Wonder Days. Il offre néanmoins, par sa charge émotionnelle, un intérêt évident pour savourer, comprendre, vivre par procuration, l'intensité générée par ce concert de vétérans devenus des survivants. Une sortie très recommandable.