Dire que Dougie MacLean est un homme discret relève d'un doux euphémisme. L'auteur du morceau intemporel « Caledonia » (considéré par la majorité des Écossais comme le morceau le plus représentatif de leur nation) ainsi que du célèbre thème musical aux intonations celtiques du Dernier des Mohicans, ne fait plus parler de lui qu'en de rares occasions. En sortant son propre whisky 12 ans d'âge par exemple, ou en mettant sur pied chaque année le Dougie MacLean Festival dans son Perthshire natal. A 56 ans, l'artiste n'a plus rien à prouver. Découvreur de nouveaux talents, le Celte à la longue chevelure n'en a pas pour autant abandonné sa carrière solo, puisqu'il propose avec Resolution son 19ème album studio, cinq ans après un Inside the Thunder plutôt anecdotique. Pur petit plaisir personnel, la sortie de cet album se veut très confidentielle. Timidement annoncé sur le site officiel de l'artiste, ce nouvel opus ne tombera qu'entre les mains bienveillantes d'amateurs de l'Écossais, ou dans les oreilles curieuses des lecteurs de Forces Parallèles qui feront l'effort d'aller au-delà de cette chronique, pour aller découvrir l'univers apaisant et enivrant de Dougie MacLean.

Soyez les bienvenus donc, dans une Écosse rurale et bucolique. Non pas que Dougie ne se sente pas concerné par les problèmes économiques et sociaux que rencontrent ses contemporains, mais l'homme a suffisamment traité des injustices et difficultés liées aux peuples écossais lors de ses précédentes réalisations. Resolution se veut une collection de ballades folk contemplatives et poétiques, témoignages d'un artiste apaisé et prenant désormais le temps de vivre. L'album n'en est pas pour autant dénué de sentiments, comme l'illustre le titre éponyme qui ouvre l'album. Sur un refrain lancinant, porté par un piano et une flûte riches en émotions, « Resolution » narre la déception et l'amertume, la repentance et le pardon, thèmes universels s'il en est. Bien entendu, la guitare acoustique est toujours là, pièce-maîtresse de l'ensemble et point commun de chacun des dix titres de l'album. De sa voix grave, Dougie MacLean parle de la difficulté d'aimer (« Some Hearts » « Loving One »), de son éternelle admiration pour les Highlands et ses habitants (« il y a cette chaleur souterraine qui nous unit » chante-t-il sur « Over Us All »), et de ces petits bonheurs quotidiens, indiciblement liés à la terre et à la ruralité, qui rendent la vie plus supportable (l'artiste se fend d'une description bluffante de paysages écossais sur « Weather Eyes »). Loin de nous proposer une nature morte, Dougie MacLean nous propose une nature vivante, vibrante, riche en enseignements et en petits plaisirs salvateurs.

Apportant de discrètes touches celtiques (flûtes, violon) ou aborigènes (le didgeridoo de « Over Us All »), Dougie MacLean se fait le colporteur d'un folk d'une intensité et d'une beauté rare. Parmi les grandes réussites de l'opus, nous retiendrons le premier titre « Resolution », mais également la terrible ballade « Then We Cried », traitant avec justesse et poésie de la cruauté de l'océan, ou encore l'enjoué et chaleureux « Disgraceful », qui n'aurait pas dépareillé sur les premiers albums de l'artiste, empreints de cette tendre naïveté que l'on parvient encore à déceler dans la voix du bonhomme.

Si Resolution ne s'impose pas comme le chef-d'œuvre de Dougie MacLean (après tout, l'artiste a produit suffisamment d'albums indispensables par le passé), il témoigne d'un artiste refusant de se reposer sur ses lauriers et tenant son rang dans le paysage folk celtique actuel. Supérieur à Inside the Thunder, Resolution est un album fort recommandable pour tout amateur de cet artiste si particulier, souvent imité mais jamais égalé. Une belle réussite !

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