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- Membre : Yes, Graeme Edge & Adrian Gurvitz

The MOODY BLUES - Seventh Sojourn (1972)
Par MARCO STIVELL le 19 Décembre 2011          Consultée 4741 fois

Seventh Sojourn marque la fin du MOODY BLUES 'classique', avant sa première séparation. Le groupe a effectué une carrière marathon jusque-là, publiant au moins un album par an depuis 1967 (si l'on excepte le tout premier fait de reprises, Seventh Sojourn porte bien son nom), dont outre Days of Future Passed, les grands On the Threshold of a Dream, To Our Children's Children's Children, Every Good Boy Deserves Favour, tous des best-sellers et souvent plus encore aux U.S.A. que dans la mère patrie Grande-Bretagne. Une période de succès intense qui, petit à petit, a entamé l'entente et la cohésion du groupe resté parmi les meilleurs et plus sous-estimés de sa génération.

Pour Seventh Sojourn, le groupe puise son inspiration dans les Canterbury Tales de Geoffrey Chaucer, référence médiévale aux fondements de l'art anglais. Fini les albums-concept avec des morceaux qui s'enchaînent ; ce nouveau et dernier pour l'époque, au style éminemment littéraire, veut raconter une histoire différente par chanson. Le groupe a opté comme d'habitude pour des compositions personnelles, chaque membre signant au moins un titre sauf le batteur Graeme Edge qui n'offre qu'un texte, et pas des moindres. À ce moment-là, les préoccupations des Moodies étaient principalement d'ordre socio-politique, laissant le mysticisme des anciens albums de côté, et elles sont retranscrites ici.

Le "Lost in a Lost World" de Mike Pender a souvent été vu comme une complainte sur la tragédie des révolutions et des conflits raciaux, mais le groupe parle d'abord des jeunes adultes soumis au service militaire et à la jeunesse souvent gâchée par d'autres types de heurts violents. Toujours doté d'une certaine poésie, le texte de "You and Me" par Graeme Edge exprime l'horreur des guerres au Vietnam, en Afrique ou en Israël-Palestine. "I'm Just a Singer (In a Rock and Roll Band)" par John Lodge est une réaction désespérée face à l'éclatement des crises du monde moderne, à commencer par le groupe lui-même face à son public, celui aux reproches fusant dès qu'il s'agit de prêchi-prêcha voire d'engagement trop fort, soi-disant. Plus optimiste, "The Land of Make-Believe" de Justin Hayward décrit un univers utopique où les "maux de coeur deviennent joies".

Derrière ces paroles lourdes de sens, le groupe offre une musique dans la lignée de ce qu'il a toujours proposé, avec un soupçon de différences, la première étant que la nouvelle direction de format 'live' prise depuis A Question of Balance (1970) trouve mieux que jamais (pour l'heure) son expression. Ensuite, il utilise ici un modèle de clavier Chamberlin, pensé avant le Mellotron mais paru après sur le marché. Mike Pender juge qu'il sonne mieux pour reproduire des ambiances orchestrales, et il est vrai que Seventh Sojourn possède un relief autre que ses prédécesseurs, plus feutré et onirique, avec des intentions proches de Days of Future Past bien qu'exprimées autrement.

On le remarque sur un morceau comme "I'm Just a Singer (In a Rock and Roll Band)", à la limite du hard avec une tonalité orchestrale endiablée, Ray Thomas jouant d'un sax fondu par-ci par-là. La guitare vient elle-même se perdre dans un leitmotiv de cuivres chamberlinesques, alors que les voix finissent par se dédoubler, rendant le tout aussi jubilatoire qu'urgent, jusqu'aux roulements de Edge pour un final 'live' capharnaüm du plus bel effet. L'autre single de l'album, "Isn't Life Strange", également de John Lodge mais très influencé par PACHELBEL, commence telle une ballade dans la lignée d'autres ici. On pense à quel point les montées théâtrales vers les refrains ont dû inspirer une certaine Reine future du rock britannique, du moins la conforter dans ses choix.

Les Moodies y emploient une forme de final tout en apesanteur que l'on retrouve également sur "New Horizons", "When You're a Free Man". Ces deux dernières, signées Justin Hayward et Mike Pinder respectivement, sont de splendides ballades où des détails fourmillent, comme des harmonies mystiques et langoureuses, des guitares lyriques harmonisées comme le chanteur sait y faire depuis même avant ce WISHBONE ASH, des effets du claviériste magistraux en veux-tu-en-voilà ! Idem pour "The Land of Make-Believe" ballade de Hayward avec un savant contrepoint d'instruments, nouvelle sucrerie folk-pop dans une tonalité épique : rentrées de batterie, final passionné.

De même, rondement menée par un riff blues-rock et un tambourin sixties à souhait, "You and Me", co-signature Edge/Hayward, demeure une plage aussi efficace que féérique. Le riff solaire et l'entrain routier ont dû beaucoup plaire aux Américains, à raison, et on note le double caractère évasion grâce à des arrangements merveilleux, beaucoup de percussions et doublures d'instruments aussi. En somme, bien que taillé pour la scène, un tube magique. Le fragile "Lost in a Lost World" de Pinder n'est pas en reste, augmenté d'un doux hautbois en fond sonore et d'un piano sensible, alors qu'il commençait par un groove basse-batterie imparable saupoudré de nappes Mellotron.

Enfin, "For My Lady" est la ballade où rythme exotique chaloupé et effets oniriques se côtoient idéalement, typique de ce qu'aime offrir Ray Thomas à l'époque, avec son petit degré kitschounet qui lui sied bien. C'est donc une nouvelle totale réussite que ce Seventh Sojourn, qui conclut avec ferveur l'âge d'or des MOODY BLUES avec de francs-succès (1er aux U.S.A. plusieurs semaines durant, 5ème en Grande-Bretagne), mais ces considérations sont l'arbre qui cache la forêt et le groupe décide de ne pas tirer sur la corde davantage. The end, à ce moment donc, mais en fait, c'est plutôt 'à suivre' !

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   MARCO STIVELL

 
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- Justin Hayward (chant, guitares)
- Mike Pinder (claviers)
- Ray Thomas (flûtes, chant)
- John Lodge (basse, chant)
- Graeme Edge (batterie)


1. Lost In A Lost World
2. New Horizons
3. For My Lady
4. Isn’t Life Strange
5. You And Me
6. The Land Of Make-believe
7. When You’re A Free Man
8. I’m Just A Singer (in A Rock And Roll Ba



             



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