C'est dans son exécution en public que la musique celtique trouve son essence. Le violon, s'il sert une intensité dramatique lorsqu'il est utilisé en musique classique, est aussi capable de faire sauter et danser les foules lorsqu'il se fait le porteur d'une tradition musicale celtique. C'est donc tout naturellement que FIDDLER'S GREEN, tout comme une bonne partie des groupes folk, rock et punk celtique nés dans les années 90, entame sa carrière discographique par la publication d'un album live. En 1992, les trois membres fondateurs du groupe ne sont pas des novices, puisqu'ils sont déjà roulé leur bosse dans nombre de combos et parcouru les routes de leur Allemagne natale. Néanmoins, c'est dans sa volonté de moderniser le patrimoine folk que FIDDLER'S GREEN trouvera un créneau lui permettant de s'imposer, au fil des années, comme un des groupes majeurs de la scène celtique teutonne.

Ce premier album n'est que partiellement représentatif de l'identité du groupe. Il n'en montre que la partie la plus festive. La guitare électrique est encore très discrète, et ne fait que quelques timides apparitions, dont une remarque sur « Don't come again », qui reprend le riff du « Enter Sandman » de Metallica. Vous avez parlé de modernisation ? Le speed folk qui fera les beaux jours du groupes à partir de l'album On And On n'en est qu'à ses balbutiements. Si la finalité est là, les outils pour y parvenir sont encore basés sur la prédominance de la guitare acoustique et des instruments traditionnels, parmi lesquels flûte et violon, qui s'en donnent à cœur joie sur l'instrumental « O'Mahoney's frolics ».

Outre sa jovialité, la force de FIDDLER'S GREEN réside dans la capacité du groupe à proposer une interprétation parfaite et carrée dans sa folie. L'interprétation dépoussiérée de morceaux traditionnels (« Rocky Road to Dublin », « Blarney Roses ») offre un véritable coup de fouet à un patrimoine celtique qui avait bien besoin d'être restauré par des Allemands sur-motivés. Rajoutez à cela la présence de titres originaux très prometteurs (« Days of Yore », « Don't Turn Away », « Midnight sun ») et vous obtenez un premier album aux allures de délectable carte de visite. Étrangement, le groupe que reprendra que peu de ces titres sur son premier album studio, Black Sheep, et sur les opus suivants.

Difficilement trouvable, ce premier témoignage de FIDDLER'S GREEN mérite d'être écouté, ne serait-ce que pour apprécier l'interprétation convaincante et convaincue du groupe, ainsi que pour prendre la pleine mesure de son évolution dans les années qui suivront. Une belle réussite en matière de folk celtique !