FIDDLER'S GREEN, en 1998, nous fait un remake de Crocodile Dundee : Sommé par sa maison de disques Polydor de partir cherche la recette du succès aux Etats-Unis, le groupe se retrouve plongé au coeur de la L.A. Connection. Existe-t-il lieu plus incongru pour un groupe de rock celtique allemand ? Affublé du producteur Jim Crichton, par ailleurs membre du groupe Saga, FIDDLER'S GREEN tente d'apporter des ambiances américanisantes dans sa musique, poussant le vice jusqu'à faire intervenir Rick Springfield en personne sur les choeurs de "Count me out". Quelle idée !

Reste que Spin Around n'en est pas pour autant un mauvais album. Un an à peine après On and On, qui témoignait d'une certaine maturité de la part du groupe allemand, ce sixième album offre une remise en question plutôt bien sentie. Si la production est minimaliste, le groupe parvient à transformer cet écueil en avantage, proposant un rock celtique moderne et brut de décoffrage qui prévaut grâce à une grosse poignée de compositions bien senties, témoignages d'un groupe inspiré et sûr de son fait, capable de résister à la pression. Si la musique du combo se fait plus maîtrisée, moins énergique, FIDDLER'S GREEN propose néanmoins son lot de morceaux de bravoure : l'introductif "Spin around the world", rock celtique au sens propre, mêlant guitares rugueuses et accordéon entraînant, l'ensemble magnifié par un refrain imparable ; on reste néanmoins surtout ébahis par "Home", pièce sombre bien que délicate, qui montre un visage plus posé du groupe, plus mûr aussi. "Break the silence" constitue sans doute pour sa part le premier exemplaire véritable des power-ballads à la FIDDLER'S GREEN, qui parviennent à mêler délicatesse, entrain et noirceur avec une alchimie qui force l'admiration.

Néanmoins peu mis en valeur par son producteur, l'album peine à séduire dans son intégralité. On apprécie, bien sûr, la relecture des morceaux traditionnels que sont la frénétique "Mary Mac" ou l'énergique "Step it out", qui feront un carton en live. On reste néanmoins sur sa faim à l'écoute du formaté "Wish you well", du peu spontané "Count me out" (et la présence de Rick Springfield n'arrange rien !), ou de l'inutile "What a day" dont les intonations ska n'apportent rien à l'ensemble.

Réalisant rapidement son erreur, FIDDLER'S GREEN reprendra son indépendance à l'occasion de l'album suivant, préférant être libre de ses choix sur un petit label que pieds et poings liés sur une major. Reste de Spin Around un album "différent" pas dénué d'intérêt.