Certains groupes, lorsqu'ils finissent, après des années de dur labeur, à décrocher un deal avec une major, signent leur contrat avec leur propre sang, se rendent dans les locaux de la maison de disques en limousines, ou le font en présence d'une douzaine de groupies. Après une poignée d'albums prometteurs, FIDDLER'S GREEN finit, au milieu des années 90, par attirer l’œil de Polydor, qui signe le groupe allemand pour un contrat multi-albums.

La première des livraisons du groupe pour son nouvel label est donc ce Make Up Your Mind, EP peu marquant qui fait le pont entre le sympathique King Shepherd et On and On, dernière étape avant un virage plus rock. Plus que son format bâtard (7 titres dont 4 live), Make Up Your Mind souffre avant tout de la faiblesse de son morceau-phare. Sorte de polka-reggae-folk, ce titre ne constitue pas une carte de visite intéressante de la part des Allemands. Les mélodies sympathiques, l'exécution convaincante, mais force est de constater que cette pièce légère et énergique sent la soupe commerciale à plein nez. Aucune âme, un emploi sans saveur d'influences variées qui ne provoquent guère l'adhésion. Il en va malheureusement de même pour le titre suivant, « New temptation », pièce country-folk imbitable handicapée par un banjo fort mal à propos et des choeurs à côté de la plaque. On craint le pire, que le groupe n'ait décidé de faire de cette marmelade peu savoureuse sa nouvelle orientation musicale. Fort heureusement, la ballade « Into the Darkness » vient remettre les pendules à l'heure et nous rassurer. Sans être particulièrement remarquable, se morceau bien construit et à la musicalité agréable, doté d'une basse ronde et de sympathiques lignes acoustique, constitue la seule réussite studio de cet EP.

Les quatre titres live se veulent pour leur part bien plus convaincants, témoignages d'un groupe très énergique et communicatif, qui met son public dans la poche en un clin d'oeil, en témoigne « Don't turn away », déjà présent sur le premier album du groupe, une pièce enjouée et irrésistible qui permet à l'EP de démarrer enfin véritablement. Plus virtuose, car agrémenté d'un violon volubile, « Shamrock busker » offre lui aussi un côté fun sympathique, mais n'est rien en comparaison à « I won't follow you up to Carlow », LA pièce speed-folk celtique tirée de l'album « Black Sheep », qui prend ici une nouvelle dimension délectable.

Difficile malgré tout de se satisfaire de cet EP bancal, dénué de morceau véritablement mémorable. Peu importe, FIDDLER'S GREEN parviendra bien vite, sur ses sorties studio, à redresser la barre. Une sortie mineure à oublier.