Le milieu de la première décennie du siècle nouveau voit FIDDLER'S GREEN désireux de célébrer sa carrière, 15 ans après ses débuts. La sortie de l'album Nu-Folk en 2003 se fait donc le prétexte pour une gigantesque chouille qui durera trois ans. Le groupe allemand en profitera notamment pour fêter son millième concert, capté en 2004 et qui fera l'objet d'une sortie CD en 2005 (l'album Celebrate !). Sur une note moins joyeuse, l'année 2006 verra Peter Pathos, fondateur et guitariste du groupe, quitter le navire pour fonder son propre projet orienté metal gothique, loin des velléités speed-folk irlandaises de nos joyeux teutons. Ce départ subi sera néanmoins synonyme d'une profonde remise en question pour le groupe, bien désireux de poursuivre son aventure. Mieux, l'arrivée de Patrick Pat Prziwara donnera un souffle nouveau à la carrière du sextet. Prenant une place de plus en plus importante dans le groupe, le guitariste-chanteur deviendra rapidement un élément essentiel du combo, porteur d'une image rajeunie et d'un souffle nouveau dont Drive Me Mad est la première inspiration.

Sans faire table rase du passé, FIDDLER'S GREEN démontre avec son huitième album studio sa volonté de baser sa musique sur son savoir-faire, et de se passer des expérimentations plus ou moins heureuses qui ont émaillé les années 90. En consolidant son "speed-folk", mélange de rock distordu et d'influences celtiques, le groupe allemand semble également désireux d'approfondir sur ses acquis et de pousser plus loin encore sa maîtrise unique d'un "gros son" et des instruments celtisants tels que le violon ou l'accordéon. En résulte ainsi un album très long (18 titres au compteur), porteur d'une énergie de tous les instants et surtout, bénéficiant d'un son énorme tel que le groupe n'en a jamais connu par le passé.

Drive Me Mad est un album-étalon dans la carrière des FIDDLER'S GREEN dans le sens où, s'il s'inspire bien entendu des travaux passés du groupe, il constitue la base de tout ce que les teutons ont pu proposer depuis 2007. Quatre types de morceaux viennent ainsi faire de l'opus un grand moment de musique : des titres folk-punk celtique originaux et survoltés, qui mêlent énergie et savoir-faire. "Folk's not ded"ou "Captain song" sont de ceux-là, et fonctionnent dès la première écoute, sans jamais lasser. Des titres "sing-along", reprises de traditionnels ou morceaux originaux, qui constituent l'essentiel de l'opus et offrent un "liant" entre les autres types de morceaux. "The night Pat Murhpy Died" ou "Rolling" (qui offre un espace d'expression à un Pat Prziwara par ailleurs encore discret) sont de véritables leçons d'interprétation. Les instrumentaux survoltés sont toujours là ("You drive me mad", proche de ce que le groupe présentera plus tard sur "Wall of folk"), tout comme ces titres plus sombres qui rendent plus complexe la personnalité du groupe. Les excellents "All these feelings" et "Don't Let Go", sans se faire aussi puissants que certains de leurs successeurs, se font porteur d'une substance supplémentaire et offrent une durée de vie très conséquente à cet opus.

Encore discret, Pat Prziwara prend ses marques et distille un peu partout de sa personnalité. S'il est certain que son intégration a permis au groupe de muscler son jeu de guitare et de retrouver une énergie qui pouvait lui faire défaut, le chanteur/guitariste se fera encore plus présent sur les sorties futures du groupe, toutes autant largement réussies que ce Drive me Mad d'excellente facture.