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- Style : Love Spirals Downwards
- Style + Membre : Robin Guthrie & Harold Budd

COCTEAU TWINS - Treasure (1984)
Par AIGLE BLANC le 28 Septembre 2014          Consultée 4192 fois

Après deux albums inscrits dans la mouvance new-wave à forte connotation arty, COCTEAU TWINS livre avec Treasure l'opus qui le conduit légitimement à la consécration. Comme cela se produit souvent, cette libération des forces créatrices découle d'un changement parmi le personnel. Après Head Over Heels où officiait le duo Robin Guthrie (guitare électrique, boîte à rythmes) et Elizabeth Fraser (vocalises), voici que le groupe s'enrichit d'un troisième comparse en la personne de Simon Raymonde (basse/ batterie). A partir de 1984, le line-up trouve donc la formule gagnante qui ne variera plus jusqu'à la dissolution de COCTEAU après 1996, si l'on excepte l'année 1986 qui a vu le départ momentané de sieur Raymonde absent des crédits de Victorialand. Avec son jeu de batterie très atmosphérique, qui peut se montrer parfois épidermique voire cardiaque ("Beatrix"), Simon Raymonde est le musicien providentiel qui manquait à COCTEAU, celui qui amplifie la puissance poétique de cette musique de plus en plus éthérée.

La célèbre pochette du disque symbolise à elle seule l'identité évanescente du groupe : mystérieuse, onirique, secrète, délicate ; autant d'adjectifs qui caractérisent sa musique. Cette pochette qui figure la silhouette bleu-gris camaïeu d'un mannequin de couture entraperçu à travers la finesse ouvragée de voiles dentelés contient l'essence de Treasure. Le mannequin de couture renvoie à l'univers féminin des chansons, dont beaucoup de titres évoquent un prénom de femme issue de la mythologie : "Loreleï", "Perséphone", "Pandora" ; tandis que d'autres, plus mystérieux, exhalent un patronage au parfum littéraire : "Beatrix", "Amelia", "Otterley", "Donimo". Avec ces titres, COCTEAU TWINS convoque l'éternel féminin. Et qui mieux qu'Elizabeth Fraser pour en être l'ambassadrice ?

Treasure réserve une assez grande surprise, surtout si on le compare aux deux premiers opus : la voix d'Elizabeth Fraser ne sonne plus comme auparavant. La chanteuse, ayant sensiblement pris des cours de chant, vient de se muer en une soprano étonnante dont les vocalises virtuoses rappellent les grandes heures du bel canto. Le plus paradoxal dans la métamorphose stylistique de son chant, c'est que Liz évite le piège de la grandiloquence et trouve l'équilibre parfait entre l'esprit pop et les connotations rococo de son chant, qui vise presque toujours, avec une spontanéité irrésistible, le bizarre et le complexe, un art aux confins du Baroque si j'ose dire. Elizabeth Fraser ne se départit pourtant jamais de sa timidité et ses prouesses vocales semblent, par la magie du studio d'enregistrement, résonner dans un espace réduit qui m'évoque immanquablement l'art feutré d'une musique de chambre. Le fait que la chanteuse le plus souvent dédouble sa voix pour assurer les chœurs ou pour livrer une seconde partition vocale au sein d'un même morceau contribue peut-être aussi à cette ambiance intime. C'est ce contraste entre l'éblouissante inspiration de ses vocalises et la fragilité constante des mélodies qui explique le charme intemporel de Treasure.

1984 à 1988 couvre la période la plus bouillonnante du groupe, transcendée par une inspiration miraculeuse. Le raffinement mélodique est soutenu bien sûr par la guitare si particulière de Robin Guthrie qui dessine des arpèges climatiques d'une grande beauté (le mystérieux autant que magique "Otterley"), mais réserve aussi des instants de grâce lyriques en délivrant des bling-bling envoûtants. Il est difficile d'isoler un titre au détriment des autres tant c'est l'atmosphère qui prime avec COCTEAU TWINS, même si la majorité des morceaux se construit sur la base classique du couplet-refrain.

Toutefois, la signature de Robin Guthrie, qui construit toujours minutieusement ses albums, éclate sur le dernier titre (le superbe "Donimo"), dont l'organisation interne échappe au format standard. La chanson fonctionne sur la seule magie du refrain qui contient d’admirables vocalises vaguement orientales de Liz, mais très originales et d'une féminité délicieuse ; alors que le pont qui relie les différentes occurrences du refrain s'apparente non pas à un couplet digne de ce nom, mais plutôt à un moment suspendu que répand une nappe basse de clavier. Dans la succession magique de perles mélodiques à laquelle nous invite Treasure, "Donimo" constitue un chef-d'œuvre que Robin Guthrie renouvellera sur les albums suivants avec une régularité confondante. Un must de Pop rococo.

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   AIGLE BLANC

 
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- Robin Guthrie (guitare électrique)
- Simon Raymonde (batterie, guitare basse)
- Elizabeth Fraser (vocalises)


1. Ivo
2. Lorelei
3. Beatrix
4. Perséphone
5. Pandora
6. Amelia
7. Aloysius
8. Cicely
9. Otterley
10. Donimo



             



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