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DREAM POP  |  E.P

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- Style : Love Spirals Downwards
- Style + Membre : Robin Guthrie & Harold Budd

COCTEAU TWINS - The Spangle Maker (1984)
Par AIGLE BLANC le 13 Juin 2015          Consultée 2237 fois

La discographie des COCTEAU TWINS compte huit albums parus entre 1982 et 1996, soit un peu moins d'un album par an. Pourtant, les huit opus du trio écossais ne constituent que la partie émergée de l'iceberg. C'est sans compter la quinzaine d'E.P (ou de Maxi 45-tours pour les nostalgiques de l'époque vinyle) qui émaillent généreusement sa carrière et ne proposent le plus souvent que des titres inédits. Une fois additionnés, ces Maxi regroupent pas moins de 56 chansons, soit l'équivalent de 4 CD qui s'ajoutent à sa discographie principale.

The Spangle Maker, quatrième E.P des COCTEAU, contient trois titres inédits qui n'ont rien à envier aux chansons des albums. Tout se passe comme si, dans sa période 'miraculeuse' qui s'étend de 1984 à 1986, le groupe avait réservé à ses Maxi le nectar de ses créations.
1984 voit l'arrivée du bassiste-batteur-claviériste Simon Raymonde qui apporte à cette musique déjà belle une assise rythmique propre à parfaire le son COCTEAU. Trois années touchées par la grâce s'ensuivent.

Un disque de COCTEAU TWINS se savoure, avant d'être écouté, dès la découverte de sa pochette conçue à cette époque par le studio 23 Enveloppes qui a parfaitement capté ce qui fait l'identité intrinsèque de cette musique à nulle autre semblable. Il n'est pas exagéré d'affirmer que 23 Enveloppes a joué dans la carrière du groupe le même rôle identificateur que joua en son temps le studio Hypgnosis pour PINK FLOYD.
The Spangle Maker jouit donc d'une pochette splendide élaborée à partir d'une photographie de Gertrude Kasebier. Cette artiste est l'une des représentants du Pictorialisme, bref courant artistique des débuts du XX° siècle qui regroupait des photographes concevant leurs créations comme autant d'oeuvres picturales. La Photographie était alors un art encore vert, donc fragile, et les Pictoralistes en mal de légitimité n'avaient pas trouvé mieux comme démarche que d'établir un lien étroit avec la Peinture, art noble par excellence. Il va de soi que ce courant, asservi à la Peinture, était condamné à l'impasse. Depuis, la Photographie ayant gagné ses galons de discipline artistique majeure n'a plus besoin de se mesurer à qui que ce soit.
Dans le 'tableau' de G. Kasebier, une jeune femme à la chevelure arrangée en un chignon se penche au-dessus d'un bocal de verre posé sur une tablette. La tenue vestimentaire tout en dentelles nacrées, la pose raffinée de la jeune femme aux mains jointes avec une délicatesse exquise, les couleurs sépia virant au mauve, les retouches faites en laboratoire pour conférer à l'image une texture proche des impressionnistes, notamment un joli effet de mouvement ou plutôt de vibration (le modèle restant immobile), tout concourt ici à dater le cliché dans une époque donnée évoquant l'ère victorienne par son raffinement excessif.

Le plus extraordinaire dans cette pochette, c'est qu'elle épouse à merveille l'art musical des COCTEAU. Ce E.P aligne en effet 3 perles de Pop au raffinement et à la délicatesse exemplaires. 3 chefs-d'oeuvre intemporels d'une beauté gracile tout en clair-obscur.

L'envoûtement débute par le très beau titre éponyme qu'introduisent la batterie cardiaque et la basse climatique de Simon Raymonde tandis qu'en arrière-plan la guitare de Robin Guthrie délivre des larsens en suspension. C'est à une atmosphère mystérieuse, mais plutôt sereine, que l'auditeur est convié jusqu'à l'entrée en scène de Liz Fraser dont le chant secret se nourrit de délicieuses vibrations. Une voix encore timide mais qui, paradoxalement, contient un lyrisme proche du Bel Canto. Cette première partie semble suspendue à la promesse d'une délivrance qui survient dans une explosion libératoire des cymbales. C'est alors que la batterie intensifie ses frappes et que le chant vibrant de Liz transporte cette échappée de lumière vers des cimes éthérées de toute beauté.

Une telle magie pourrait laisser croire qu'il s'agit de la pièce maîtresse du Maxi. Détrompez-vous. La chanson qui succède à cette superbe entrée en matière compte parmi les trois ou quatre chefs-d'oeuvre de COCTEAU TWINS. Une merveille de Pop légère, délicatement ciselée, au lyrisme là encore en demi-teintes, traversée d'une pointe d'humour : "Pearly-Drewdrops' Drops" est un joyau intemporel d'une grâce infinie. La mélodie très originale est frappée du sceau de l'évidence. Le format Couplet/Refrain, appliqué dans toute sa simplicité, se voit transcendé par l'harmonie des quatre partitions : les boucles intrépides de la basse de Raymonde, les accords étirés et sporadiques de la guitare toujours bien sentie de Guthrie, les claviers carillonnants, la batterie imperturbable et le chant habité de Liz. L'ensemble dégage une réelle magie que ne semblent pas altérer les années d'écoutes.

Le dernier titre, "Pepper-Tree", malgré sa relative discrétion, conclut le set idéalement en faisant retomber en douceur l'intensité de ses deux prédécesseurs, grâce à une instrumentation différente mettant en avant les accords martelés du piano et la frappe insistante de la batterie. La guitare reléguée en arrière-plan délivre au compte-goutte ses arpèges si caractéristiques tandis que la voix suave de Liz caresse ce tapis sonore en jouant de minauderies exquises. Il n'y a pas cette fois de contraste bien marqué entre le couplet et le refrain. La chanson se contente de tisser une atmosphère rêveuse conclue par le tic-tac d'une horloge rustique. Dans les mains d'un groupe lambda, ce morceau n'aurait aucune tenue et passerait pour anodin. Avec le talent hors-norme des COCTEAU, il s'agit d'une composition originale et envoûtante.

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   AIGLE BLANC

 
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- Robin Guthrie (guitare)
- Elizabeth Fraser (chant)
- Simon Raymonde (basse, batterie, claviers)


1. The Spangle Maker
2. Pearly-drewdrops' Drops
3. Pepper-tree



             



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