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- Style : Love Spirals Downwards
- Style + Membre : Robin Guthrie & Harold Budd

COCTEAU TWINS - The Moon And The Melodies (1986)
Par AIGLE BLANC le 3 Janvier 2016          Consultée 2788 fois

The Moon and The Mélodies est l'unique collaboration du trio écossais COCTEAU TWINS et du pianiste Harold BUDD. La pochette mentionne les nom et prénom des quatre musiciens plutôt que ceux de COCTEAU TWINS et du compositeur américain. Si ladite démarche semble pour le moins obscure, on peut lui trouver deux explications plausibles. La première serait la volonté du groupe de ne pas vendre le produit sous son patronyme afin de ne pas tromper les attentes de ses fans. La seconde pourrait être l'expression de la modestie du groupe ne désirant pas mettre en avant sa très relative notoriété pour jouer d'égal à égal avec Harold BUDD.

En effet, à l'inverse de certains groupes très connus de l'époque, COCTEAU TWINS n'a jamais souhaité mettre en avant l'individualité de ses membres. Robin Guthrie et Elizabeth Fraser ont toujours cultivé l'anonymat. Selon le bassiste Simon Raymonde, si les COCTEAU TWINS n'apparaissent jamais sur les pochettes des albums, c'est par souci de ne vendre que leur musique, pas leurs look ni idées politiques (Robert Smith et Bono peuvent retourner au vestiaire)*.

Un problème se pose alors à l'écoute de The Moon and The Melodies : comment aborder un tel disque ? Est-ce une oeuvre à part entière de COCTEAU TWINS dont le pianiste Harold BUDD serait l'invité ? Peu probable étant donné l'absence du nom du groupe sur la pochette. Est-ce plutôt un album d'Harold BUDD collaborant exceptionnellement avec COCTEAU TWINS ? Pas si sûr non plus car il eût été dans ce cas plus simple que la pochette mentionne Harold BUDD avec la collaboration de Simon Raymonde, Robin GUTHRIE et Elizabeth Fraser.

Vous pouvez me rétorquer que la vérité est beaucoup plus simple. Pourquoi ne s'agirait-il pas tout simplement d'un album co-composé à 4 ? Voilà où le bât blesse. L'album ne sonne pas du tout comme une oeuvre collective mais comme le mixage de deux sources musicales artificiellement réunies. Autrement dit, COCTEAU TWINS se serait chargé des titres chantés qui se comptent au nombre de 4. Et Harold BUDD aurait assuré les titres instrumentaux dans l'esprit de ses compositions personnelles. 4 chansons de COCTEAU TWINS pour 4 du pianiste. Peut-on appeler cela une collaboration ?

Les pistes dévolues au groupe s'inscrivent parfaitement dans le style qui lui est propre à cette époque, c'est-à-dire qu'elles nous offrent 4 chansons qui n'auraient pas dépareillé dans les deux superbes E.P Tiny Dynamine et Echoes in a Shallow Bay, et se seraient même presque fondus dans le fabuleux Victorialand (1986) sans l'apport de la section rythmique de Simon Raymonde qui, rappelons-le, n'était pas présent lors de ce chef-d'oeuvre de la Dream Pop.
"Sea, Swallow Me", "Eyes Are Mosaics", "She Will Destroy You" et "Ooze Out and Away, Onehow" sont donc d'excellents titres composés durant l'âge d'or du groupe. La pop qu'ils illustrent se voit plongée dans un bain onirique qui les transfigure complètement.
Ecoutez les arpèges carillonnants de la guitare de "Sea, Swallow Me" qui délivrent un délicieux balancement, la batterie en apesanteur de Simon Raymonde et la voix étrange de Liz comme perçue au travers d'un nuage d'éther. C'est certain, aucun autre groupe ne sonne comme COCTEAU TWINS.
"Eyes Are Mosaics" reproduit cette formule sonore en accélérant un peu, ô rien qu'un peu, le rythme.
Même balancement onirique de la guitare dans le magnifique "She Will Destroy Me", l'une des plus belles chansons de COCTEAU, rien de moins.

On pourrait penser que l'originalité des climats ne dépend que de la production en tout point remarquable de Robin Guthrie qui ne lésine pas sur les effets floutés avec une très forte réverbération et l'impression incroyable que la voix et les instruments nous parviennent de très loin, comme autant d'échos surgis de nulle part. Mais les compositions aussi signent l'identité à nulle autre pareille du groupe qui délivre de très étranges mélodies pop, envoûtantes et iconoclastes, totalement habitées par le génie particulier des COCTEAU en cette période d'inspiration miraculeuse 1984-86.
J'ai beau faire un effort, je n'arrive pas à comprendre l'apport d'Harold BUDD dans ces chansons qui ne sonnent pas du tout comme ses propres compositions. Certes, le piano qu'on y entend pourrait être le sien, mais il ne semble pas enrichir le son du groupe aussi bien que celui de ses propres albums.

Les 4 pistes instrumentales restantes baignent davantage dans le style et les climats introspectifs d'Harold BUDD. Le premier, "Memory Gongs", déploie une double séquence obsédante au piano avec une série d'accords graves et une autre de tonalité aigüe faite d'arpèges montants. Cette excellente composition malheureusement ne soutient pas la durée que BUDD lui impose (environ 7 minutes). La même année, dans son album Lovely Thunder, le pianiste américain en propose une version alternative qu'il dédicace au bassiste de COCTEAU, Simon Raymonde. Sauf que ces deux versions se ressemblent tellement qu'on a l'impression de se trouver en présence du même enregistrement. Démarche pour le moins bizarre, vous en conviendrez.

"Why Do You Love Me?", "The Ghost Has No Home" et "Bloody and Blunt" offrent aussi de bien beaux climats grâce à une production onirique de toute beauté mais, à l'inverse des chansons de COCTEAU, le temps qui passe semble bien long. Sans réelle structure, ces titres se traînent dans de vagues improvisations.
La piste de clôture, "Ooze Out and Away, Onehow" offre une première partie très calme et fort réussie, où baignent les murmures mystérieux de Liz enveloppés dans des effets tournoyants de guitare, avant que la batterie soudain embrayant sur la seconde partie ne dédouble le chant de Liz qui déclame alors des sentences ésotériques dans son style habituel. Curieuse composition du groupe, mais le génie qui l'habite en cette année d'exception lui permet de transformer en or toutes ses élucubrations musicales.

Comprenez bien : pour un fan des COCTEAU et d'Harold BUDD, The Moon and the Melodies n'est pas un mauvais disque. Il contient d'extraordinaires passages qui n'ont pas à rougir de la comparaison avec Victorialand, mais cette collaboration, pourtant bienvenue, sonne comme une greffe qui aurait mal pris. Un album décevant en somme relativement aux deux talents réunis.
Harold BUDD a reconnu sa part de responsabilité dans l'échec relatif de l'album, reconnaissant n'avoir pas su se montrer, en raison d'un manque de préparation, à la hauteur des compositions merveilleuses des COCTEAU TWINS. Très belle humilité de la part du compositeur ayant travaillé avec le grand Brian ENO notamment, et grand-orfèvre en matière d'Ambient.

* Ces propos n'engagent que le chroniqueur. Ils ne sont en aucun cas ceux de Simon Raymonde.

Note réelle : 2,5/5.

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   AIGLE BLANC

 
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- Harold Budd (piano, claviers)
- Elizabeth Fraser (chant et paroles : pistes 1, 4, 5 et 8)
- Robin Guthrie (guitare électrique)
- Simon Raymonde (batterie)
- Richard Thomas (saxophone : pistes 5 et 6, batterie : piste 7)


1. Sea, Swallow Me
2. Memory Gongs
3. Why Do You Love Me?
4. Eyes Are Mosaics
5. She Will Destroy You
6. The Ghost Has No Home
7. Bloody And Blunt
8. Ooze Outand Away, Onehow



             



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