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DREAM POP  |  STUDIO

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- Style : Love Spirals Downwards
- Style + Membre : Robin Guthrie & Harold Budd

COCTEAU TWINS - Four-calendar Cafe (1993)
Par AIGLE BLANC le 17 Janvier 2015          Consultée 2571 fois

Il faut 3 ans à COCTEAU TWINS pour retrouver le chemin du studio et livrer une suite au très pop Heaven or Las Vegas, dernier album édité chez 4AD. La radicalité du groupe dans son refus de poursuivre l'aventure excitante commencée en 1982 chez 4AD pouvait susciter à juste titre quelques inquiétudes tant ce mythique label anglais collait à son identité musicale comme une seconde peau. Robin Guthrie allait-il laisser de côté le son éthéré qui faisait la gloire de COCTEAU TWINS ? Elizabeth Fraser allait-elle se mettre à chanter comme une chanteuse traditionnelle ? Allaient-ils s'éloigner du courant Dream Pop qu'ils avaient pourtant initié de fort belle manière ?

Une première écoute du nouvel album enregistré au studio September Sound de Londres et édité chez Fontana, un autre Label indépendant, suffit à rassurer les fans. Non, leur groupe chéri n'a pas vendu son âme au diable et n'a abandonné aucune de ses caractéristiques. Le livret crédite Robin Guthrie, Elizabeth Fraser et Simon Raymonde à la composition et à la production. C'est à peine si l'on remarque quelques invités comme Ben Blakemann et Mitsuo Tate aux guitares additionnelles tant leur apport reste inodore. Le mixage des titres de COCTEAU TWINS tient toujours du bizarre : il m'est très souvent difficile voire impossible de déterminer qui se charge de quel instrument au sein du groupe. Certes, Robin Guthrie officie à la guitare et Elizabeth Fraser au chant. Mais est-ce suffisant pour expliquer l'originalité du son et du style du groupe ? Simon Raymonde se charge habituellement des claviers et de la basse, parfois de la guitare additionnelle, depuis Treasure (1984). Seulement, les instruments et le rôle de chacun ne sont jamais mentionnés dans les livrets opaques des différents albums. En Concert, leur son malaxe une matière si dense qu'on ne sait jamais de quel instrument provient tel ou tel son. Pour revenir à Ben Blakemann et Mitsuo Tate, leurs guitares sonnent exactement comme celle de Robin Guthrie.

Pour l'essentiel, on retrouve ce son unique qui nous transporte à des hauteurs inouïes dans la couche de l'éther. Le chant d'Elizabeth Fraser continue à jouer de son charme, sa voix étant un organe magique que les années ne semblent pas flétrir. La chanteuse, comme dans Heaven or Las Vegas, délivre de vraies paroles qui s'intègrent harmonieusement au tapis soyeux tissé par les instruments. Four-Calendar Café, sans quitter les cimes aériennes de son prédécesseur, oriente ses ambiances vers de belles teintes feutrées que le bleu profond de la pochette traduit assez bien. Cet album, tout en conservant certains rythmes Pop, vient chatouiller les rivages apaisants d'un océan de tranquillité. D'où l'omniprésence des guitares hantées par des rêves hawaïens et des mélodies à la douceur jamais prise en défaut. On pourrait craindre par instant un son lénifiant, il n'en est rien heureusement. Le groupe agence ses 10 nouvelles chansons avec un art consommé de l'équilibre. "Bluebeard", "Theft and Wandering Around Lost", "Squeeze-Wax" et "Summerhead" nous bercent de rythmes sautillants propres à donner le sourire au plus désespéré des auditeurs. Tandis que "Oil of Angels" et "My Truth" caressent joliment des ambiances feutrées vaguement jazzy, aux limites du lounge.

Le guitariste reste étrangement en retrait sur cet album où il navigue souvent dans des contrées relativement acoustiques. Mais il lui suffit du minimum pour séduire : quelques accords égrenés de loin en loin, et toujours subtilement placés, font de lui un guitariste très attachant qui compense son manque de technicité par un feeling à nul autre pareil.

Et que penser du chant de Liz Fraser? Elle atteint ici sa pleine maturité dans la mesure où elle ne se croit plus obligée de recourir à la virtuosité de Blue Bell Knoll. Ici, elle délivre encore certes des plans vocaux tarabiscotés comme elle seule en a le génie, il n'est qu'à tendre l'oreille à l'étrange titre d'ouverture "Know Who You Are At Every Age" ainsi qu'au troublant "Oil of Angels" pour retrouver la chanteuse quasi extra-terrestre que nous affectionnons. En revanche, et c'est ce qui fait la différence, dans d'autres titres il lui suffit de poser sa voix avec un sens ahurissant de l'a-propos pour conduire ses ouailles hébétées jusqu'aux cimes du divin.

Bien qu'il ne soit pas aussi tubesque qu'(i]Heaven or Las Vegas, le 7ème album studio de COCTEAU TWINS capture encore une fois le groupe dans une veine mélodique imparable. Pas de titre plus faible qu'un autre dans cet opus qui allie séduction, charme et émotion. Ecoutez "Pur", le dernier titre, nouvelle preuve du génie du groupe lorsqu'il s'agit de laisser l'auditeur rejoindre le monde d'ici bas, alors que la dernière chanson, sublime, flotte encore dans les nuages de son esprit envoûté. C'est certain, COCTEAU TWINS a toujours su dire au-revoir à ses auditeurs en les laissant transis d'émotion.

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   AIGLE BLANC

 
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- Robin Guthrie (guitare)
- Simon Raymonde (batterie, claviers)
- Elizabeth Fraser (chant, paroles)
- Ben Blakemann (guitare additionnelle)
- Mitsuo Tate (guitare additionnelle)


1. Know Who You Are At Every Age
2. Evangeline
3. Bluebeard
4. Theft, And Wandering Around Lost
5. Oil Of Angels
6. Squeeze-wax
7. My Truth
8. Essence
9. Summerhead
10. Pur



             



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