AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Le 'nouveau' Mark KNOPFLER suscite une réaction à mi-chemin de la politesse et de l'agréable surprise. On se souvient encore du sympathique Tracker paru l'an dernier. Depuis Get Lucky voire Kill to Get Crimson, celui qui s'intéresse encore à l'ancien leader de DIRE STRAITS commence à adopter le même rythme de routine que son (ex-?) idole.
Cela dit, il ne s'agit pas précisément du 'nouveau' Mark KNOPFLER, qui ne peut quand même pas faire deux albums classiques à un an d'intervalle ! C'est une bande originale, en collaboration avec la percussionniste écossaise Evelyn GLENNIE. Le film n'est sorti qu'en Espagne pour le moment, Altamira par Hugh Hudson, avec Rupert Everett et Antonio Banderas. Il s'agit de la découverte de la grotte d'Altamira dans les monts Cantabriques à la fin du XIXème siècle, d'une plongée dans les retombées socio-culturelles et religieuses.
La B.O précède donc le film en France. Mark KNOPFLER collabore avec la virtuose Evelyn GLENNIE de façon rapprochée puisqu'ils co-écrivent la quasi-totalité de l'ensemble. L'Ecosse les relie à la fois par la nature et l'inspiration puisque, comme on le sait, Marko est loin de n'être qu'un génial guitariste de rock ou de blues, contrairement à ce que certains peuvent encore laisser entendre.
La tonalité choisie est donc celle d'un folk gaélique instrumental avec des airs délicats, des valses à trois temps et parfois -il le faut bien !-, des influences ibères comme on peut les reconnaître sur le solennel "By the Grave". D'autres musiciens participent, comme Caroline Dale, Michael McGoldrick (CAPERCAILLIE) ainsi que l'indéboulonnable Guy Fletcher dont la complicité avec Mark KNOPFLER a dépassé les trente ans d'âge.

Le marimba de GLENNIE et la guitare nylon de KNOPFLER (un modèle Altamira, justement !) résonnent sur les nappes aériennes et synthétiques de Fletcher. On peut néanmoins déplorer que la guitare soit très en avant, au point de reléguer les percussions à l'arrière-plan. Malgré la brillance de l'instrument à cordes, le son manque un peu de chaleur. Néanmoins, cette configuration rappelle beaucoup les plus grands moments créatifs de la carrière de KNOPFLER, de "Private Investigations" à Princess Bride(fi].
D'ailleurs, le lien avec ses autres bandes originales est évident, on pense aussi à Cal, à Local Hero. Sur la plage "Marcelino's Despair", Marko ne se prive pas pour mentionner l'intro de "Going Home", un enchaînement splendide d'accords colorés. Le reste est de la même trempe, avec des harmonies gaéliques plus classiques.
Seuls deux titres se démarquent vraiment, dans une tonalité contemporaine. "Dream of the Bison" et "Farewell of the Bison" permettent aux artistes d'employer des bruitages, des dissonances. Les percussions y ressortent mieux, d'une autre façon. À écouter par curiosité. Les thèmes avec le cor anglais (grand frère du hautbois) marquent avec une évidence certaine.

L'univers proposé s'avère joli et agréable. Le disque est assez court, même pas une demi-heure au compteur. Cela dit, ce n'est pas non plus mémorable, on est surtout content de retrouver des ambiances de B.O passées, une forme de simplicité que n'ont pas toujours eue les albums solo de KNOPFLER, ni même les propres travaux de GLENNIE. Sans parler du retour aux sources.