Un monstre, oui, mais... il y a un mais. Il est communément admis que Rising est un album de grande importance dans la discographie de RAINBOW, qui s'enhardit et muscle son hard rock pour construire un pont subtil mais néanmoins solide vers une sorte de proto-heavy metal. Entouré d'une équipe de musiciens renouvelée, le guitariste et son chanteur extraordinaire Ronnie James Dio s'affirment avec force et détermination, en atteste cette pochette d'album qui voit un poing saisir ce même arc-en-ciel, qui l'année précédente, survolait encore avec bienveillance ce château féérique.

Le deuxième album de RAINBOW est tout compte fait une attente. La face A est l'antichambre de la titanesque face B. Si le morceau d'introduction, "Tarot Woman", porté par un clavier audacieux et un riff alambiqué, construit un terrain de jeu pour Dio et Blackmore qui ne se privent pas de jouer sur l'alternance d'ombre et de lumière, notamment sur ce refrain musculeux et agressif. On pourra également trouver d'évidentes qualités au groovy "Run With the Wolf" ainsi qu'aux inspirations rock'n'roll de "Starstruck", qui voit Ronnie James aborder des thématiques plus terre à terre, le rock assez bateau de "Do You Close Your Eyes" (qui évoque pour sa part les relations charnelles) ne parvient pas à nous mettre à genoux.

Et puis, il y a cette face B. Deux morceaux, deux pépites intemporelles à placer au sommet du panthéon du hard rock. "Stargazer", à la fois agressif et éthéré, presque onirique parfois, est une pièce d'une richesse exaltante, mid-tempo soutenu par la participation utile de l'Orchestre Philarmonique de Munich. Un classique, à la fois épique et envoûtant, que complète parfaitement le plus rugueux et énergique "A Light in the Black", sur lequel Ritchie Blackmore est partout. Sur les couplets, la guitare dégage une intensité qui est réhaussée sur le refrain par l'interprétation fluide et opératique d'un Ronnie James Dio qui est ici au sommet de son talent d'interprète. Une face B qui, naturellement, éclipse totalement tout ce qui la précède. L'ensemble, bien que dénué de la poésie délicate du premier album de RAINBOW, constitue un album puissant et très audacieux, à ranger dans le haut du panier de la discographie de RAINBOW.