Un peu en deçà du niveau de ses deux prédécesseurs, ce troisième album de RAINBOW est plus ambivalent et polarisant que ces derniers. "Long Live Rock'n'Roll" propose, c'est une évidence, plusieurs titres à classer parmi les meilleurs dans le répertoire du groupe. Porté par une envie de concision et d'efficacité, Blackmore et Dio nous offrent ainsi en guise d'ouverture le morceau qui, donnant son nom à l'album, place la barre à une hauteur insensée. Un morceau très structuré, flamboyant, qui voit le charisme vocal du chanteur compléter ces guitares dont la ferveur suscite une immédiate adhésion. Parmi les autres grands moments, citons évidemment l'épique "Gates of Babylon" et ses sonorités orientales, qui poursuit les ambiances et les intentions déployées sur un titre tel que "Stargazer". "Kill The King", orgie de guitares sur lesquelles le chant saccadé de Ronnie James Dio avec force et puissance, fait partie de ces pépites qui allaient donner naissance au genre heavy metal. Un titre à la rythmique rapide et enivrante, dont le solo est sans aucun doute un des meilleurs de Blackmore. Et puis, il y a "Rainbow Eyes", cette formidable ballade qui clôture l'album avec une poésie éthérée, une délicatesse teintée de nostalgie et de tristesse, qui dégage une émotion particulièrement forte. Agrémentée d'une flûte comme une caresse, cette chanson portée par un Ronnie James Dio tout en retenue est une véritable pépite dans le répertoire du groupe, et une des meilleures ballades de tous les temps.

A côté de ces chefs-d'oeuvre, le reste de l'album nous semble presque "laborieux". Pourtant, il y a de quoi se réjouir à l'écoute de "Lady of the Lake", titre hard rock porté par un riff agressif, de "L.A. Connection", qui apporte une saveur rock'n'roll à l'album malgré une rythmique un poil lourde. Il n'y a guère que "Sensitive To Light" et "The Shed" qui nous semblent un poil inaboutis, ou en tout cas ne bénéficient pas de la même aura intemporelle qui a fait passer les morceaux précités à la postérité. Chant du cygne pour Ronnie James Dio, Long Live Rock'n'Roll marque la fin d'une période particulièrement créatrice et riche pour la formation de Ritchie Blackmore, qui dès l'année suivante fera face à de nouveaux défis et s'engagera dans un virage artistique qui laissera quelques traces. Le dernier album indispensable du groupe ?