Quand on se permet une pochette comme celle-ci, aussi grandiose, épique, sublime, il y a intérêt à ce que la musique suive, sinon la chute est d’autant plus dure. Avec Powerslave, relevant royalement le défi, IRON MAIDEN entre dans une nouvelle dimension, celle d’un groupe énorme et majeur qui va dès lors sillonner la planète avec un show grandiose, le 'World Slavery Tour' pour un total de 187 concerts joués en un an qui donneront bien entendu naissance au fabuleux Live After Death.

Revenons à notre disque et à son contenu : le groupe est à son apogée tant il porte la maîtrise de son art à un point de perfection inégalé. "Aces High", suivie de "Two minutes to midnight", est la meilleure ouverture d’album de l’histoire du métal, avec la dynamique incroyable du premier et le riff simple et parfait du second.
"Powerslave" est un titre de Bruce qui laisse pantois tant il est sublime, avec son intro intrigante, son riff à tonalité égyptienne et son refrain majestueux, sans parler du break qui tue et des paroles superbes et profondes.
"Rime of the Ancient Mariner", et ses presque 14’, est le titre épique ultime, celui après lequel rien ne sera plus jamais comme avant. Le travail de Steve sur l’adaptation du poème romantique de Samuel Taylor Coleridge et sur sa mise en musique est phénoménal. Tout est réussi et le groupe joue mieux que jamais sur les longs passages instrumentaux plus inspirés les uns que les autres. Et ce n’est pas tout ! "The Duellist" est un morceau canon, un peu le jumeau de "Where Eagles Dare" de l’album précédent, et doté d’un long et somptueux duel de guitares en partie centrale.
"Losfer Words" est une bonne claque instrumentale signée et drivée à la basse par le boss Harris, alors que "Flash of the Blade" est un morceau que j’adore avec ses guitares tranchantes en intro et son refrain canon.
Reste le titre le plus faible de l’album (j’en ris) "Back in the Village" qui reprend le thème de la série Le Prisonnier dans une speederie métal d’école. Seul le refrain est un tout petit peu en retrait, mais ce morceau serait le meilleur de tellement d’albums d'autres groupes.

Donc, pas la peine de vous faire un dessin (Derek Riggs s’en est chargé avec brio) : on tient l’acmé de la carrière d’IRON MAIDEN, et peut-être même du métal tout court. Les compositions sont époustouflantes, mention spéciale à Steve qui réalise un sans-faute et à Bruce qui se hisse au même niveau sur ses 2 titres composés seul. Les parties de guitare et les solos de Dave et Adrian sont plus inspirés que jamais, alors que la section rythmique Nico/Steve fonctionne à plein régime et emporte tout sur son passage. Quant au chant de Bruce, il est d’une puissance et d’une justesse inégalées.
Le groupe sortira épuisé de sa gigantesque tournée, mais saura rebondir, se renouveler et démontrer qu’il n’avait pas encore tout dit dans ce sublime album. Chapeau bas.