Après Balls to the Wall au succès considérable mais qui n’avait pas totalement rempli son rôle de 'Masterpiece' pour ACCEPT, c’est peu dire que l’attente était énorme à l'annonce de la sortie de Metal Heart.

Et la claque tant attendue fut bien au rendez-vous avec un premier titre absolument dantesque, un chef-d’œuvre introduit par une reprise de "La marche slave" de Tchaïkovsky, poursuivi par un riff et des couplets dantesques, un refrain immortel et un des plus grands solos de guitare du métal, avec la fameuse reprise de "La lettre à Elise" de Ludwig Von BEETHOVEN. Un must de l’histoire du heavy-metal sans hésitation !
Après un tel titre, difficile d’enchaîner, et le mérite d’ACCEPT ne fut pas moindre de parvenir à maintenir l’attention et l’intérêt de son auditoire tout au long des 9 autres titres de l’opus, même si évidemment aucun ne réédite la perfection du premier. Disons que pour la première fois, ACCEPT affiche ses ambitions outre atlantistes avec notamment "Midnight Mover" et "Screaming For a Love Bite" aux accents ouvertement FM, titres pleins de qualités et de maîtrise (notamment les interventions parfaites de Wolf Hoffman) mais, de mon point de vue, pas totalement achevés.
Une autre flopée de morceaux évoque sans ambiguïté AC/DC : "Too Hard to Get It Right", "Living For Tonite" et "Dogs On Lead". Les deux derniers sont remarquables, le troisième évoquant irrésistiblement "Sin City" jusque dans un break magistral; le chant d’UDO y fait également des merveilles, sans parler de la guitare de Wolf.
"Up to the Limit" est un titre bien métal et énervé, avec une belle communion entre le texte et la musique, alors que "Wrong Is Right" et "Bound to Fail" sont également de belles réussites dans un registre également heavy.
Il nous reste l’improbable "Teach Us to Survive" au texte naïf mais touchant et aux accents ouvertement Jazz avec ses mesures impaires, son jeu sur les cymbales et sa basse galopante. Que dire une nouvelle fois du solo formidable de Wolf ? C’est un titre qui ne plaît pas forcément à tout le monde, mais que j’adore.

Cet album est probablement le plus accompli d’ACCEPT, mais il posait déjà à l'époque des questions essentielles sur le futur du groupe et le style à adopter. Il semblait improbable qu’un chanteur aussi marqué métal qu'Udo puisse autoriser ACCEPT à ambitionner un succès aux USA, mais quel intérêt pouvait avoir le groupe sans son lutin hargneux et génial ? L’avenir montra que, l’équation n’ayant pas de solution, les Allemands furent contraints de changer de formule (et de division), non sans un dernier (superbe) baroud d’honneur.
En attendant, difficile de ne pas mettre la note maximale à Metal Heart, imparfait certes, mais dont le premier titre (notamment) nous a tellement émerveillés.