Le retour des géants allemands du Metal lourd doit se confirmer après un [i)Blood Of The Nations exemplaire. On prend les mêmes et on recommence ! Premier constat : la seconde guerre mondiale transpire partout sur cet album. On sait que les Allemands ont été élevés dans la culpabilité pendant les premières décennies qui la suivirent, c'est le cas des membres d'ACCEPT qui vont ici aborder de nombreux sujets difficiles pour la postérité. L'âge avance mais, parmi les monstres des eighties, on peut affirmer que le groupe reste parmi les plus en forme. Nous voici donc réunis pour le treizième opus de nos teutons préférés.

"Stalingrad" est le parfait hymne pour illustrer la violence et l'horreur de la bataille qui décida du sort de la seconde guerre mondiale en Russie, sur les bords de la Volga. Les élans de Wolf y sont superbes, aussi simples soient-ils. Le solo reprend en outre le thème de l'hymne russe. Lui seul sait le faire avec cette emphase sans tomber dans les poncifs. Bravo ! La jolie vidéo montre la violence des combats, l'histoire est certes belle à raconter mais la réalité, la souffrance et la mort n'ont rien de bien honorable au final. Je préfère visualiser cette belle chanson pour en tirer des enseignements finalement. Tout ça pour la possession du pétrole de la Caspienne. C'est grotesque ! Mais cette composition est un must.

Deux autres morceaux me semblent d'un niveau supérieur : une très belle chanson en mode cavalcade intitulée "Shadows Soldiers" évoque les cimetières américains où reposent les 'héros de la liberté'. La rythmique de Wolf y est typique, aisément identifiable, vraiment sympa. J'ajoute que seul Wolf sait composer comme cela, je n'en connais pas d'autres. Sur un sujet d'actualité plus récent – les attentats du 11 Septembre - mais avec la même référence au mythe américain, "Never Forget" est magnifique de vélocité, une petite merveille de métal classique ! Rythmiques et licks de gratte sont au summum de leur implication, quel talent ! J'espère que Wolf aura un jour droit à la reconnaissance qu'il mérite ailleurs qu'en Allemagne. Ce titre, une vraie tuerie, rivalise avec les meilleures compos du groupe.

On aperçoit des étoiles jaunes sur la vidéo de "Twist Of Fate". Décidément, on aime assumer les erreurs du passé en deutschland. L'ensemble, de belle allure, rappelle certains thèmes proches de l'ambiance rythmique de TANK. "Hellfire", qui décrit l'inconcevable destruction de Dresde par l'aviation américaine, est plus standard, mais bien pêchu tout de même. Plus surprenant comme sujet, la speed "Flash To Bang Time" raconte les sentiments lors d'une explosion nucléaire. Les Allemands ont certes joué le mauvais rôle en 40, mais les Américains ne sont pas exempts de reproches non plus entre Dresde et Hiroshima par exemple.

Les choeurs débutent joliment sur "Revolution", mais on ne retient que le puissant refrain ainsi que celui de "Against The World" de très belle facture aussi. Le thème de la peine de mort revient avec "Hung Drawn And Quartened" qui évoque un supplice. Le rythme évoque IRON MAIDEN, la puissance teutonne en plus, c'est donc vraiment chouette. Tornillo, très efficace, braille comme Udo avec bien plus de capacités vocales au total, tout comme les twins guitar de Wolf et Herman lors du solo. Cet album entre aussi dans l'analyse de la souffrance à de multiples égards. Ainsi, "The Galley" décrit le quotidien des esclaves galériens, une belle composition où Mark tire remarquablement les marrons du feu. On y entend comme souvent l'effet cithare.

C'est rare, mais je pense que ACCEPT est meilleur maintenant comme jamais auparavant. Voilà qui est à méditer sur la jeunesse triomphante ! Difficile d'éviter l'enthousiasme sur chacune des interventions de Wolfie à une époque où la guitare a quasiment disparu des écrans radars du Heavy Metal. En voilà un qui tient son rang avec la plus grande constance ! Il faut se rendre à l'évidence et assumer le fait qu'ACCCEPT est définitivement au meilleur de sa forme. Voilà un album sans points faibles. Bien sûr, nos camarades germains ne révolutionnent pas le métal pour autant, mais nous sommes clairement au sommet du genre en ces années 2010'.