Ex Libris amorce une grosse baisse qualitative des albums de Nino FERRER qui entame une descente aux enfers dans les années 80, même si déjà l'inutile La Carmencita annonçait cette baisse de régime en 1980, après les si créatives années 70 !

Mine de rien, entre 1972 et 1979, Nino FERRER avait aligné 6 excellents albums à la suite : Métronomie, Nino Ferrer And Leggs, Nino And Radiah, Suite En Oeuf, Veritables Variete Verdatres et, bien sûr, Blanat. N'en jetez plus, c'était vraiment trop de bonheur musical !
Nino FERRER ne s'est jamais remis de l'absence de succès de ces albums (hormis les tubes "Le Sud" et "La Maison Près De La Fontaine"), alors, durant les années 80, il n'en a plus rien à foutre. Et la qualité musicale s'en ressent fortement. Il s'ennuie sur "Riz Complet", et nous avec lui ! Le tempo faussement bluesy de "Semiramis" annonce une série de chansons terriblement soporifiques, comme il y en aura pléthore sur l'album suivant, le médiocre Rock'n'Roll Cowboy. Même remarque pour le blasé "Barberine" et l'infecte "Rondeau" avec ses synthés horripilants.

Mais Ex Libris contient aussi de bonnes choses, la créativité de Nino FERRER n'ayant pas complètement disparu : les mélodies et chœurs sont toujours présents sur les tristes "Télé Libre" (beau solo de saxophone en prime) et "Claire". La production est encore valable, basse et batterie sonnant 'années 70'. En revanche, les claviers sont, à n'en pas douter, ceux des années 80. Terminé les orgues Hammond qui, pourtant, faisaient partie intégrante de l'identité musicale de Nino FERRER, aussi bien dans les années 60 que 70. C'est surtout l'épique "Un Mot Qui Tue" (avec "Toccatina" qui reprend le même thème musical) qui le montre le plus expressif, avec ses chœurs majestueux, ses synthés utilisés à bon escient et ses légères guitares, discrètes et subtiles. Dommage qu'il n'ait pas davantage persévéré dans cette direction musicale, Ex Libris n'en aurait été que meilleur.

"Micky Micky" rend un bel hommage au guitariste talentueux Micky Finn. Notons qu'il s'agit du seul titre rock, du seul titre entraînant et humoristique de l'album. Eh oui, le rock a quasiment disparu, et c'est bien dommage ! C'est bien cela le problème de ce disque, le manque de rythme ! Pour un chanteur qui s'était fait connaître dans les années 60 avec des succès inoubliables, joyeux, dynamiques, rigolos et enjoués, le contraste est rude... trop rude ! Pas étonnant que le public n'ait jamais suivi !
Pour terminer, j'ajoute que je partage en tout point les évaluations d'Erwin concernant les albums La Carmencita, Ex Libris et Rock'n'Roll Cowboy, rien à ajouter.