Trois ans après Brave New World, l’album de la résurrection, et après une tournée triomphale ponctuée par l’excellent Rock In Rio (la surabondance de Live ne nous guettait pas encore à l’époque), IRON MAIDEN revient avec ce Dance of Death objet de multiples débats.

Evacuons d’emblée la question de la pochette, clairement ratée. Le concept aurait pourtant pu être cool, une référence aux danses macabres du 15ème siècle mâtinée de masques de carnaval d’époque et d’éléments de folklore associés à la mort. Finalement, tout fait flop, la réalisation calamiteuse, comme le lien avec le morceau titre qui se situe en Floride dans le parc des Everglades et évoque vraisemblablement une cérémonie vaudou (le thème rappelle d’ailleurs furieusement celui du morceau "Black Sabbath").
Sur le contenu de l’album, je me heurte à un paradoxe : il contient beaucoup d’éléments très intéressants, mais la vision globale que j’en ai a toujours été mitigée, un peu comme si, pour la première fois chez les Anglais, le tout était inférieur à la somme des parties. En effet, plusieurs morceaux méritent vraiment notre attention, certains sont même audacieux, je pense notamment aux deux titres composés par la paire Smith-Harris. "Paschendale" regorge d’innovations, grâce notamment à une belle ampleur orchestrale, alors que "Age of Innocence" a des caractéristiques vraiment progressives (qualificatif trop souvent accolé indument à certains titres de MAIDEN). A ces réussites, vient s’ajouter "Montsegur" au son bien plombé évocateur des belles heures de "Piece of Mind" et au texte parfaitement troussé. Il faut bien entendu évoquer également "Journeyman", première en accoustique depuis "Prodigal Son" et dont la réussite repose sur le chant de Bruce et sur une grande qualité de composition. J’aime bien également "Dance of Death" avec son break celtique (même si l’image de Janick dansant la gigue sur scène en interprétant ce passage me coupe un peu mes effets) ainsi que "Wildest Dream", intro bien pêchue aussi bonne que "Wicker Man" sur l’album précédent, et "Rainmaker" aux refrain et solos très réussis.
Dans le rayon un peu moins bon mais pas mal du tout quand même, on trouve "No More Lies" (trop de répétitions), "New Frontier", premier (et dernier à ce jour) morceau de Nicko pour le groupe, et "Face in The Sand" avec sa lente et longue montée à la grosse caisse.
Il nous reste "Gates of Tomorrow", morceau banal et doté du moins bon solo de l’album.
Précisons en outre que la production est excellente, plus mordante que celle de Brave New World, et que le tout est parfaitement interprété : chant de Bruce au top, rythmique Steve–Nicko totalement retrouvée après les errances des 90’S, et excellents solos de guitare avec un léger bémol pour Janick qui se laisse parfois aller à empiler les notes rapides sans soucis d’harmonie.
La réserve sur l’album vient dès lors probablement d’un léger manque de surprise, de certaines répétitions un peu lassantes, du manque d’un titre qui tue réellement et surtout d’une longueur excessive. C’est un défaut que le groupe ne parviendra plus à corriger et qui le pénalise car l'oblige à délivrer un contenu sans cesse passionnant pour maintenir l’intérêt de l’auditeur sur la durée.

En conclusion, "Dance of Death" est un bon album auquel il ne manque pas grand-chose pour être excellent.